« Je dois faire 160 km aller-retour juste pour pouvoir recharger » : le calvaire de ce chauffeur de taxi qui roule à l’hydrogène

 
Possédant une flotte de voitures à hydrogène, un chauffeur de taxi et sa femme sont contraints à ne plus pouvoir travailler. La faute à un manque de stations de recharge, mais également à une panne non résolue sur l’un de ses véhicules. Une situation qui rappelle celle de l’entreprise Hype.
Toyota Mirai
Toyota Mirai

On entend beaucoup parler de la voiture électrique, qui se développe à vitesse grand V. Et surtout qui est bien plus respectueuse de l’environnement que les modèles essence ou diesel. Cependant, il existe une autre alternative moins connue, à savoir l’hydrogène. Cette solution a toutefois du mal à s’imposer sur le marché, et ce depuis de nombreuses années.

De grandes difficultés

En effet, il faut savoir qu’à l’heure actuelle, seulement deux constructeurs proposent des voitures à hydrogène en grande série. Il s’agit de Toyota avec sa Mirai et de Hyundai avec le SUV Nexo, qui a récemment eu le droit à une nouvelle génération. Autant dire que le marché est très peu développé, surtout en comparaison avec l’électrique. Et la demande n’est pas à la hauteur, ce qui a un impact sur le nombre de stations de charge, qui reste très bas. Selon l’Avere-France, on n’en compte seulement une cinquantaine en sur le territoire.

Et forcément, cela pose un réel problème aux conducteurs. C’est ce qu’explique Bertrand Moreau sur X (anciennement Twitter). Le spécialise de la mobilité relate l’histoire d’un chauffeur de taxi contraint au chômage technique depuis plusieurs jours. En cause ? Des stations de ravitaillement insuffisantes. Cette affaire se déroule dans la commune de Massignieu-de-rives, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Là-bas, Michel Cavigioli et son épouse possèdent une entreprise de taxi et sont chauffeurs tous les deux depuis 2021. Ils emploient actuellement trois autres conducteurs.

Leur flotte se compose de deux Hyundai Nexo à hydrogène, mais cela n’était pas ce qui était prévu au départ. En effet, le couple avait d’abord envisagé d’acheter une Tesla, mais une cliente leur avait plutôt suggéré d’opter pour un modèle à hydrogène. Ce que les deux professionnels du transport ont fait. Sur le papier, cette alternative possédait de réels atouts, comme le relate Michel Cavigioli. Il explique qu’« avec mon style de conduite, un plein me permet de parcourir jusqu’à 724 km. Et les recharges, quasi quotidiennes, se font en 5 à 10 minutes ».

Oui mais voilà, depuis le 7 mai 2025, les deux voitures dotées d’une pile à combustible sont à l’arrêt total. La raison ? Le manque de stations de recharge. Car la plus proche actuellement en service se situe à 90 kilomètres de chez Michel et sa femme. Ce qui complique évidemment fortement la vie du couple, qui ne peut pas perdre du temps à parcourir cette distance tous les jours. Cependant, une seconde est en construction à Annecy, soit à 56 kilomètres de leur domicile. Mais elle n’est pas encore opérationnelle pour le moment.

Une panne non résolue

Et ce n’est pas la seule difficulté à laquelle le couple doit faire face. L’une des deux voitures à hydrogène de ce dernier, qui totalise 283 000 kilomètres est en panne depuis janvier 2024. En cause ? La pile à combustible qui serait défaillante. Problème, le mécanicien qui avait évoqué ce souci a quitté la concession. Et depuis, aucun expert de la marque n’est venu constater le problème. Car Michel Cavigioli en est convaincu, ce n’est pas cette pièce qui pose problème.

Quoi qu’il en soit, le professionnel ne peut plus travailler et il continue de payer 1 078 euros par mois pour son Hyundai Nexo en panne et son assurance. Une situation compliquée, qui rappelle celle de Hype, la société de taxis spécialisés dans l’hydrogène. Face à la chute de la demande, celle-ci vient de nouer un partenariat avec Electra pour se tourner vers la voiture électrique. Cependant, Michel Cavigioli ne veut pas faire une croix sur l’hydrogène. Il promet en revanche d’être plus prudent à l’avenir.

Il explique que « je le referais, mais avec le recul, en prenant des précautions : un véhicule de prêt identique en cas de problème, et la garantie de pouvoir me ravitailler dans un rayon de 30 kilomètres ». Et ce même si le coût du plein reste élevé, puisqu’il faut compter entre 18 et 20 euros du kilo. Heureusement, le chef d’entreprise bénéficie d’une aide, qui lui fait payer seulement 12,50 euros du kilo. Il faut savoir qu’un kilo permet de parcourir environ 100 kilomètres. Or, le couple doit déjà faire un aller-retour de 160 kilomètre par jour pour remplir le réservoir.


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