Treize ans après la renaissance de la série GR en version numérique, la quatrième génération marque un cap technique. Elle adopte une architecture BSI (rétro-éclairée) plus rapide et plus propre, inaugure une stabilisation mécanique 5 axes digne d’un hybride milieu de gamme, gagne une mémoire interne généreuse et un autofocus hybride bien plus fiable. Rien d’ostentatoire, tout est là pour que l’appareil ne soit plus une variable dans l’acte photographique, mais une extension de l’œil.
Depuis le GR Digital I (2005), et même avant avec la lignée argentique, la philosophie Ricoh n’a pas varié : offrir la meilleure image possible dans le plus petit volume raisonnable. Le GR en 2013 a fait passer la série à l’APS-C — soit dans une autre dimension en termes de qualité d’image. Compacte, sobre, la série est devenue un classique de la street photo.

Le GR III et son jumeau à objectif d’équivalence 40 mm, le Ricoh GR IIIx — qui fut longtemps mon appareil de poche — avaient solidifié la plateforme. Le GR IV améliore encore la formule, sans toutefois la révolutionner.
| Caractéristique | Ricoh GR IV | Ricoh GR III |
| Capteur | 25,7 MP APS-C BSI | 24,2 MP APS-C |
| Objectif | 28 mm f/2.8 (7 élém. 5 gr.) | 28 mm f/2.8 (6 élém. 4 gr.) |
| Stabilisation | IBIS 5 axes (6 IL) | IBIS 3 axes (4 IL) |
| Autofocus | Hybride (Phase + Contraste) | Contraste |
| Vidéo | 1080 60p (8-bit) | 1080 60p (8-bit) |
| Mémoire interne | 53 Go | 2 Go |
| Batterie | DB-120 (400 vues CIPA) | DB-110 (200 vues CIPA) |
| Protection | IPX4 (rĂ©sistant projections d’eau) | Aucune |
Ricoh GR IVSpécifications techniques
| Modèle | Ricoh GR IV |
|---|---|
| Type d’appareil | Compact |
| Format du capteur | APS-C |
| Résolution capteur | 25,74 Mpx |
| Stabilisateur d’image | MĂ©canique |
| Définition enregistrement vidéo | 1080p @ 60p |
| AF-S | 4 FPS |
| Écran orientable | Non |
| Poids | 262 g |
| Fiche produit |
Ce test a été réalisé avec un appareil prêté par Ricoh
Ricoh GR IVDesign et prise en main : il est vraiment tout petit
Visuellement, rien ne trahit le changement de génération. Le GR IV reste ce petit rectangle de magnésium et de caoutchouc texturé, d’une grande discrétion. 262 grammes sur la balance (avec batterie et carte), 109 mm de large, 61 mm de haut : il tient dans à peu près n’importe quelle poche.

Les ajustements sont subtils. La poignĂ©e avant semble lĂ©gèrement plus accrocheuse, le grip arrière colle mieux au pouce, et deux touches verticales font leur apparition, pour ajuster l’exposition.
Grande nouveautĂ© — attendue des utilisateurs — le boĂ®tier est dĂ©sormais rĂ©sistant Ă la poussière et aux projections, avec une certification IPX4. Le GR IV ne survivra pas Ă une immersion, mais il peut affronter une bruine ou la poussière. C’est un bon point, car le GR III avait la rĂ©putation d’attirer les poussières sur son capteur dans certaines situations.

Tout tombe sous le pouce, que ce soit sur la face supĂ©rieure (roue PASM, roue crantĂ©e) ou la face arrière, l’ensemble des boutons Ă©tant logĂ©s sur la droite. MalgrĂ© le relatif peu de boutons, le GR IV propose trois modes entièrement personnalisables (U1/2/3), dans lesquels l’utilisateur peut choisir outre des simulations de film des ouvertures bien dĂ©finies, le type d’autofocus, l’usage de l’IBIS, du filtre ND, etc. Enfin, chaque bouton ou presque peut ĂŞtre rĂ©assignĂ©.

