Palworld : les développeurs ont-ils menti sur le contenu du jeu ?

 

Le jeu à succès Palworld a été commercialisé dans un premier temps avec un classement PEGI 7 incorrect en raison des violences affichées par le jeu.

Le jeu Palworld est le jeu phénomène de ce début d’année depuis son lancement à succès le 19 janvier 2024. En seulement cinq jours, le jeu a enregistré plus de 7 millions de ventes, sans compter sa popularité sur le Xbox Game Pass. Il devient ainsi le second jeu le plus populaire de l’histoire de Steam, derrière l’indétrônable PUBG Battlegrounds et ses 3,2 millions de joueurs simultanés en 2018.

À titre de comparaison, Pokémon Épée et Bouclier, l’épisode avec le meilleur lancement de l’histoire de la franchise, avait enregistré 6 millions de ventes sur son week-end de lancement.

C’est aussi un jeu qui fait l’objet de nombreuses polémiques, notamment des accusations de plagiats de plusieurs jeux dont principalement la série Pokémon. Ce n’est pas le seul élément qui questionne avec le lancement de Palworld. Le studio aurait-il menti pour obtenir une classification compatible avec un plus large public ?

Un jeu PEGI 7 ?

Le 23 janvier au matin, des internautes comme @Taleboules sur Twitter ont remarqué que le jeu Palworld n’apparaissait pas sur les bases de données de l’ESRB, le PEGI ou encore l’USK. Il s’agit respectivement des systèmes de classification des jeux aux États-Unis, en Europe et au Royaume-Uni, permettant de définir à quelle tranche d’âge se destine un jeu. C’est évidemment un critère très important, d’autant plus que sur certaines plateformes comme la Xbox, il est possible de régler le contrôle parental pour n’autoriser qu’un accès aux jeux de la classe d’âge appropriée.

Par ailleurs, Palworld était indiqué sur le Microsoft Store avec une classification PEGI 7 qui semblait trop basse compte tenu du contenu du jeu. Voici la définition du PEGI 7 :

Les contenus présentant des scènes ou sons potentiellement effrayants se retrouvent dans cette classe. Avec une classification PEGI 7 des scènes de violence très modérées (une violence implicite, non détaillée ou non réaliste) peuvent être autorisées.

On comprend immédiatement que ce n’est pas approprié pour Palworld où la violence n’est pas implicite du tout. L’un des arguments de vente du jeu est la possibilité de posséder des armes à feu et de tirer sur les Pokémon pals.

C’est en réalité la classification PEGI 12 qui correspond au contenu du jeu.

Des jeux vidéo montrant de la violence sous une forme plus graphique par rapport à des personnages imaginaires et/ou une violence non graphique envers des personnages à figure humaine entrent dans cette classe d’âge. Des insinuations à caractère sexuel ou des postures de type sexuelles peuvent être présentes, mais dans cette catégorie les grossièretés doivent rester légères.

Le dessous de l’affaire

Pour comprendre le fond du sujet, Frandroid a pu interroger le PEGI Examinations & Consumer Affairs, ainsi qu’Olivier Gerard, Coordonnateur à l’UNAF (Union Nationale des Associations Familiales), association qui fait partie de la Commission des plaintes du PEGI, pour en apprendre plus.

Le jeu a été classifié PEGI 7 en se basant uniquement sur les déclarations du studio de développement de Palworld. Cela se fait à travers le processus de l’IARC, une version mondiale du PEGI en quelque sorte qui permet aux studios de n’avoir qu’un seul intermédiaire pour obtenir les classifications nécessaires.

Concernant l’absence du jeu des bases de données du PEGI. Ce dernier nous indique que le site officiel référence seulement les jeux ayant acquis une certification après un examen du PEGI, via la procédure classique du système. Cela concerne surtout les jeux avec une sortie au format physique.

Le jeu est désormais PEGI 12 sur le Microsoft Store // Source : Capture d’écran Frandroid

Après notre communication avec le PEGI, le jeu a été reclassifié en PEGI 12 et le Microsoft Store a été correctement mis à jour. À l’heure où de plus en plus de jeux vont faire l’impasse sur une sortie physique pour privilégier une sortie exclusivement en numérique, et donc avec une classification basée sur les déclarations des développeurs, on peut s’interroger sur la solidité du système. Palworld est-il l’un des premiers jeux à atteindre ce niveau de popularité en passant entre les mailles du filet ?

Autre point étrange, le jeu a été classifié T for Teen et USK 12 dans les autres systèmes, ce qui aurait dû se traduire par un PEGI 12 dès le départ. Nous avons donc posé la question au PEGI pour comprendre comment s’est déroulée la traduction de la classification IARC vers PEGI.

En l’état, le studio derrière Palworld ne semble pas avoir fait une déclaration erronée sur le contenu du jeu. Si c’était le cas, la classification USK et ESRB aurait également été plus basse qu’attendu. Nous avons par ailleurs interrogé le PEGI sur le contenu de la déclaration. Nous sommes en attente des réponses sur ces points.


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