Test de la Marshall Emberton II : la belle endormie

Enceintes Connectées • 2022

Copie presque conforme de la première enceinte Emberton, la Marshall Emberton II embarque des transducteurs modifiés et voit son autonomie considérablement augmentée. Elle gagne également une certification IP67 qui ouvre la voie à une utilisation en plein air, sans craindre ni eau, ni poussière. Mais à l’instar de sa devancière, l’Emberton II délivre un son très consensuel, pas forcément en adéquation avec l’image rock de Marshall.
Marshall Emberton II
 
Marshall Emberton II
L’enceinte Marshall Emberton II // Source : Tristan Jacquel pour Frandroid

Marshall annonce un son à 360° et une diffusion True Stereophonic pour sa petite enceinte Bluetooth portable Marshall Emberton II, ainsi que 30 heures d’autonomie. Des promesses alléchantes, tant le fabricant britannique en connaît un rayon côté son. Pour ne pas faire la bio de Marshall, on rappellera simplement son expertise en matière d’amplis et d’enceintes de sonorisation depuis 60 ans. On a donc des raisons de s’attendre au meilleur. Et pourtant…

Fiche technique

Ce test a été réalisé avec une enceinte prêtée par le fabricant.

Design

L’Emberton II a des allures de brique stylisée, avec son revêtement en similicuir et ses deux belles grilles acoustiques doublées de tissu sur les faces avant et arrière. Ses lignes sont classiques, mais sa qualité de finition irréprochable. La face supérieure accueille deux boutons, l’un compact pour l’appairage Bluetooth, et l’autre multidirectionnel pour la mise sous tension, la gestion de la lecture, du volume et du changement de piste.

Marshall Emberton II
La Marshall Emberton II est réalisée à partir de 50 % de plastiques recyclés // Source : Tristan Jacquel

Pour la version Black and Brass de ce test, ce bouton en aluminium est recouvert d’une peinture brillante couleur laiton. Sur la face supérieure toujours, Marshall a installé un témoin de niveau de batterie à LEDs rectangulaires rouges. Le connecteur de charge USB-C est logé sur le flanc droit de l’enceinte, tandis que la face inférieure est équipée d’un revêtement antidérapant.

Cette enceinte est certifiée IP67 et peut donc être utilisée en environnement poussiéreux et aquatique. Attention, après immersion, le tissu empêche les hautes fréquences de passer jusqu’à séchage complet.

Usage et application

Cette petite enceinte est facile à manipuler, grâce à son revêtement adhérent. Ses 700 grammes la rendent aisément transportable dans un sac. Dommage qu’un point point d’ancrage lui manque, pour y fixer une cordelette et ainsi la porter plus facilement, voire la suspendre.

Marshall Emberton II
Excellente prise en main pour la Marshall Emberton II, grâce à son revêtement antidérapant // Source : Tristan Jacquel pour Frandroid

L’idée d’un unique bouton de commande est intéressante et celui-ci s’avère la plupart du temps pratique à utiliser. Cependant, une mauvaise manipulation reste possible, par exemple, lorsqu’on somnole à la plage et que, les yeux fermés, on change de piste alors qu’on souhaitait ajuster le volume. Dans ce cas de figure, mieux vaut recourir à l’assistant vocal de son smartphone pour réclamer l’ajustement du volume ou le passage à la piste suivante.

Une app capricieuse

Bon point, le contrôleur Bluetooth autorise la double connexion à l’enceinte, afin d’en partager l’utilisation par exemple. L’appairage est effectué rapidement — Google Fast Pair est intégré pour Android — et la liaison radio est très stable jusqu’à 10 mètres en intérieur, même au travers d’un plancher en bois. En plein air, l’enceinte conserve la même stabilité jusqu’à 10 mètres et parfois au-delà. Tout va bien de ce côté.

L’app Marshall Bluetooth est en revanche capricieuse et peine parfois à trouver l’enceinte, pourtant bien associée au smartphone. En outre, elle montre des limitations fonctionnelles, notamment pour son égaliseur. Celui-ci ne propose que trois profils préétablis : Marshall (par défaut), Push (médium creusé) et Voix (grave atténué). Aucune possibilité donc de modeler le son à sa guise avec plusieurs clés de fréquences. L’app propose en outre un mode « stack » pour associer plusieurs enceintes Marshall et les faire jouer ensemble. Dernier bémol, les sons de mise sous et hors tension (un accord de guitare électrique) ne peuvent être désactivés.

Audio

Marshall a installé deux petits transducteurs large bande de 1,75’’ (4 cm) de diamètre — et non 2’’ comme l’indique son site — associés chacun à un radiateur passif de 4×7 cm environ. De marque EastTech, ces transducteurs disposent d’une membrane en papier traité à suspension en caoutchouc, avec un double moteur (aimant) en néodyme pour améliorer leur performances dans les hautes fréquences. En l’absence de tweeter, c’est a priori une bonne nouvelle. Plus largement, il s’agit visuellement des mêmes transducteurs que ceux de la première Emberton, bien que leur référence interne soit différente.

Marshall Emberton II
À gauche, un transducteur large bande de 1,75″ (4 cm) et à droite un radiateur passif de la Marshall Emberton II // Source : Tristan Jacquel

Les faces avant et arrière de l’enceinte accueillent chacune un couple de haut-parleurs actif/passif, ce qui permet une diffusion bidirectionnelle (son à 360°). Pour rappel, l’emploi de radiateurs passifs permet d’étendre la reproduction des basses fréquences et d’en augmenter le rendement, malgré un faible volume d’air interne.

