
Alors. Il fallait s’y attendre. Après des mois à courir derrière OpenAI et Anthropic, Google vient de lâcher Gemini 3 et sa version Pro dans la nature. Et cette fois, pas question de présenter des démos truquées comme l’an dernier. Le modèle est là, accessible, notamment via Google AI Studio, et il promet de tout changer avec un concept un peu nébuleux : le « Vibe Coding ».
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L’idée ? Coder au feeling. Vous ne parlez pas technique, vous parlez ambiance, fonctionnalités, besoins. N’étant ni développeur professionnel ni designer, j’ai voulu vérifier si cette promesse tenait la route sur deux projets concrets : un jeu vidéo et un site web pro réel.
Et croyez-moi, ce que j’ai vu est plutôt convaincant.
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Premier crash test : le RTS Tower Defense
Pour commencer, j’ai voulu pousser le bouchon. Pas un simple script « Hello World », mais un jeu. J’ai ouvert Gemini 3 Pro et j’ai demandé de créer un petit jeu de stratégie en temps réel (RTS), orienté Tower Defense. Sur le papier, c’est complexe : il faut gérer des vagues d’ennemis, des ressources, des placements de tourelles et des conditions de victoire.

La rapidité d’exécution est déconcertante. En environ 5 minutes, Gemini m’a pondu une série de fichiers. J’ai lancé le truc dans mon navigateur. Ça tournait. J’avais mes ennemis (des formes géométriques simples au début), mes tours et mon système de points de vie.

Mais c’est là que le « Vibe Coding » prend tout son sens. Ce n’était pas assez « fun ». J’ai utilisé la fonction d’annotation visuelle pour entourer mes tours et dire : « Fais-les tirer des lasers verts plus rapides ». Puis j’ai demandé d’ajouter un système d’amélioration des tours avec l’or gagné. Gemini 3 n’a pas juste collé du code, il a restructuré la logique du jeu pour intégrer ces mécaniques.

Le résultat ? Un mini-jeu addictif, codé par quelqu’un (moi) qui aurait mis trois semaines à apprendre les bases du JavaScript pour faire la même chose. C’est intuitif, c’est rapide, et vous pouvez tester.

Le cas concret : « Lola Pâtisserie »
Deuxième test, plus sérieux cette fois. Ma femme avait besoin d’un site vitrine pour son activité, Lola Pâtisserie, de la pâtisserie vegan près de Nantes. Je lui avais déjà fait un site web simple avec Squarespace, du classique mais très fonctionnel.
Je me suis rendu sur AI Studio avec Gemini 3, et j’ai décidé de tout faire de A à Z, design compris.

J’ai commencé par décrire l’ambiance : « Un site élégant, gourmand… ». J’ai même uploadé un croquis moche fait sur un coin de table. Gemini a analysé l’image, compris la structure, et a généré le code.

Mais il manquait les visuels. C’est là que la puissance de l’écosystème frappe. J’ai utilisé le modèle de génération d’image intégré (le fameux Nano Banana) pour générer des photos de gâteaux, de tartes et d’entremets ultra-réalistes pour peupler le site en attendant les vraies photos.

En moins de 20 minutes, j’avais un site responsive, des animations fluides au défilement et une section « Menu » dynamique.

J’ai pu itérer en direct : « Le logo est trop petit », « Change la police pour quelque chose de plus manuscrit ». Le site pour Lola Pâtisserie est sorti de terre comme par magie, vous pouvez le tester ici. Pour un non-designer, le résultat est bluffant de professionnalisme.
Le test : modifier un projet Google
Créer de zéro, c’est bien. Mais dans la vraie vie, on passe notre temps à modifier des choses qui existent déjà. C’est là que j’ai voulu piéger Gemini.
J’ai chargé un projet de démonstration existant, le « Voxel Toy Box » (un éditeur d’objets 3D en pixels). Le code était déjà là, complexe, structuré en plusieurs fichiers TypeScript. Mon défi ? Demander à Gemini d’ajouter un Bugdroid (le robot Android) dans le générateur, sans que je touche au code moi-même.

