
Robyn Denholm, présidente de Tesla, vient d’envoyer une seconde lettre fascinante aux actionnaires : approuvez le plan de rémunération d’1 trillion de dollars d’Elon Musk, ou il part.
Le package en question : 1 trillion de dollars en options d’achat, dévoilé en septembre dernier. Contexte supplémentaire : ce nouveau plan doit aussi remplacer celui de 2018, actuellement en procès dans le Delaware et menacé d’annulation définitive.
Comprenez bien le chantage : donnez-nous l’équivalent du PIB des Pays-Bas pour garder un CEO qui passe sa vie sur X à soutenir l’extrême droite européenne et à gérer une commission gouvernementale américaine. Un CEO dont les frasques politiques ont transformé Tesla en marque toxique pour une large partie de sa clientèle historique.
Un plan de rémunération aussi délirant que ses objectifs
Le package est déjà dans l’actualité depuis longtemps, celui qui est proposé accorde à Musk 12 tranches d’options d’achat liées à des objectifs que le conseil d’administration qualifie pudiquement d' »ambitieux ». Ambitieux… impossibles ou presque.
Jugez plutôt : porter l’EBITDA (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) de Tesla à 400 milliards de dollars (ils ont fait 16,6 milliards l’an dernier, soit 24 fois moins), atteindre une capitalisation boursière de 8 500 milliards de dollars (actuellement 1 440 milliards, soit 6 fois moins). Pour contextualiser, Apple, l’entreprise la plus valorisée au monde, plafonne à 3 500 milliards.


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Ces chiffres sont tellement grotesques qu’ils révèlent la vraie stratégie : fixer des objectifs inatteignables pour justifier un montant obscène. Si Elon Musk débloque ne serait-ce qu’une fraction de ces tranches, les actionnaires seront dilués de manière spectaculaire. Glass Lewis et ISS, les conseillers en vote indépendants, ont d’ailleurs recommandé aux actionnaires de voter contre. Réponse de Elon Musk ? Les traiter de « terroristes d’entreprise ». Sympa l’ambiance.
La vraie question : Tesla a-t-il encore besoin de Musk en 2025 ?
Robyn Denholm prévient que Tesla « pourrait perdre une valeur significative » si Elon Musk partait. Mais est-ce vrai ? Tesla en 2025 n’est plus la startup disruptive de 2012 qui avait désespérément besoin du « génie visionnaire » d’Elon Musk.
L’entreprise possède aujourd’hui :
- Des usines qui tournent dans le monde entier
- Une équipe d’ingénierie de premier plan
- Une gamme de produits établie (Model 3, Y, S, X, Cybertruck)
- Une avance technique réelle sur les batteries et l’intégration verticale
Le Elon Musk de 2025 passe l’essentiel de son temps à faire campagne pour des politiciens d’extrême droite en Europe, à lancer un Wikipédia d’extrême droite, à gérer X/Twitter, SpaceX, Neuralink, xAI… Combien d’heures par semaine consacre-t-il vraiment à Tesla ? La réponse est gênante.
Robyn Denholm menace d’une catastrophe si Elon Musk part, alors que son engagement politique actif représente déjà une catastrophe marketing en cours. Les ventes de Tesla se sont effondrées en Europe. La marque est devenue toxique auprès des early adopters progressistes qui ont fait son succès du début.
Un chantage qui révèle une dépendance
Ce qui me frappe dans cette lettre, c’est qu’elle révèle une pathologie organisationnelle. Tesla reste structurellement dépendant d’un seul homme au point de lui céder 1 000 milliards pour qu’il daigne rester (tout en continuant ses autres activités).
Aucune entreprise saine ne devrait fonctionner ainsi. Apple a survécu au décès de Steve Jobs. Microsoft au départ de Bill Gates. Amazon survivra à celui de Jeff Bezos. Mais Tesla ? Apparemment, c’est mission impossible sans Elon Musk.
Cette dépendance pose une question stratégique : si Elon Musk vaut vraiment 1 trillion, c’est que Tesla n’a aucune profondeur de banc. Aucun plan de succession crédible. Aucune capacité à fonctionner de manière autonome. C’est un aveu d’échec du conseil d’administration (dont Robyn Denholm fait partie, rappelons-le).
Les actionnaires se retrouvent dans une situation impossible : céder au chantage et accepter une dilution massive, ou appeler le bluff et risquer un effondrement du cours.
Le vote du 5 novembre
L’assemblée des actionnaires est prévue pour le 5 novembre. Dan Ives de Wedbush pense que le plan sera « approuvé par une large marge« . Il a probablement raison, mais pas pour les bonnes raisons.
Les petits actionnaires sont piégés. Voter contre = risquer un départ de Elon Musk et un crash du cours à court terme. Voter pour = accepter une dilution historique et valider un chantage inacceptable. Entre deux catastrophes, ils choisiront probablement celle qui ne se matérialise pas immédiatement.
Mais, ce vote ne changera rien au problème de fond. Elon Musk continuera ses activités politiques controversées. Tesla continuera de perdre des clients rebutés par l’image toxique de son CEO. Et dans 3-4 ans, on aura droit à un nouveau chantage quand le prochain plan de rémunération arrivera à échéance.
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