Je suis monté à bord de la Mercedes CLA Shooting Break électrique, et je commence à croire que le break peut remplacer les SUV

 
Mercedes vient de lever le voile sur la version Shooting Brake de sa CLA électrique. J’ai eu la chance de monter à bord en avant-première à Copenhague. Plus pratique que la berline, tout aussi technologique. Surtout, une autonomie qui frise les 800 km, et une recharge ultra-rapide. Le break électrique le plus parfait du marché ? Presque.

Le break. Rien que le mot semblait interdit de cité dans le paysage automobile électrique. Largement supplanté par les SUV, trop sage, trop vieux. Et pourtant, c’est exactement ce que Mercedes-Benz est en train de remettre au goût du jour avec cette CLA Shooting Brake électrique, la version familiale (et plus fonctionnelle) de la nouvelle berline CLA.

Merces CLA Shooting Brake

Une silhouette que j’ai pu découvrir en vrai la semaine dernière à Copenhague. Et disons-le d’emblée : je suis reparti avec plus de questions que de certitudes. Mais surtout avec une furieuse envie de l’essayer sur route.

Fiche technique

Modèle Mercedes-Benz CLA Shooting Brake
Dimensions 4,72 m x 1,86 m x 1,47 m
Puissance (chevaux) 272 chevaux
0 à 100km/h 6,8 s
Niveau d’autonomie Conduite semi-autonome (niveau 2)
Vitesse max 210 km/h
Taille de l’écran principal 14 pouces
Prise côté voiture Type 2 Combo (CCS)
Fiche produit

Un design qui cherche le compromis entre style et aérodynamique

Sur le papier, cette CLA Shooting Brake ressemble beaucoup à sa sœur berline. Trop peut-être. Et Mercedes a reconduit quasiment à l’identique le langage esthétique des CLA thermiques d’ancienne génération : profil effilé, surfaces lisses, calandre en biseau… mais ce hayon arrière change tout. En bien comme en moins bien.

Il apporte un vrai plus fonctionnel, sans conteste. Mais il donne aussi un petit côté pataud à l’arrière, un peu trop arrondi à mon goût. Pas disgracieux, mais pas aussi racé qu’espéré non plus.

Et je dois le dire : l’avant m’a laissé sur ma faim. Trop sobre. Trop fade. Cette grille constellée d’étoiles Mercedes, censée évoquer le ciel nocturne, finit par ressembler à un sticker de tuning. Je lui préfère la version thermique avec son jonc horizontal. L’exercice de style aurait-il été bridé par les impératifs d’aérodynamique et de famille stylistique EQ ? Quoiqu’il en soit, ça fonctionne, mais ça ne fait pas vibrer.

À bord : plus d’espace, et ça fait du bien

Là où la CLA Shooting Brake marque des points immédiats, c’est à l’intérieur. C’est simple : je m’y suis senti mieux que dans la berline. La garde au toit rehaussée de quelques centimètres libère enfin l’arrière pour les grands gabarits comme moi (1,84 m), qui se retrouvent un peu à l’étroit sur la version trois volumes. Ici, je peux enfin m’installer sans craindre de cogner le plafond au moindre mouvement.

Le coffre, lui aussi, gagne en volume (455 litres banquette en place, 1282 litres banquette abattue) et surtout en praticité. Attention : les 455 litres s’entendent jusqu’à la plage arrière, sachant qu’il reste encore une petite centaine de litres (Mercedes n’a pas confirmé le chiffre exact) jusqu’au pavillon.

Fini la malle peu pratique, place à un hayon électrique bien pensé, qui transforme l’usage au quotidien. Ce n’est pas révolutionnaire, mais c’est franchement bienvenu. Surtout qu’un frunk (coffre avant) de 101 litres complète l’ensemble.

Mercedes CLA Shooting Break

Côté matériaux et finition, Mercedes reste fidèle à sa réputation. C’est soigné, valorisant, sans surcharge, mais on reste quand même sur une Mercedes d’entrée de gamme, avec quelques plastiques dur en partie haute.

Mercedes CLA Shooting Break

Et puis il y a ce fameux toit panoramique photochromatique, façon Scénic E-Tech ou Volkswagen ID.7, mais ici constellé de petites étoiles rétroéclairées. Gadget ? Peut-être. Mais j’avoue que j’ai trouvé ça séduisant. C’est ce genre de détails qui donne un supplément d’âme à une voiture premium.

Beaucoup d’écrans, mais une petite déception

La CLA Shooting Brake n’échappe pas à la course à la techno. Écran conducteur, grand écran central, affichage tête-haute et surtout ce troisième écran passager qui, je dois bien l’admettre, a un vrai intérêt.

