
Les véhicules électriques chinois peuvent-ils être éteints à distance ? Le Royaume-Uni se pose sérieusement la question. Le gouvernement britannique a lancé une enquête sur environ 700 bus électriques fabriqués par Yutong, le plus grand constructeur de bus au monde comme le relaye le Financial Times.
Ces véhicules circulent actuellement à Nottingham, dans le sud du Pays de Galles et à Glasgow, opérés par des groupes comme Stagecoach et FirstBus. Le Centre national de cybersécurité britannique (NCSC) s’est joint à l’investigation pour vérifier si ces bus peuvent effectivement être désactivés depuis la Chine.
Les Norvégiens ont découvert le pot aux roses
L’affaire démarre en Norvège. Durant l’été 2025, Ruter, l’opérateur de transports publics d’Oslo, a décidé de tester des bus électriques dans une mine souterraine pour vérifier leur sécurité. Les résultats ont de quoi inquiéter : Yutong dispose bel et bien d’un accès à distance aux systèmes critiques des véhicules, y compris au système de gestion de la batterie et de l’alimentation électrique.
Le rapport de Ruter est sans ambiguïté : « En théorie, le bus pourrait donc être arrêté ou rendu inutilisable par le fabricant« . Cette capacité d’intervention passe par des cartes SIM installées dans les véhicules, permettant au constructeur chinois de réaliser des mises à jour logicielles et des diagnostics à distance.

La Norvège compte environ 1 350 bus électriques chinois sur ses routes, dont 850 de marque Yutong. Suite à cette découverte, le Danemark a lui aussi lancé sa propre enquête.
Le problème va bien au-delà des bus
Cette histoire de bus électriques soulève des questions beaucoup plus larges. Les voitures électriques chinoises connaissent une croissance explosive en Europe : elles représentent 7,4 % du marché automobile européen en septembre 2025, contre seulement 3,3 % un an auparavant.
On parle de marques comme BYD, MG ou NIO, qui proposent toutes des véhicules bourrés de capteurs, caméras, GPS et systèmes de mise à jour à distance.

Rafe Pilling, directeur du renseignement sur les menaces chez Secureworks, va droit au but : « un véhicule moderne peut être détourné en plateforme de surveillance« . D’ailleurs, plusieurs sites militaires britanniques refusent déjà l’accès aux véhicules contenant des composants chinois, justement à cause de leur connectivité. Joseph Jarnecki, du Royal United Services Institute, avertit qu’il suffit de connecter son téléphone professionnel à une voiture personnelle pour potentiellement exposer des données sensibles.
Un scénario déjà vu avec les panneaux solaires
Cette affaire rappelle une autre alerte récente. En juin 2025, un rapport de SolarPower Europe réalisé par le cabinet norvégien DNV a révélé que les onduleurs de panneaux solaires chinois présentent des failles de cybersécurité majeures. Le géant chinois Huawei domine ce marché avec 114 gigawatts de capacité d’onduleurs installés en Europe, suivi par Sungrow avec 50 gigawatts.

L’étude est claire : il suffirait de neutraliser 3 gigawatts d’onduleurs pour déstabiliser l’ensemble du réseau électrique européen. Comme pour les bus, ces onduleurs connectés à Internet peuvent cacher des dispositifs de communication et des portes dérobées logicielles. Avec 70 % des installations désormais connectées et deux tiers situées sur des bâtiments résidentiels, le risque d’attaques coordonnées devient bien réel.
Que répond Yutong ?
Le constructeur chinois s’est défendu en affirmant qu’il « respecte strictement les lois, réglementations et normes industrielles applicables dans les pays où ses véhicules circulent« . Yutong précise que les données collectées servent « uniquement pour la maintenance, l’optimisation et l’amélioration des véhicules afin de répondre aux besoins du service après-vente des clients« .
L’entreprise ajoute que ces données sont « protégées par un cryptage de stockage et des mesures de contrôle d’accès« , et que personne ne peut y accéder sans l’autorisation du client. Yutong affirme respecter le RGPD, le règlement européen sur la protection des données.
Un contexte géopolitique délicat
Ces préoccupations arrivent dans un climat tendu entre l’Occident et la Chine. Euan Stainbank, député travailliste britannique de Falkirk, estime qu’il devient « de plus en plus clair que le nombre de bus électriques fabriqués en Chine sur les routes britanniques pourrait représenter un risque de sécurité nationale« .
La dépendance européenne aux technologies chinoises dans les infrastructures critiques pose question. Les constructeurs chinois ont vendu 90 571 véhicules en Europe en septembre 2025, soit une hausse de 149 % en un an. BYD, deuxième constructeur chinois sur le marché européen, a même vu ses ventes bondir de 434 % sur cette période avec 24 336 unités écoulées, grâce aux hybrides rechargeables notamment.
Des solutions existent
Face à ces vulnérabilités, des solutions techniques sont possibles. Ruter a découvert qu’on peut conserver un contrôle local sur les bus Yutong en retirant simplement leur carte SIM, puisque toute la connectivité passe par ce composant. Une solution basique mais efficace en attendant des mesures plus structurelles.
Movia, la plus grande entreprise de transport public danoise, rappelle que cette problématique ne concerne pas uniquement les bus chinois. De nombreux véhicules électriques, y compris ceux fabriqués dans les pays occidentaux, disposent de capacités de mise à jour logicielle à distance. La différence se situe au niveau de la confiance accordée aux différents fabricants et des cadres réglementaires de protection des données.
Du côté de Londres, Transport for London précise qu’aucun de ses opérateurs n’utilise de bus Yutong ni n’en a commandé, soulignant que « tous les bus entrant en service à Londres doivent répondre à nos exigences techniques robustes, y compris des tests rigoureux« .
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