Le menu principal est un peu austère, mais clair et logique, c’est l’essentiel.
Ricoh GR IVÉcran : toujours fixe
Fidèle Ă sa lignĂ©e, le GR IV fait l’impasse sur une visĂ©e Ă©lectronique. Tout cadrage passe donc par l’Ă©cran arrière LCD de 3 pouces (1,04 M de points). Il est tactile, mais fixe. C’est un compromis assumĂ©, mais clairement cela reste gĂŞnant dans tout un tas de situations, en premier lieu les photos en plongĂ©e et contre-plongĂ©e, oĂą l’angle de vue n’est pas bon et l’écran paraĂ®t trop sombre.

Ricoh GR IVUne optique de 28 mm repensée
Ricoh conserve sa focale de prĂ©dilection pour la street photo, le 28 mm (Ă©quivalence plein format). Mais la formule change pour s’adapter au nouveau capteur : 7 Ă©lĂ©ments en 5 groupes dont 3 asphĂ©riques, contre 6 Ă©lĂ©ments auparavant. L’ajout d’un Ă©lĂ©ment asphĂ©rique et la refonte globale visent Ă amĂ©liorer les performances sur les bords.

Le rĂ©sultat est Ă la hauteur, quoique le GR III Ă©tait dĂ©jĂ très très bon de ce point de vue. Le centre est d’un piquĂ© chirurgical dès la pleine ouverture f/2,8. Mais la vraie amĂ©lioration concerne les bords, qui sont dĂ©sormais très bons Ă©galement Ă pleine ouverture et excellents dès f/4.
Le vignettage est corrigĂ© en JPEG ou via le profil intĂ©grĂ© aux fichiers RAW (par exemple avec Lightroom). L’optique bĂ©nĂ©ficie d’un traitement HD Coating qui fait un travail remarquable pour contenir les reflets parasites ; le flare est minime (et souvent esthĂ©tique).
Le diaphragme Ă 9 lamelles (contre 6 sur le GR III) produit un bokeh (flou d’arrière-plan) plus doux et plus circulaire, surtout visible en mode macro. Ce n’est pas un roi du bokeh vu la focale et l’ouverture.

Ricoh conserve un obturateur central (leaf shutter), avec trois bénéfices appréciables :
- Le déclenchement est quasi inaudible.
- Zéro vibration au déclenchement (piqué préservé).
- Une synchronisation avec un flash externe jusqu’au 1/2500s.
Le filtre ND intégré (–2 IL) est toujours présent. Il est essentiel pour utiliser la pleine ouverture en plein soleil ou pour des poses longues forcées (effet de soie sur l’eau par exemple).

Ricoh GR IVPerformances : de nets progrès
C’est ici que le GR IV creuse l’Ă©cart. L’autofocus est enfin mature. C’était LE point perfectible, car l’AF par dĂ©tection de contraste du GR III Ă©tait parfois lent, hĂ©sitait en basse lumière, et rendait la capture de sujets mobiles frustrante. Le GR IV adopte une architecture hybride (phase + contraste). Les collimateurs Ă dĂ©tection de phase sont intĂ©grĂ©s directement sur le capteur BSI et couvrent environ 95% de la surface.
Pour aller plus loin
Autofocus des appareils photo : tout comprendre à la détection de contraste, la corrélation de phase, la détection de sujets ou les moteurs optiques
Sur le terrain, la diffĂ©rence est flagrante : en lumière jour, l’accroche est quasi instantanĂ©e, mĂŞme si, en tout auto, le point est souvent fait sur des plans trop proches. En intĂ©rieur ou en basse lumière, lĂ oĂą le GR III pompait, le GR IV verrouille la mise au point bien plus vite. La reconnaissance du visage et de l’œil fonctionne dĂ©sormais convenablement. Ce n’est pas le suivi 3D en temps rĂ©el d’un Sony haut de gamme, mais pour la photo de rue ou un portrait rapide, l’appareil accroche l’Ĺ“il et s’y tient.

Snap focus : toujours une bonne idée
C’est la fonction fétiche du Ricoh GR, celle qui résume à elle seule sa philosophie. Le fameux Snap Focus — ou mise au point instantanée par défaut — n’est pas un gadget. Son but ? Supprimer totalement le délai de l’autofocus pour offrir un déclenchement immédiat, sans la moindre hésitation entre le regard et la photo.
Dans ce mode, vous prédéterminez une zone de netteté fixe – 1,5 m, 2 m, 2,5 m, 5 m ou l’infini. Au moment du déclenchement, l’appareil n’essaie pas de déterminer la mise au point : il se cale instantanément sur cette distance. Résultat : aucune latence, aucune micro‑pause avant la prise de vue.