Marshall Emberton II
Le petit transducteur utilisé est trop faiblement motorisé pour enflammer la restitution // Source : Tristan Jacquel pour Frandroid

Côté amplification, Marshall a installé deux modules de 10 W de puissance, un par haut-parleur actif, ce qui semble bien suffisant eut égard au gabarit des transducteurs.

Conditions de test

J’ai écouté la Marshall Emberton II dans des endroits variés : chambre, cuisine, terrasse, parc ou encore à la plage, principalement avec un iPhone et un smartphone Xiaomi (codec SBC). L’enceinte a même été utilisée avec un téléviseur pour visionner un film. Sa signature tonale ne varie pas d’un appareil à l’autre.

Signature sonore

Les très petites dimensions de l’enceinte et le choix de petits transducteurs empêchent la Marshall Emberton II de reproduire les basses fréquences de manière convaincante. Elle joue avec un volume acceptable jusqu’à 80 Hz, puis s’effondre en deçà, échouant à créer une impression de poids et de profondeur dans le bas du spectre. Pour le reste, médium et aigu sont d’une linéarité appréciable et relativement doux, tant qu’on ne pousse pas excessivement le volume. En revanche, l’enceinte est assez directive et il faut être bien placé dans l’axe des haut-parleurs pour profiter totalement des hautes fréquences.

  • Grave : volume au niveau des deux autres registres, mais le peu d’extension et le manque de rigueur rendent le registre monotone
  • Médium : belle linéarité, mais résolution très moyenne (les voix manquent de clarté)
  • Aigu : bien placé, doux, mais imprécis

En comparaison de la première Emberton, cette nouvelle mouture est un peu moins tonique dans l’aigu. C’est la seule différence notable.

Comportement dynamique et scène sonore

La Marshall Emberton II manque cruellement de caractère. Certes, le son qu’elle diffuse est assez harmonieux, mais le tonus — sinon le muscle — auquel on peut s’attendre de la part d’une enceinte Marshall n’est pas du tout au rendez-vous. Le grave manque de punch et de palette, le médium de mordant, l’aigu de tranchant. Ceci tient certainement aux caractéristiques des haut-parleurs employés — trop petits pour délivrer de l’énergie équitablement du grave à l’aigu — mais aussi à leur positionnement, car face à l’enceinte, on écoute un seul de ces transducteurs, l’autre étant logé dans la face opposée à l’auditeur. En pratique, on écoute… une moitié d’enceinte.

Le port USB-C de recharge de l’enceinte Marshall Emberton II // Source : Tristan Jacquel pour Frandroid

La scène sonore créée par l’enceinte est complètement étriquée, avec très peu de séparation des plans sonores, et aucune profondeur. Second problème, la technologie True Stereophonic de Marshall implique que le canal gauche soit diffusé par la face avant, et le canal droit par la face arrière. Or le principe de la stéréo, c’est de diffuser les canaux gauche et droit vers chaque oreille, pas de jouer un canal vers l’auditeur et l’autre n’importe où. L’Emberton II est ainsi décevante sur ce point, et même très pénible avec les titres vintages, notamment ceux des Beatles où les voix sont souvent mixées d’un côté et l’orchestration de l’autre. Prenez Drive my Car : il faut retourner l’enceinte pour entendre correctement les voix, sans quoi on n’entend pratiquement que les instruments. Un mode mono activable dans l’app Bluetooth serait judicieux.

Marshall Emberton
La face arrière de la Marshall Emberton II // Source : Tristan Jacquel pour Frandroid

Plus largement, le comportement dynamique très (trop) sage de la Marshall Emberton II uniformise la musique écoutée, au point que tout sonne un peu de la même manière.

Performances en plein air

C’est à l’extérieur que la Marshall Emberton II peine le plus à s’exprimer. Son manque de tonus la rend difficilement intelligible en environnement bruyant, par exemple à la plage.

Micro

L’enceinte Marshall Emberton II est dépourvue de microphone et ne permet pas de passer d’appels vocaux.

Autonomie

Marshall annonce jusqu’à 30 heures d’autonomie pour l’Emberton II, soit 10 heures de plus que la première Emberton. En pratique, l’enceinte a tenu un peu plus de 21 heures à 50 % de son volume maximal. En écoutant moins fort, par exemple entre 10 et 15 %, ce qui est suffisant pour une écoute de proximité au calme, il est certainement possible d’atteindre l’autonomie annoncée. À noter : l’enceinte peut être utilisée pendant la charge.

Marshall Emberton II
À faible volume d’écoute, la Marshall Emberton II offre une autonomie épatante // Source : Tristan Jacquel pour Frandroid

Environ 3 heures sont nécessaires pour recharger totalement l’enceinte, tandis que 20 minutes de charge rapide (avec un chargeur de 15 W par exemple) restituent jusqu’à 4 heures d’autonomie.

Prix et date de sortie

L’enceinte Marshall Emberton II est proposée en coloris crème ou noir et laiton au prix de 169 € TTC. Elle entre en concurrence avec les JBL Flip 6 ou Huawei Sound Joy, également très compactes, mais nettement plus dynamiques et plus faciles à transporter.

Note finale du test
6 /10
Le choix de très petits transducteurs explique certainement le manque de nerf de cette petite enceinte, pas désagréable à écouter, mais qui jamais ne donne envie de taper du pied et peine à s’exprimer en plein air. Dommage car son autonomie est excellente. C’est en revanche un bel objet, très bien fini et c’est là son principal atout.

Points positifs de la Marshall Emberton II

  • Bel équilibre tonal

  • Look et qualité de fabrication

  • Excellente autonomie

Points négatifs de la Marshall Emberton II

  • Peu expressive

  • Directivité importante dans l'aigu

  • Dynamique très limitée

  • Grave monotone et avec peu d’extension

  • Égaliseur non personnalisable