
Quand on pense à Loewe, des images de téléviseurs aux lignes minimalistes et aux matériaux nobles viennent immédiatement à l’esprit. Depuis près d’un siècle, la marque allemande cultive une image d’excellence, où la technologie se doit de servir une esthétique irréprochable. C’est avec cette philosophie, presque une religion du design, que Loewe aborde le marché audio nomade en présentant le Leo, son tout premier casque Bluetooth à réduction de bruit active. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne passe pas inaperçu.
Proposé à un tarif prohibitif de 1299 euros, il se positionne d’emblée face au Focal Bathys Mg — et dans une moindre mesure au Bowers & Wilkins Px8 — avec une promesse simple : offrir l’expérience Loewe pour les oreilles, un concentré de luxe et d’ingénierie allemande.
Rappelons qu’il s’agit d’une version « abordable » du très luxueux casque Loewe réalisé en collaboration avec Jacob & Co présenté fin août.
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Pour justifier ce positionnement élitiste, le Loewe Leo met en avant un design singulier, des matériaux premium et une fiche technique intrigante. Il embarque une technologie d’amplification séparée, un égaliseur personnalisable, de l’audio spatial avec suivi des mouvements de la tête et une myriade de fonctionnalités via une application mobile dédiée. Mais dans un secteur où la performance audio et l’efficacité de la réduction de bruit sont reines, et où des géants comme Sony ou Bose dictent leur loi, un bel objet et un nom prestigieux suffisent-ils à convaincre ?
Loewe LeoCaractéristiques techniques
Modèle | Loewe Leo |
---|---|
Format | Casque sans fil |
Batterie amovible | Oui |
Microphone | Oui |
Réduction de bruit active | Oui |
Autonomie annoncée | 65 heures |
Type de connecteur | USB Type-C |
Poids | 360 g |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé avec un casque prêté par Loewe.
Loewe LeoL’objet avant tout
Dès la sortie de sa boîte, le Loewe Leo impose sa différence. L’expérience commence par un packaging soigné et un étui de transport rigide qui respire la qualité. À l’intérieur, le casque repose dans un écrin de feutrine. Là où la concurrence opte majoritairement pour des plastiques et des métaux aux finitions mates, Loewe choisit un parti pris radicalement différent. Le casque arbore une finition argentée brillante, presque chromée, qui attire immédiatement la lumière et le regard. C’est un objet statutaire, un accessoire de mode pensé pour être vu, qui tranche avec la discrétion habituelle des casques nomades.

Les coques ovoïdes sont d’une grande sobriété, seulement ornées d’une surface centrale frappée du logo en forme de cœur stylisé de la marque. La construction est exemplaire. L’arceau, gainé d’un cuir synthétique souple et dense, inspire confiance. Il est relié aux oreillettes par des branches en métal poli du plus bel effet, dont le mécanisme de réglage cranté est à la fois ferme, précis et satisfaisant à manipuler. Chaque ajustement est un plaisir, sans le moindre jeu. Les coussinets, également en cuir synthétique, sont épais, à mémoire de forme et particulièrement doux au contact de la peau.
Le confort est d’un très bon niveau. Le casque pèse son poids (environ 340g), mais celui-ci est bien réparti grâce à la largeur de l’arceau et à la force de serrage modérée. On peut le porter plusieurs heures sans ressentir de fatigue excessive. Seul bémol, l’inertie est marquée et le casque bouge lorsqu’on secoue la tête.

