
BYD, Xpeng, MG ou encore Nio. Autant de noms aujourd’hui bien connus chez nous, mais qui ne disaient rien à personne il y a quelques années seulement. Et pour cause, les marques chinoises font aujourd’hui partie intégrante du paysage automobile européen. Ce n’est cependant pas une surprise, car de nombreux experts avaient déjà tiré la sonnette d’alarme.
Une stratégie fondée sur la réactivité
Ces derniers craignaient que le Vieux Continent ne devienne plus qu’un simple importateur de voitures venues de l’Empire du Milieu. Et à vrai dire, ces prédictions sont peu à peu en train de se réaliser. Les autos chinoises prennent de plus en plus d’importance chez nous, comme l’avait confirmé le cabinet Jato, spécialisé dans les données automobiles. Ainsi, sur 194 300 véhicules électriques vendus en juin 2025 en Europe, 65 808 l’ont été par des constructeurs chinois.
Et ce n’est pas terminé, car BYD est récemment devenu le leader mondial de la voiture électrique, alors qu’il avait aussi dépassé Tesla en Europe au mois d’avril. Mais quel est le secret des marques venues de l’Empire du Milieu pour envahir aussi rapidement le marché ? En fait, il y en a même plusieurs, comme nous l’explique le site Automotive News China. La première réside dans la capacité d’adaptation des marques chinoises, comme l’avait relevé Riccardo Tonelli, expert senior en dynamique des véhicules chez Chery.

Ce dernier donne l’exemple de l’Omoda 5, qui avait au départ été conçu pour les routes lisses et peu rapides de la Chine. Or, ce n’est pas du tout la même chose en Europe, où les roues sont bosselées et sinueuses. Seulement six semaines plus tard, le SUV avait été retravaillé pour notre marché, avec une nouvelle direction, des freins et des pneus revus. Selon Tonelli, « on peut oublier de faire quelque chose d’aussi rapide avec un constructeur automobile européen ».
Car chez nos marques, il faut environ un an pour mettre en place de tels changements sur une voiture. En fait, si les marques européennes considèrent le lancement d’une voiture comme la fin de son développement, c’est tout l’inverse en Chine. Ce qui explique pourquoi les autos sont régulièrement mises à jour après leur commercialisation, comme l’indique Reuters. Mais la différence réside aussi dans le temps de conception des autos. Celui-ci est en moyenne de 5,4 ans en Europe contre 1,6 an en Chine.
Toujours plus vite


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Et cette rapidité se traduit par de plus nombreux lancements que les autres constructeurs, et pas seulement européens. Par exemple, depuis le lancement en 2020 de la Tesla Model Y, BYD a quant à lui commercialisé 40 nouvelles autos et pas moins de 139 évolutions de modèles déjà existants. De leur côté, les marques traditionnelles proposent en moyenne un restylage tous les cinq ans. Mais cette rapidité, on la doit aussi à la forte masse salariale des entreprises basées en Chine.
BYD emploie près d’un million de personnes, dont plus de 110 000 ingénieurs. Ce qui lui permet de déposer plus de 30 brevets par jour. De plus, la firme fabrique la plupart de ses pièces elle-même, ce qui permet de ne pas dépendre de fournisseurs externes et d’éviter le risque de pénurie. Cependant, il faut aussi connaître le revers de la médaille. Les employés travaillent généralement 12 heures par jour, six jours par semaine. Ils vivent sur place et tout est pris en charge par leur employeur.

