On le sait, l’Union européenne veut rendre l’industrie automobile plus propre, en interdisant notamment la vente de voitures thermiques neuves à partir de l’année 2035. Elle a également dévoilé une série de mesures contre les constructeurs chinois, en plus d’augmenter les droits de douanes pour ces derniers.
Un paradoxe économique
Mais ce n’est pas tout. Et pour cause, il existe également de nombreux fonds d’investissements dits « durables », aussi connus sous le nom d’ESG (environnement, social et gouvernance). Ces derniers sont conçus pour soutenir les entreprises qui font des efforts dans la protection de l’environnement, de quelque manière que ce soit. Sur le papier, tout cela est évidemment très louable, mais dans les faits, tout n’est pas aussi rose, bien au contraire. C’est ce que révèle une récente étude publiée par Voxeurop, qui pointe du doigt de nombreuses dérives.
Selon l’article, ce ne sont pas moins de 87 milliards de dollars qui auraient été investis dans 200 entreprises au total, dont une majorité feraient en fait partie des plus polluantes dans le monde. Elles sont issues de divers secteurs, tels que la production d’énergie, la mode, mais surtout l’automobile, sans parler de l’agriculture intensive. Ces dernières représenteraient environ 60 à 70 % des émissions de CO2 de la planète. De plus, ces sociétés seraient responsables de 77 % des émissions de l’ensemble des entreprises cotées dans leurs secteurs respectifs.
En regardant le top 10 des sociétés qui ont reçu le plus de fonds issus des grandes banques européennes, nous retrouvons en première position TotalEnergies, avec pas moins de 10,1 milliards de dollars. Et ce alors que la firme a rejeté environ 438,7 millions de tonnes de CO2. En seconde position, c’est un autre groupe pétrolier que nous retrouvons, puisqu’il s’agit de Shell, qui a reçu 6,12 milliards de dollars de divers fonds d’investissements. Un chiffre à mettre en regard avec les 1,4 milliard de tonnes de gaz à effet de serre rejetés.
Il faut ensuite descendre à la 4ème place pour retrouver le premier constructeur automobile du classement. Il s’agit du groupe Stellantis, créé en 2021 et qui possède notamment les marques Peugeot, Citroën, Jeep ou encore Alfa Romeo. Ce dernier a reçu pas moins de 5 milliards de dollars d’investissements, en ayant en parallèle rejeté 246,7 millions de tonnes de gaz polluants dans l’atmosphère. La firme franco-italienne est suivie par Mercedes, avec 3,9 milliards de dollars et 109,3 millions de tonnes de CO2.
Il y a encore du travail…
Malgré ses 154,3 millions de tonnes de gaz polluants rejetés, l’équipementier français Michelin a reçu pas moins de 3,15 milliards de dollars de la part des fonds d’investissements. Parmi eux, nous retrouvons notamment Asset Management One International Ltd, Banque Populaire de Sondrio ainsi que la Banque Berenberg pour ne citer qu’eux. À la 10ème place des entreprises qui ont le plus bénéficié des fonds « vers », nous retrouvons enfin Toyota, avec 2,9 milliards de dollars.
Or, la firme a rejeté pas moins de 422,3 millions de tonnes de GES (gaz à effet de serre), mais ce n’est pas tout. Un article de l’ONG Transport & Environment souligne que le constructeur affiche une part de marché de seulement 2 % pour ses voitures électriques. Et ce alors que ce dernier ne croit que très peu à cette motorisation, bien qu’il commence à vouloir développer sa gamme afin d’épauler le bZ4X. Mais l’entreprise nippone n’est pas la seule dans ce cas là, et on peut également se pencher sur Stellantis.
Selon T&E, le groupe européen affiche une part de marché de seulement 7 % pour ses voitures électriques, même si la gamme est en train de s’étoffer. Cela grâce notamment à l’arrivée de la nouvelle Citroën ë-C3 qui nous a convaincue, ainsi que de la nouvelle Lancia Ypsilon, que nous avons également pu tester.
Mais en ce qui concerne les investissements, les choses pourraient changer. En effet, un ensemble de lignes directrices a été adopté par l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA), afin de réduire les investissements vers des entreprises qui ne les mériteraient pas.
Si les abus sont souvent restés impunis en Europe, les États-Unis sont quant à eux bien plus stricts sur le sujet, puisque l’organisme de surveillance financière américain avait condamné la Deutsche Bank à verser une amende de 25 millions de dollars. Sur le Vieux Continent, le suivi de la décarbonation des entreprises ayant bénéficié des fonds est encore incomplet, laissant la place à des dérives dénoncées, mais pas encore véritablement traitées à la racine.
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