« L’OLED consomme moins » : le gros mensonge qu’on vous sert depuis 10 ans sur les PC portables

 
Vous hésitez entre le modèle IPS « classique » et la version OLED « premium » de votre futur Dell, Asus ou Lenovo ? La réponse semble évidente. Et pourtant. Si vous tenez à votre autonomie, vous allez être surpris. La différence ne se compte pas en minutes, mais en heures. Et pas dans le sens que vous croyez.

Visuellement, l’OLED gagne par KO. Et le discours est rodé. On nous le sert à chaque explication technique, à chaque fiche produit. L’OLED, c’est l’avenir de l’autonomie. Un pixel noir = zéro consommation.

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C’est techniquement vrai. Mais c’est une vérité qui en cache une autre, bien plus gênante pour nos usages bureautiques : un pixel blanc sur de l’OLED est un gouffre énergétique. Et c’est là que le bas blesse. Quand on parle d’autonomie, l’histoire est radicalement différente.

On voit passer des dizaines de PC portables à la rédaction. Des Dell XPS, des Lenovo Yoga, des Asus ZenBook, des Acer. Et à chaque fois, le constat est le même. Prenez un Dell XPS 13. La version équipée d’une dalle IPS FHD+ est un chameau capable de tenir une journée entière. La version OLED 3.5K ? C’est une autre histoire. Et si vous pensez que c’est juste un détail technique, regardez les chiffres : on parle parfois du simple au double en termes d’autonomie.

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La physique est têtue : pourquoi le blanc coûte cher

Le problème ne vient pas de la batterie, mais de la manière dont la lumière est produite. C’est là que tout se joue.

Sur un écran IPS LCD, vous avez un rétroéclairage constant. Que votre écran affiche une page blanche éclatante ou une image sombre, la consommation d’énergie est quasiment identique (à luminosité égale). C’est stable, prévisible et linéaire. C’est pour ça que l’IPS est roi en bureautique.

À l’inverse, l’OLED ne possède pas de rétroéclairage. Chaque pixel produit sa propre lumière.

  • Un pixel noir ? Il est éteint. Consommation zéro.
  • Un pixel blanc ? Il crache tout ce qu’il a. Consommation maximale.

Le souci ? Windows, Word, Excel, la majorité des sites web… tout est blanc.

En affichant une page web classique (environ 60-70 % de blanc), votre écran OLED surconsomme massivement par rapport à un IPS.

Prenons un cas concret, mesuré et vérifié : le Dell XPS 13. C’est la même machine, la même batterie de 52 Wh, le même processeur.

  • La version avec écran IPS FHD+ tient environ 14 heures en navigation web.
  • La version OLED 3.5K ? Elle peine à dépasser les 7 à 8 heures. Effectivement, la définition, mais cela n’explique qu’une petite partie de la différence de performances.

Le « Dark Mode » ou la mort

Alors, est-ce que l’OLED est à jeter ? Non. Mais il impose une discipline de fer.

Pour espérer rivaliser avec l’IPS, vous devez vivre dans le noir. Thème sombre Windows, Dark Reader sur le navigateur, fonds d’écran noirs. Là, et seulement là, l’OLED redevient compétitif. En supprimant les pixels blancs, on coupe la consommation. Certains tests montrent qu’en mode sombre intégral, l’OLED peut même dépasser l’IPS.

Mais qui travaille uniquement en mode sombre ? La réalité, c’est qu’on reçoit des e-mails sur fond blanc, qu’on lit des PDF sur fond blanc.

Le verdict est sans appel. Si votre PC est votre outil de travail principal, que vous enchaînez les réunions, le traitement de texte et les tableurs, et que vous êtes souvent loin d’une prise : prenez l’IPS. C’est moins sexy, les noirs sont grisâtres dans le noir complet, mais votre PC aura bien plus d’autonomie.

Si vous êtes créatif, que vous bossez la photo/vidéo (souvent sur des interfaces sombres type Adobe) ou que votre PC sert surtout à consommer du Netflix le soir dans le lit : foncez sur l’OLED. L’image est sublime, le contraste infini est addictif.

La technique : Rétroéclairage passif vs Émission active

Pour comprendre, il faut regarder sous la dalle.

Un écran LCD IPS fonctionne comme une persienne devant une fenêtre. Vous avez un panneau de LED à l’arrière (le rétroéclairage) qui est allumé en permanence à une puissance fixe, disons 3 ou 4 Watts pour une luminosité moyenne. Que l’écran affiche une page blanche éclatante ou une image sombre, la consommation est quasi identique. Les cristaux liquides se contentent de bloquer ou laisser passer la lumière. C’est passif, linéaire et stable.

L’OLED, c’est l’inverse. C’est une technologie émissive. Il n’y a pas de rétroéclairage global. Chaque sous-pixel (Rouge, Vert, Bleu) est sa propre ampoule.

  • Pour faire du noir ? On coupe tout. Consommation : 0 Watt. Le rêve.
  • Pour faire du blanc ? Il faut allumer les trois sous-pixels (R+V+B) simultanément et à pleine puissance.

Le problème, c’est la courbe de consommation. Elle n’est pas linéaire. Pour obtenir un blanc pur à 400 nits sur une dalle OLED 4K, la consommation explose. On peut monter à 10, 12, voire 15 Watts rien que pour l’écran. C’est trois à quatre fois plus qu’un écran LCD équivalent.

C’est là que l’usage PC entre en collision avec la technologie. Contrairement à une TV où l’on regarde des films (images contrastées, scènes sombres), sur un PC, on affiche du blanc.

Word ? Blanc. Excel ? Blanc. La quasi-totalité du web ? Fond blanc. Gmail ? Blanc. Sur un PC portable, on appelle ça le APL (Average Picture Level), le niveau moyen de luminosité de l’image. En bureautique, le APL est souvent supérieur à 60-70 %. Dans cette zone, l’OLED est structurellement perdant. Il doit alimenter des millions de sous-pixels à fond. L’IPS, lui, s’en moque : son rétroéclairage consommait déjà cette énergie de toute façon.

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