Pour les contrôles, Loewe a fait le choix audacieux et réussi de se détourner du tout-tactile. Chaque oreillette est ceinte d’une molette de contrôle rotative. Celle de droite gère le volume avec une grande précision, tandis que celle de gauche permet de naviguer entre les pistes (une impulsion vers l’avant ou l’arrière). Ces roues, finement crantées, offrent un retour haptique agréable et s’avèrent bien plus fiables et pratiques à l’usage qu’une surface tactile. La route gauche gère les commandes de lecture et d’appels, tandis que la droite ajuste le volume. Enfin, deux autres boutons discrets prennent place sur la tranche de l’oreillette droite pour l’alimentation et le contrôle de la réduction de bruit.. On trouve pour finir un port USB-C pour la recharge et la lecture audio numérique filaire.
Enfin, la conception modulaire du casque permet de remplacer la plupart des éléments, notamment les coussins d’oreilles et la batterie.
Loewe LeoUne richesse fonctionnelle débordante
Le Loewe Leo s’appaire simplement et se connecte à l’application Loewe Leo Plus, disponible sur iOS et Android. Cette dernière est un modèle de richesse fonctionnelle, toutefois au détriment d’une certaine clarté. Il y a des icônes partout. L’interface, très graphique, donne accès à une quantité impressionnante de réglages. On y trouve bien sûr l’essentiel : gestion du multipoint (le casque peut être connecté à deux appareils simultanément), état de la batterie et réglage de la réduction de bruit.
Mais Loewe va bien plus loin. Un égaliseur graphique à cinq bandes permet d’ajuster le son à sa convenance, avec toutefois peu de bandes de fréquences.
On trouve aussi un assistant nommé Leo AI, qui répond aux questions en anglais lorsqu’on l’interpelle. Outre qu’il aurait été bien de le proposer en français, la pertinence des réponses de cet assistant est à des années lumières de celles d’IA grand-public. L’assistant personnel est offert pendant un an ou 30 000 interactions, puis par abonnement à 7,99 euros par mois.
Le casque est également compatible avec l’audio spatial. Trois modes sont proposés : « Off », « Still » (l’audio est spatialisé mais fixe) et « Motion » (la scène sonore s’adapte aux mouvements de la tête). En l’état actuel du firmware de l’appareil, les modes fixe et mouvement de tête sont inversés. En outre, la spatialisation n’a rien de révolutionnaire et la fonction relève plus de l’argument marketing que du miracle acoustique. Comme toujours l’écart avec l’Audio Spatial d’Apple est colossal.

L’application permet de personnaliser l’action des boutons et d’intégrer des technologies tierces comme « Mimi », qui propose de créer un profil auditif personnalisé après une série de tests pour adapter le son à ses propres capacités auditives. Toutefois, les résultats obtenus ne changent pas fondamentalement la signature sonore du casque (nous y reviendrons).
Le casque est compatible multipoint et supporte le Bluetooth 5.3 LE Audio, ainsi que les codecs SBC, AAC, LC3 et LC3+.
Loewe LeoRéduction de bruit : efficace, mais pas au sommet
Le Loewe Leo est équipé d’une réduction de bruit active (ANC) hybride. Dans l’ensemble, ses performances sont bonnes et permettent de s’isoler efficacement dans la plupart des situations du quotidien. Dans les transports en commun, les basses fréquences (roulement du train, moteur du bus) sont très bien atténuées, créant une bulle de silence appréciable. Au bureau ou dans un open space, les voix et les bruits de claviers sont également bien gommés.

Cependant, le Leo n’atteint pas le niveau d’excellence des cadors du secteur que sont le Bose QuietComfort Ultra 2 ou le Sony WH-1000XM6. Face à ces derniers, il laisse filtrer un peu plus de hautes fréquences et de sons imprévisibles (conversations proches, sonneries). L’atténuation est solide, suffisante pour la plupart des usages, mais ceux qui recherchent le silence le plus absolu et une isolation quasi-totale trouveront mieux ailleurs. Le mode Transparence restitue les sons environnants de manière claire et assez naturelle, sans effet de souffle marqué.
Loewe LeoQualité audio : la surprise
C’est ici que le bât blesse, et sévèrement. Pour un casque à ce tarif, on attend une performance sonore irréprochable, une expérience mémorable. Or, le Loewe Leo propose une signature sonore déroutante, déséquilibrée et, finalement, très décevante.

Le problème principal vient du registre grave. Il est tout simplement anémique. Les basses manquent cruellement de présence, de profondeur et d’impact. Que ce soit sur de l’électro, du hip-hop ou du rock, la sensation de charpente, de fondation rythmique, est absente. Le son paraît léger, presque éthéré, mais sans aucune assise, ce qui est particulièrement frustrant sur les musiques modernes. Même en jouant de l’égaliseur, les résultats dans le bas du spectre sont très mitigés.
Le médium est plus intéressant. Il est riche, plein d’informations, avec un rendu des voix et des instruments acoustiques assez organique et plaisant. Cependant, il n’est pas parfait et souffre d’un certain manque de linéarité. Sur certains morceaux, on perçoit une clarté un peu forcée, une acidité dans le haut-médium, qui peut rendre les voix féminines ou les guitares électriques un peu trop saillantes, voire agressives à fort volume. L’aigu, en revanche, est plutôt une réussite. Il est fin, détaillé et file haut sans devenir strident, et contribue positivement à la sensation d’espace.