Regardez la capture d’écran ci-dessus. À gauche, vous voyez le raisonnement de l’IA. Elle ne se contente pas de coller un bout de script. Elle analyse : « Je vais ajouter l’option Bugdroid dans le menu déroulant… Je dois mettre à jour la fonction handleNewScene… Je dois modifier les types acceptés ».
Le résultat ? Un Bugdroid vert en 3D, parfaitement généré, intégré dans l’interface existante. Gemini 3 a compris l’architecture du projet, a trouvé les bons fichiers (utils/voxelGenerators.ts, App.tsx) et a injecté sa logique. Vous pouvez le tester là.
Ce qu’on peut faire d’autre
Au-delà de mes tests, Gemini 3 ouvre des portes assez folles grâce à sa multimodalité native.
L’analyse vidéo longue durée : J’ai vu des tests (et j’ai reproduit l’expérience à plus petite échelle) où l’on donne une vidéo de 40 minutes à l’IA. Par exemple, une séance de sport. Gemini analyse votre posture, compte vos répétitions et vous dit à la minute 12:34 : « Là, ton dos est courbé, attention ». C’est un coach sportif dans votre poche.
Les agents audio natifs : Avec le modèle Gemini 2.5 Flash Native, on peut créer des agents vocaux avec une latence quasi nulle. J’ai simulé un service client. L’IA vous coupe la parole, comprend les « euh… », note les numéros de commande et gère les conflits. C’est la fin des serveurs vocaux interactifs insupportables (« Tapez 1 »).
L’intégration bureautique : C’est l’arme fatale. Vous générez un plan marketing dans Gemini, et en un clic, il exporte les données dans un vrai Google Sheets ou crée une présentation Google Slides complète. C’est ce flux de travail qui fait mal à la concurrence.
Là où ChatGPT me sortirait du texte structuré, Gemini 3 va plus loin. Il a généré le contenu slide par slide, et via l’intégration Google, que l’on peut exporter le tout directement vers Google Slides. En deux clics, vous aurez une présentation visuelle, titrée, avec les points clés, prête à être projetée.
Les limites du modèle
Bon. Maintenant, il faut qu’on parle sérieusement. Est-ce que les développeurs sont au chômage ? Est-ce que je suis devenu un ingénieur logiciel grâce à Gemini ? La réponse est non. Et c’est là que le marketing de Google (et les influenceurs) devient dangereux.
Le premier problème, c’est la maintenabilité. Mon jeu RTS fonctionne, oui. Mais le code généré est un plat de spaghettis. Si je veux changer le moteur physique dans 6 mois ou le porter sur mobile avec une architecture propre, je suis bloqué. Gemini 3 est un monstre pour passer de 0 à 1 (le prototype). Mais pour passer de 1 à 100 (le produit industriel maintenable), il montre vite ses limites.
Ensuite, il y a le problème de l’échelle. Sur mon site « Lola Pâtisserie », tout va bien car c’est une page unique ou presque. Mais demandez-lui de gérer une base de données complexe avec des milliers d’utilisateurs, des systèmes de paiement sécurisés et des micro-services… et là, l’IA s’effondre. Elle n’a pas de vision globale de l’architecture. Elle prédit le prochain bout de code qui semble logique, point.
Enfin, l’IA n’apprend pas. C’est un point essentiel souvent oublié. Contrairement à un humain qui gagne en expérience, Gemini 3 reste figé (hors fenêtre de contexte). Si vous faites une erreur de logique métier, il ne va pas vous dire « Attention, par expérience, ça va planter dans 3 mois ». Il va juste exécuter.
L’illusion de l’AGI
Il faut aussi mitiger le discours sur l’AGI (Intelligence Artificielle Générale). Sam Altman et Google nous vendent l’idée d’une IA qui réfléchit comme un humain. On en est loin.
J’ai soumis des problèmes de logique pure à Gemini 3. S’il s’en sort souvent mieux que ChatGPT, il fait encore des erreurs bêtes. Il hallucine des faits. Il invente des bibliothèques logicielles qui n’existent pas quand on le pousse dans ses retranchements techniques.
C’est un modèle statistique ultra-performant, dopé aux stéroïdes du Compute, mais ce n’est pas un cerveau.
Un outil, pas un remplaçant
Alors, faut-il utiliser Gemini 3 et AI Studio ? Absolument. C’est à ce jour l’outil de productivité le plus impressionnant que j’ai testé.
Pour un profil non-tech comme moi, c’est un super-pouvoir. J’ai pu livrer un site pro pour ma femme et m’amuser à créer un jeu vidéo en quelques heures. C’est une démocratisation de la création logicielle sans précédent.
Mais ne nous y trompons pas. Le « Vibe Coding » est parfait pour les créatifs, les entrepreneurs solos et les prototypes rapides. Pour construire le prochain Google ou maintenir le système informatique d’une banque, on aura encore besoin d’humains pendant un bon moment.
Par contre, Google a réussi son coup : ils ont créé le meilleur assistant du monde.
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