L’Europe a récemment imposé l’usage de l’USB Type-C pour une vaste gamme d’appareils électroniques, poussant ainsi des géants tels qu’Apple à revoir leurs connectiques (sur les iPhone 15, entre autres). Cette directive européenne embrasse une vision où un chargeur universel pourra alimenter téléphones, tablettes, ordinateurs, et autres appareils de basse puissance. Derrière cette ambition, deux arguments principaux sont avancés : le confort d’un standard unique de charge et l’avantage écologique lié à la réduction des déchets électroniques. Cependant, cette uniformisation ne va pas sans susciter des critiques.
Un membre de l’USB Implementers Forum (USB-IF), l’organisme en charge du développement de l’USB, a exprimé sur X (Twitter) une série de réserves concernant cette standardisation forcée. Que reproche-t-il à l’Union européenne ? Plusieurs choses.
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Il souligne que le passage obligé à l’USB Type-C et à son format spécifique de Power Delivery pourrait non seulement augmenter les déchets électroniques et les coûts pour les consommateurs, mais aussi complexifier inutilement l’utilisation des câbles.
Pour le confort, ce n’est pas gagné
Déjà, d’un point de vue pratique. L’obligation de passer à l’USB-C et sa version spécifique de Power Delivery soulevée par l’UE pourrait aussi signifier une possible réduction de l’interopérabilité avec les appareils plus anciens.
La promesse de confort de l’USB-C, selon le membre de l’USB-IF, est nuancée par la complexité sous-jacente de la technologie. En théorie, un seul type de connecteur pour tous les appareils promet une simplicité révolutionnaire. En pratique, la variété des spécifications USB-C et des capacités de Power Delivery peut prêter à confusion.
Non tous les câbles USB-C ne sont pas créés égaux : certains supportent certaines vitesses de transfert de données ou niveaux de charge, d’autres non. Cette disparité pourrait entraîner une complexité inattendue pour l’utilisateur final, qui devra comprendre et choisir le bon câble pour chaque appareil et usage, éloignant ainsi la promesse d’une expérience utilisateur simplifiée.
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Rappelons que l’USB Type-C est une connectique, mais pas une norme. On peut faire de l’USB 2.0, de l’USB 3.1 ou de l’USB 3.2 ou de l’USB 4 avec un connecteur Type-C. Le tout est rétrocompatible, mais aucun standard n’est imposé (le Thunderbolt 4 fonctionne aussi avec une connectique identique). De plus, la Commission européenne explique que seul le réceptacle USB Type-C est exigé, ce qui signifie que les constructeurs pourront fournir un câble USB 2.0 limité à de la recharge, sans possibilité de transférer rapidement des fichiers.
Un progrès à double tranchant
L’USB-C a été adopté comme le futur de la connectique, mais ce choix pourrait, selon l’expert de l’USB-IF, imposer des limites à l’innovation future. En figeant l’innovation sur une seule technologie, l’UE pourrait inhiber le développement de nouvelles connectiques potentiellement plus performantes.
L’exemple historique du passage du Micro USB au Lightning puis à l’USB-C montre que l’innovation est souvent le résultat de la diversité et de la concurrence, pas de l’uniformisation. Le risque est donc de ralentir l’apparition de technologies plus avancées qui pourraient offrir des améliorations significatives en termes de vitesse, d’efficacité ou de fonctionnalités.
On peut même se poser une question : si le Micro USB avait été imposé, le Lightning et l’USB Type-C seraient-ils apparus ? Pas si sûr.
Une solution écologique en question
Du point de vue environnemental, l’adoption de l’USB-C présente une complexité inattendue selon lui. L’intention derrière la standardisation est de réduire les déchets électroniques en limitant la prolifération des types de câbles et chargeurs.
Cependant, l’expert de l’USB-IF pointe du doigt que la réalité pourrait être moins verte. La complexité et la diversité des capacités des câbles USB-C signifient que tous ne sont pas interchangeables, ce qui pourrait en fait entraîner une augmentation des déchets électroniques.
Pour comprendre la critique environnementale de l’USB-C soulevée par le membre de l’USB-IF, il faut considérer la structure interne des câbles et connecteurs. Les câbles plus anciens comme ceux du type Micro-B ou les DC power jacks sont relativement simples : ils contiennent généralement deux fils, un pour le positif et un pour le négatif, et éventuellement un petit nombre de fils supplémentaires pour le transfert de données. Cette simplicité signifie moins de matériaux, une fabrication plus simple, et par conséquent, un impact environnemental moindre.
En revanche, un câble USB-C contient environ une douzaine de fils et de nombreux contacts métalliques supplémentaires pour supporter ses diverses fonctions : non seulement la charge et le transfert de données, mais aussi des capacités comme la sortie vidéo et l’audio, sans parler de la gestion de l’alimentation plus complexe permise par le Power Delivery. Chaque fil supplémentaire représente des ressources supplémentaires en termes de matériaux et d’énergie pour la fabrication. De plus, la complexité accrue rend le recyclage plus difficile et plus coûteux, augmentant ainsi l’empreinte environnementale du câble.
Tout n’est pas négatif
L’expert souligne qu’il existe tout de même des aspects positifs, notamment le phénomène de l’unbundling ou dégroupage. L’unbundling fait référence à la pratique consistant à vendre les appareils électroniques sans chargeur inclus, connu sous le terme d’External Power Supply (EPS). Cette approche est vue globalement comme une avancée positive pour plusieurs raisons.
D’abord, l’unbundling permet de réduire les déchets électroniques. Lorsque les consommateurs accumulent des chargeurs à chaque nouvel achat d’appareil, beaucoup se retrouvent avec une surabondance de chargeurs similaires, contribuant au gaspillage électronique. En dissociant la vente des chargeurs des appareils, les utilisateurs peuvent réutiliser les chargeurs qu’ils possèdent déjà, ce qui diminue le nombre total de chargeurs produits et éventuellement jetés.
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De plus, cette pratique encourage la standardisation des chargeurs entre différents appareils. Si les consommateurs peuvent utiliser le même chargeur pour plusieurs appareils, il y a moins de besoins d’acheter des chargeurs spécifiques pour chaque appareil. Cela renforce l’objectif d’uniformisation des connecteurs et de réduction des déchets, en ligne avec les objectifs de l’USB-C. Enfin, l’unbundling peut également avoir des avantages économiques pour le consommateur. Ne pas avoir à payer pour un nouveau chargeur à chaque achat d’appareil peut réduire le coût global, surtout pour ceux qui ont déjà des chargeurs compatibles à la maison.
Et, la charge sans fil ?
La charge sans fil, bien que non réglementée par l’actuelle directive européenne sur l’USB-C, converge naturellement vers la norme Qi, adoptée par la plupart des constructeurs, y compris Apple (qui a d’ailleurs été le premier à utiliser le Qi 2).
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La Commission européenne garde un œil sur tout ça et pourrait un jour intégrer la charge sans fil dans les règles, mais pour l’instant, elle préfère laisser les entreprises innover.
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