Honor Magic 8 Pro : téléobjectif 200 MP spectaculaire, une très belle fiche technique mais ils ont saboté l’appareil photo principal

Honor a dévoilé son Magi c8 Pro avec un gros argument : un téléobjectif périscopique de 200 mégapixels monté sur un énorme capteur 1/1,4 pouce.

Sur le papier, c’est du lourd. Mais en creusant la fiche technique, on découvre une décision pour le moins étrange : l’appareil photo principal a été dégradé par rapport au modèle précédent. L’ouverture est passée de f/1.4-2.0 variable à f/1.6 fixe, ce qui rend le capteur principal un tiers moins sensible à la lumière. Honor promet de compenser cette régression avec de « nouvelles fonctionnalités IA ».

Un téléobjectif 200 MP vraiment impressionnant

Commençons par ce qui fonctionne : le téléobjectif du Magic8 Pro est objectivement excellent sur le papier. 200 mégapixels montés sur un capteur 1/1,4 pouce (relativement grand pour un téléobjectif), objectif f/2.6 périscopique, et un zoom optique 3,7x (contre 3x sur le Magic 7 Pro).

C’est du sérieux. Pour contextualiser : la plupart des téléobjectifs de smartphones haut de gamme plafonnent à 50-64 MP sur des capteurs bien plus petits.

En face, le Samsung Galaxy S25 Ultra s’appuie sur un capteur principal grand‑angle de 200 mégapixels, épaulé par un ultra grand‑angle de 50 mégapixels, un téléobjectif 3x de 10 mégapixels et un périscope 5x de 50 mégapixels. Par contre, c’est un capteur plus grand que celui de Honor, c’est un capteur 1/1,3″. Quant à l’iPhone 17 Pro, il se « contente » aussi de 48 MP sur son téléobjectif.

Avec ce capteur généreux et cette définition élevée, le Magic 8 Pro devrait théoriquement exceller en zoom numérique (jusqu’à 10-15x sans trop de dégradation) et en conditions de luminosité moyenne. Le périscopique permet un zoom optique vrai sans perte de qualité, et les 200 MP autorisent des recadrages agressifs sans pixelisation visible.

L’ultra grand-angle reste identique au modèle précédent : 50 MP f/2.0 avec mode macro. Rien de révolutionnaire mais solide et cohérent avec ce qu’on trouve sur la concurrence haut de gamme.

Mais l’appareil photo principal régresse (vraiment ?)

Là où ça coince, c’est l’appareil photo principal. Honor utilise toujours un capteur 50 MP 1/1,3 pouce avec stabilisation optique (OIS). Jusque-là, rien ne change par rapport au Magic 7 Pro. Le problème se cache dans l’objectif.

• Magic 7 Pro (2024) : ouverture variable f/1.4 à f/2.0
• Magic 8 Pro (2025) : ouverture fixe f/1.6

En photographie, l’ouverture détermine la quantité de lumière qui atteint le capteur. Plus le chiffre est bas (f/1.4), plus l’ouverture est large, plus la lumière entre.

Une ouverture variable permettait au Magic 7 Pro de s’adapter : f/1.4 en conditions sombres pour capter un maximum de lumière, f/2.0 en plein jour pour éviter la surexposition et améliorer la netteté.

Avec une ouverture fixe f/1.6, le Magic 8 Pro perd cette flexibilité. Pire : selon Honor lui-même, cela rend le capteur principal « un tiers moins sensible à la lumière » que le Magic 7 Pro à f/1.4. En photo de nuit ou en intérieur sombre, c’est une régression nette.

Pourquoi Honor a fait ce choix ? Probablement des raisons de coût (ouverture variable = mécanique complexe = cher) et de place (le smartphone garde 8,4 mm d’épaisseur malgré une batterie massive, il faut faire des compromis quelque part). Mais pour un smartphone à 680-800 euros, ça fait bizarre de voir le composant principal régresser.