Le principe est simple : en utilisant de faibles ouvertures (f/8 ou f/11), on crée une large zone de netteté. Par exemple, à  f/8 et 2,5 m de mise au point, tout ce qui se trouve entre 1,5 m et 5 m sera net.
Longtemps, ce Snap a Ă©tĂ© une solution de contournement : sur les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, on l’utilisait pour pallier la lenteur de l’autofocus en basse lumière. Avec le GR IV, c’est l’inverse. L’AF hybride du boĂ®tier est dĂ©sormais suffisamment prĂ©cis et rapide pour gĂ©rer les situations imprĂ©vues ; le Snap, lui, redevient un outil crĂ©atif pur. On cadre, on dĂ©clenche et on dĂ©couvre ensuite le rĂ©sultat.

Stabilisation IBIS 5 axes : comme les grands
Le GR IV adopte un tout nouveau module IBIS 5 axes annoncĂ© Ă 6 stops. C’est un chiffre Ă©tonnant pour un si petit boĂ®tier et on se demande bien oĂą Ricoh a trouvĂ© la place d’installer une telle suspension autour du capteur. Quoiqu’il en soit, en conditions rĂ©elles, le rĂ©sultat est lĂ . On obtient des prises nettes Ă 1/8 s sans trop de concentration, et des images exploitables jusqu’à la seconde d’exposition si on s’applique.

Sur le terrain, cela se traduit par une vraie libertĂ© en basse lumière ; on peut rester Ă ISO 200–400 quand on serait montĂ© Ă 1600 auparavant. Cela ouvre aussi des champs crĂ©atifs : combinĂ© au filtre ND, on peut dĂ©sormais tenter des filĂ©s de lumière ou flouter le mouvement de l’eau en pleine journĂ©e, sans nĂ©cessairement utiliser un trĂ©pied. Enfin, l’IBIS sert aussi Ă la (lĂ©gère) correction d’horizon.

Processeur, rafale et buffer
Le nouveau GR Engine VII amĂ©liore les performances globales, avec un temps de dĂ©marrage de 0,6 s, particulièrement impressionnant, car il implique le dĂ©ploiement de l’objectif. La rafale n’Ă©volue pas en comparaison du GR III, avec toujours 4 images par seconde au maximum. C’est peu, mais cohĂ©rent avec l’usage paisible d’un tel appareil. La mĂ©moire tampon Ă©volue un peu et permet dĂ©sormais de prendre 11 clichĂ©s RAW contre 9 auparavant, avant enregistrement. Le lecteur de carte reste compatible UHS-I seulement.
Un capteur BSI qui bruite très peu
Le Ricoh GR IV intègre un nouveau capteur APS-C de 25,6 MP à rétro-éclairage pour optimiser la capture en basse lumière. Ce nouveau capteur BSI se distingue par une gestion remarquable du bruit.

Sur l’image ci-dessus, sous-exposĂ©e volontairement Ă -5 IL puis surexposĂ©e sous Lightroom, il n’y a quasi aucun bruit de fond. On peut donc se louper sur l’expo et corriger en post, mĂŞme lourdement, sans risquer une purĂ©e chromatique dans les ombres.
Pour aller plus loin
Sensibilité ISO en photo : tout comprendre, du réglage de base à la gestion du bruit numérique
CĂ´tĂ© montĂ©e en sensibilitĂ© ISO, le bruit est lĂ©ger mĂŞme Ă ISO 6400 (sans correction boĂ®tier, en RAW donc), avec un soupçon de bruit chromatique. Concrètement, c’est au-delĂ d’ISO 25 600 que le bruit chromatique s’invite trop franchement et rĂ©duit la rĂ©solution de l’image, malgrĂ© les corrections appliquĂ©es par l’appareil. Quoiqu’il en soit, on peut photographier en ISO Auto en toute confiance.
Ricoh GR IVToujours dans la poche
Au-delĂ des chiffres, que vaut le GR IV au quotidien ? J’ai passĂ© trois semaines avec lui, glissĂ© dans mes poches. Premier constat, on l’oublie vite. L’appareil est si lĂ©ger (265 g) qu’on ne le sent quasi pas. De fait, on l’emmène partout et on fait plus de photos. Le GR IV, c’est aussi un appareil complĂ©mentaire et lorsqu’on ne veut pas poser son sac photo pour en sortir un gros hybride, on sort volontiers le Ricoh tant on sait qu’on peut s’appuyer sur ses qualitĂ©s optiques et la dynamique de son capteur.
Mais attention, son 28 mm n’est pas une focale qui se prête à toutes les photos, aux portraits serrés notamment — les visages se déforment — ni à l’isolation des arrière-plans. On photographie facilement ce qui est près de soi, mais dès que l’on veut mettre en valeur un détail en arrière-plan, c’est tout de suite plus compliqué. De ce point de vue, un GR IVx avec un 40 mm (eq. plein format) serait sans doute utile à la gamme GR.