Toute leur vie est dédiée à leur entreprise, ce qui permet à ces dernières de connaître leur succès actuel. Résultat, BYD et Chery ont fait grimper leurs ventes mondiales d’environ 40 %, quand Honda, GM et Nissan ont immatriculé entre 9,4 à 6,4 millions de moins par an. En parallèle, les cinq premiers constructeurs automobiles chinois actuels ont vu leurs ventes plus que doubler. Elles sont passées de 4,6 millions de véhicules en 2020 à 9,5 millions en 2024.
Cela, on le doit notamment à des tarifs particulièrement agressifs, grâce entre autres à une conception simplifiée. Les marques chinoises mutualisent souvent leurs plateformes, qu’ils déclinent pour de nombreux modèles. De plus, ils conçoivent moins de prototypes, ce qui réduit les coûts de développement. Ils font en revanche plus souvent appel à l’IA, qui coûte là encore moins cher. Ce qui leur permet de ne pas trop souffrir des droits de douane mis en place par l’Union Européenne.
Des survivants très puissants
Cependant, ce marché est également très compétitif. On compte en effet plus de 150 marques automobiles en Chine, mais seulement 2 sont réellement rentables. Car l’offre étant supérieure à la demande, les constructeurs automobiles baissent les prix. Et forcément, ils rognent sur leurs bénéfices, en espérant envahir le marché. Selon Brian Gu, président de Xpeng, « Les survivants seront extrêmement puissants. Mais c’est un processus très cruel et compétitif ». Si la guerre des prix avait été lancée par Tesla, ce sont les constructeurs chinois qui la dominent désormais.
Phil Dunne, directeur général de Stax Consulting, explique que « les constructeurs automobiles traditionnels ne peuvent pas rivaliser sur les prix, car les Chinois sont toujours gagnants ». Cependant, certaines marques comme Toyota se méfient. Car si les entreprises de l’Empire du Milieu mettent moins de temps à concevoir leurs autos et qu’elles sont moins chères, il y a surement un loup. Certains ingénieurs expriment notamment leur méfiance sur la fiabilité de ces véhicules. Mais si ces derniers sortent plus vite, c’est aussi pour une autre raison.

En effet, il faut savoir que les constructeurs traditionnels travaillent de manière linéaire pour ce qui est de la production. En revanche, les marques chinoises déploient des équipes en parallèle. Ce qui permet d’accélérer l’assemblage en usine. Et ne dites pas que les autos asiatiques sont moins sûres, car les crash-tests EuroNCAP contredisent régulièrement cette croyance. Cela même si les process sont moins stricts que chez d’autres marques, comme Volkswagen.
Un ingénieur de Zeekr ayant travaillé avec le constructeur allemand raconte que de simples modifications du système de navigation ont nécessité 75 000 kilomètres de tests. De plus, si les Chinois inondent le marché avec des voitures électriques, ils misent aussi beaucoup sur les modèles hybrides et à prolongateur d’autonomie. De quoi offrir de nombreuses alternatives pour tous les conducteurs et tous les budgets, et inonder encore plus facilement le marché.
Une ouverture sur l’Europe
Désormais, de nombreux constructeurs chinois misent sur l’Europe. C’est le cas de BYD, qui va ouvrir plusieurs usines ainsi qu’un centre de R&D en Hongrie. Mais d’autres produisent aussi leurs autos chez nous, comme Leapmotor. Le but ? Échapper aux droits de douane. On pense aussi à Chery, qui va avoir son propre site de production en Espagne. Son directeur général pour le continent, Jochen Tueting explique que « Chery est un fabricant de masse. Nous voulons donc nous développer en Europe ».
Et il pourrait y faire des ravages, grâce à sa capacité d’adaptation très rapide. À tel point que la marque pourrait même récréer une voiture de zéro si elle ne plaisait pas aux clients. Et cela en moins de deux ans selon un ingénieur. Une rapidité qui a donné des idées à Volkswagen, qui veut désormais profiter du savoir-faire de Xpeng, devenu son partenaire dans le cadre d’une co-entreprise.

Même chose entre Audi et IM Motors, sans oublier Stellantis avec Leapmotor. Un étonnant revirement de situation quand on se souvient que ce sont les constructeurs chinois qui copiaient les Européens il y a moins de dix ans. Aujourd’hui, les choses ont bien changé, et l’Europe semble avoir du mal à suivre la cadence. Les sanctions ne sont pas suffisantes pour freiner les ardeurs des marques venues de l’Empire du Milieu, qui en ont encore visiblement sous le pied.
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