L’IA à la rescousse

Face à cette régression hardware, Honor sort l’artillerie lourde du marketing IA ou plutôt photographie computationnelle. Deux fonctionnalités sont mises en avant :

Honor Magic Color : un modèle d’apprentissage automatique censé offrir des « couleurs plus précises ». L’idée est de rattraper les faiblesses de l’objectif en ajustant automatiquement colorimétrie, balance des blancs, saturation. Ça peut marcher… ou produire des photos sur-traitées avec des couleurs artificielles. À voir dans les tests.

Technologie anti-tremblement IA : optimisation de la stabilisation d’image par intelligence artificielle. L’OIS (stabilisation optique) reste présent, l’IA viendrait en complément pour « améliorer » la stabilisation, probablement via du traitement multi-frame et de la fusion d’images. Utile en vidéo et en photo de nuit, mais ça ne remplace pas une vraie bonne ouverture pour capter plus de lumière nativement.

Le problème de ces « solutions IA », c’est qu’elles reposent sur du post-traitement logiciel. Une bonne photo commence par un bon capteur qui reçoit suffisamment de lumière. Si la lumière n’entre pas assez (ouverture f/1.6 vs f/1.4), l’IA doit compenser en amplifiant le signal, ce qui génère du bruit numérique. Certes, l’IA moderne sait très bien réduire ce bruit… mais au prix d’une perte de détails fins et d’un rendu parfois plastique.

En clair : Honor dégrade le hardware et vous vend de l’IA pour rattraper. C’est le piège classique des smartphones 2025 : on compense les compromis physiques par du logiciel « intelligent ». Parfois ça marche (le traitement photo Google Pixel est excellent), parfois c’est du vernis sur une base fragile.

Le reste du smartphone est solide

Mettons de côté la photo une seconde pour parler du reste. Le Honor Magic 8 Pro est globalement bien équipé :

Processeur : Qualcomm Snapdragon 8 Elite Gen 5, la dernière génération haut de gamme. Performances CPU/GPU excellentes, efficacité énergétique améliorée. Aucun souci à attendre de ce côté.

Batterie : 7 100 mAh en version chinoise, 6 270 mAh en version européenne. C’est énorme. Pour comparaison, l’iPhone 17 Pro Max plafonne à 4 600 mAh, le Galaxy S25 Ultra à 5 300 mAh. Avec le Snapdragon efficace et cette batterie généreuse, l’autonomie devrait être bonne.

Charge : 100 W en filaire (USB-C), 80 W en sans-fil. Charge complète en 30-40 minutes environ. C’est du très haut niveau, bien au-dessus des standards occidentaux (iPhone plafonne à 27 W, Samsung à 45 W).

Écran : Dalle OLED LTPO 6,71 pouces, définition 2808 x 1256 pixels, taux de rafraîchissement 120 Hz adaptatif, luminosité pic 6 000 nits en HDR. C’est un écran premium, probablement parmi les meilleurs du marché en luminosité (utile en plein soleil).

Résistance : Certifications IP68 (eau et poussière) et IP69K (jets d’eau haute pression et haute température). C’est rare sur smartphone, généralement réservé aux modèles renforcés. Le Magic 8 Pro est donc particulièrement robuste.

Épaisseur/poids : 8,4 mm d’épaisseur, 213 grammes. C’est fin et léger compte tenu de la batterie énorme et du système photo complexe. Pour comparaison, le Galaxy S25 Ultra fait 8,6 mm / 232g.

Sur ces aspects, Honor a fait du bon travail. Le Magic 8 Pro coche toutes les cases du smartphone moderne bien conçu.

Prix et disponibilité : cohérent mais pas donné

Le Magic8 Pro démarre à 5 699 yuans en Chine (environ 686 €) pour la configuration 12 Go RAM / 256 Go stockage. Le modèle haut de gamme 16 Go RAM / 1 To monte à 6 699 yuans (environ 807 €).

Lancement initial en Chine, puis Europe dans les semaines/mois suivants. Le Magic 7 Pro s’était retrouvé à environ 829€ en Allemagne, on peut s’attendre à un positionnement similaire pour le Magic8 Pro, probablement entre 799 € et 899 € selon les configurations et les promotions de lancement.

---