Mercedes CLA Shooting Break

Il permet de regarder un film pendant que la voiture roule (à condition de ne pas être conducteur, évidemment), de jouer à des jeux ou de brancher un casque Bluetooth pour écouter sa propre musique. Oui, c’est du divertissement embarqué, et oui, ça plaît.

Mais en creusant un peu, on sent que le système MBUX n’est pas encore au niveau d’un Tesla ou même d’un Audi dernier cri sous Android Automotive. Il manque des fonctions désormais devenues quasi basiques : pas de boutique d’applications étoffée, peu de jeux, pas de mode « chien »… Mercedes mise sur une expérience plus sage, plus encadrée.

Et c’est dommage, parce qu’avec le MB.OS maison et toute l’intégration IA (ChatGPT 4o pour la conversation, Gemini pour la navigation basée sur les données Google Maps, Bing pour la recherche contextuelle), on s’attendait à plus de liberté, plus de surprises. Heureusement, les mises à jour OTA (que ce soit pour la partie infodivertissement ou motorisation) sont de la partie, ce qui laisse espérer de nouvelles fonctions à terme.

Deux versions 100 % électriques

Sous le capot, c’est du sérieux. Deux versions au lancement : CLA 250+ (propulsion, 272 ch) et CLA 350 4MATIC (354 ch, transmission intégrale) avec respectivement un 0 à 100 km/h abattu en 6,8 et 5 secondes. Le tout alimenté par une batterie NMC (nickel-manganèse-cobalt) de 85 kWh, portée par une architecture 800 volts et une boîte de vitesses à deux rapports.

Oui, une vraie boîte sur une électrique. Et ça change beaucoup de choses en matière de rendement. Mercedes annonce jusqu’à 761 km d’autonomie WLTP pour la version 250+ : c’est tout simplement un record dans cette catégorie, grâce à une consommation contenue (entre 12,7 et 15,2 kWh / 100 km). Même la Tesla Model 3 ne fait pas aussi bien.

La recharge est tout aussi impressionnante, avec une puissance de crête de 320 kW, soit 300 km récupérés en 10 minutes ou encore le 10 à 80 % réalisé en 22 minutes. On attendra bien sûr de vérifier ça en conditions réelles, mais sur le papier, c’est extrêmement prometteur.

Attention, sur une borne 400 volts, Mercedes proposera un convertisseur en option, mais il est possible que la recharge soit alors bridée autour de 100 kW. On évitera donc de se recharger sur les Tesla Superchargeurs.

Pour aller plus loin
Bonne nouvelle pour la CLA électrique de Mercedes et ses 800 km d’autonomie

Autre bon point : la version “budget” en batterie LFP (lithium-fer-phosphate) de 58 kWh sera aussi proposée plus tard l’an prochain, pour faire baisser le ticket d’entrée. Sans doute autour de 47 000 euros, selon nos estimations. Mercedes ouvre ainsi la porte à une gamme CLA plus large, et c’est tant mieux.

La CLA Shooting Brake sera disponible à la commande à la fin de l’année 2025 pour des premières livraisons en début 2026. Le tarif est attendu autour de 55 000 euros même si Mercedes n’a rien confirmé encore.

Des versions essence hybride seront également disponibles, comme sur la berline, et devraient démarrer à un tarif inférieur. Comble pour un constructeur allemand : le moteur sera produit en Chine, par Aurobay, une joint-venture entre le chinois Geely et le français Renault.

Une alternative crédible aux SUV ?

Ce premier contact m’a laissé un sentiment partagé. D’un côté, la CLA Shooting Brake ne révolutionne pas la catégorie. Son design reste très proche de l’ancienne génération, avec quelques partis pris esthétiques discutables.

De l’autre, elle coche énormément de cases : plus habitable, plus pratique, plus efficiente que n’importe quelle autre voiture du marché (et donc bien plus que n’importe quel SUV), et dotée d’une technologie embarquée qui ne demande qu’à être poussée plus loin. Mais si vous êtes plutôt SUV, la future Mercedes GLC devrait vous intéresser, puisqu’elle reprend toute la base technique de cette CLA avec la plateforme MMA (Mercedes Modular Architecture).

Mercedes a encore quelques mois pour peaufiner les derniers détails avant le lancement commercial fin 2025. Mais une chose est sûre : dans un marché saturé de SUV souvent interchangeables, ce Shooting Brake électrique a le mérite d’oser une proposition différente. Et rien que pour ça, il mérite toute notre attention.