Loewe a fait le choix technique d’intégrer un amplificateur opérationnel dédié (Texas Instruments OPA1622 SoundPlus), distinct du SoC Bluetooth, pour, en théorie, offrir une meilleure amplification. L’intention est louable, mais le résultat est contre-productif. L’activation de ce mode « Performance » (accessible via l’application) déséquilibre encore plus le son : le grave s’efface davantage, les voix sont projetées en avant de manière artificielle et l’écoute devient fatigante.
Une courbe de réponse inattendue
La courbe de réponse en fréquences fournie confirme ces impressions. En mode normal (courbe rose ci-dessous), on observe un niveau de grave en retrait de près de 10 dB, soit au moins deux fois moins d’intensité par rapport aux médiums. Un pic notable autour de 1 kHz renforce la présence globale tout en accentuant le déséquilibre perçue des basses fréquences, tandis que les aigus sont en avant et brillants.

La courbe bleue est celle du mode performance, avec un grave carrément anémique, une bosse dans le bas-médium (au niveau exact des voix), puis un creux à 1 kHz (le contraire donc de la signature du mode d’écoute normal), et des aigus brillants. Cette courbe là est quasi inécoutable.
Une scène sonore ample
Pourtant, tout n’est pas à jeter. Il faut reconnaître au Loewe Leo une qualité rare : l’ampleur de sa scène sonore. L’espace stéréophonique est remarquablement vaste et aéré. La séparation des instruments est excellente, chaque élément trouvant sa place dans un panorama large et bien peuplé. Cette sensation d’air est très agréable et donne une respiration à la musique.
Malheureusement, ce magnifique potentiel est en grande partie saboté par la signature sonore. Le manque de fondations dans le grave empêche de ressentir toute l’ampleur et la profondeur de cette vaste scène, et l’acidité des médiums peut rendre l’écoute fatigante malgré l’espace disponible. C’est d’autant plus frustrant que l’on sent que les qualités techniques des transducteurs sont bien réelles.

Impressions d’écoutes
- Daft Punk – Get Lucky : Le morceau s’écoute mais la pression dans le bas du spectre est insuffisante. La ligne de basse iconique de Nathan East est très en retrait. Il ne reste que la guitare funky de Nile Rodgers et la voix de Pharrell, qui flottent dans un ensemble décharné.
- Billie Eilish – bad guy : L’impact sourd et puissant qui caractérise le titre est en retrait. Le morceau perd de sa dimension menaçante et de son groove.
- London Grammar – Hey Now : La voix d’Hannah Reid est magnifiquement restituée, avec beaucoup de détails et d’émotion. Cependant, dès que la nappe de synthé grave entre, on sent qu’il manque une dimension essentielle au morceau.
- Miles Davis – So What : Les cymbales sont ciselées, la trompette de Miles est précise. L’aération est bonne et on distingue bien les instruments. Mais le manque de chaleur de la contrebasse laisse une impression de froideur.
- Hans Zimmer – Time : La montée en puissance progressive, basée sur des couches de basses profondes, est un échec. Le morceau a pourtant de l’ampleur, mais manque de majesté.
Loewe LeoQualité des micros pour les appels
Sur ce point, le Loewe Leo s’en sort bien. Les microphones intégrés captent la voix de manière claire et intelligible. En environnement calme, la conversation est parfaitement naturelle pour l’interlocuteur. En milieu bruyant (rue, transports), les algorithmes de réduction de bruit ambiant font un travail correct, isolant la voix sans trop la dénaturer. Ce n’est pas le meilleur du marché, mais il est tout à fait apte à un usage professionnel pour des appels et des visioconférences.

Loewe LeoUn appétit d’oiseau
Loewe annonce jusqu’à 60 heures d’autonomie sans réduction de bruit, et environ 38 heures avec l’ANC activée (et sans mode performance). Mes tests confirment ces chiffres et si l’on écoute à moins du mi-volume, on peut aller au-delà. C’est une excellente performance, qui place le Leo dans le haut du panier. On peut partir plusieurs jours en voyage sans se soucier de le recharger. Une charge rapide de 15 minutes via le port USB-C permet de récupérer environ 6 heures d’écoute. C’est amplement suffisant et très confortable à l’usage.
Loewe LeoPrix et disponibilité
Le casque Loewe Leo est disponible au prix public de 1299 euros. C’est un tarif extrêmement élevé qui le place dans la catégorie ultra-premium. Et à ce niveau de prix, la concurrence est non seulement rude, mais surtout, bien plus performante sur le plan audio. Le Bowers & Wilkins Px8 S2 (environ 700 euros) et le Focal Bathys Mg (environ 1200 euros) sont bien plus équilibrés et musicaux.

Les références grand public comme le Bose QuietComfort Ultra Headphone 2 et le Sony WH-1000XM6 offrent une réduction de bruit supérieure et un son plus consensuel pour une fraction du prix. À 1299 euros, l’achat du Loewe Leo relève plus de l’attachement à la marque et à son design unique que d’un choix audiophile rationnel.
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