L’atout du GR IV, c’est aussi ses simulations de film. Il y en a peu, bien moins que chez Fuji, mais elles sont efficaces, surtout Film positif et Monochrome dur (épatant celui-là ). Ricoh a ajouté deux nouvelles « recettes », Cinema Green et Cinema Yellow. On les retrouve notamment dans Lightroom pour les appliquer aux photos RAW (format DNG).
Enfin, la mémoire interne de 53 Go est une vraie bonne idée et l’on aimerait que les concurrents s’en inspirent, vu le coût de la mémoire flash. Ces gigaoctets embarqués permettent de prendre 1000 photos au format RAW et bien davantage en JPEG. Évidemment, on peut installer une carte mémoire, au format microSD désormais. Seul bémol, l’accès au logement microSD n’est pas évident dans le logement batterie.

Ricoh GR IVVidéo : pas sa tasse de thé
Les Ricoh GR n’ont jamais vraiment jouĂ© sur le terrain de la vidĂ©o — et c’est encore le cas. Le GR IV reste limitĂ© au 1080p Ă 60, 30 ou 24 images par seconde, avec son micro stĂ©rĂ©o intĂ©grĂ© et un enregistrement en MPEG‑4 AVC/H.264. Pas de 4K ni de profil Log. Les captations peuvent durer jusqu’à 25 minutes ou 4 Go, selon la limite atteinte en premier. L’appareil stoppe automatiquement en cas de surchauffe — classique pour ce format compact — mais en cette saison fraĂ®che, le problème n’est pas apparu.
Ricoh GR IVAutonomie : le double de temps
Le GR IV introduit la nouvelle batterie DB-120 (1500 mAh). L’autonomie CIPA (usage mixte photo, Ă©cran, allumage sans utilisation combinĂ©e) passe de 200 Ă 400 vues. En pratique, c’est donc bien mieux que le GR III. En usage rĂ©gulier, on peut tenir la journĂ©e sans mal. La batterie se recharge en une grosse heure.
Ricoh GR IVPrix et disponibilité
Le Ricoh GR IV est lancĂ© au prix de 1349 euros. C’est un tarif Ă©levĂ© pour un compact, 300 euros de plus que l’excellent GR III, mais cohĂ©rent au vu des technologies embarquĂ©es (APS-C BSI, IBIS 6 IL, optique d’exception, AF hybride) et de sa position unique sur le marchĂ©.

Il entre en concurrence avec le :
- Fujifilm X100 VI : plus cher (1800 euros et souvent plus tant il est en rupture de stock) et bien plus gros (521 g), il offre un viseur hybride et un capteur de 40 MP, une optique plus lumineuse (f/2) mais moins précise avec à la clé des images plus douces (mais pleines de charme).
- Sony RX1R III : nettement plus onéreux, à 4800 euros environ, avec un capteur plein format et une optique Zeiss de 35 mm plus lumineuse (f/2). Le plus petit des compacts à focale fixe plein format, mais il ne tient pas dans une poche, le Ricoh oui.
- Leica Q3 : On monte en gamme, toujours avec le capteur Sony de 61 MP et une optique de prestige de 28 mm (6750 euros).





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