DxOMark dévoile la liste des smartphones les plus endurants

Le tableau d'honneur avec quelques surprises

 

Devenue l’un des critères principaux d’achat, l’autonomie n’est pas toujours aussi reluisante que les constructeurs le laissent entendre. Le laboratoire DxOMark a passé près d’un an à mettre au point un protocole pour juger de la durée de vie quotidienne des smartphones. Avec plus d’une vingtaine de modèles testés, l’heure est à la remise des bons points. Et il y a des surprises…

Samsung Galaxy M51
Source : Frandroid

Après les appareils photo des smartphones, leur écran ou encore l’audio, DxOMark s’intéresse désormais à la batterie. Le laboratoire français, spécialiste du test technique et en situation, a décidé de faire le tour de nos smartphones et de leurs promesses, histoire de rassurer les 77 % de Français qui voient en l’amélioration de la batterie un point essentiel (sondage Global Web Index).

Trois critères sont désormais prépondérants dans l’acte d’achat : le design, l’appareil photo et l’autonomie. Le premier se traduit notamment dans la qualité d’écran. Le second critère a fait la renommée de DxOMark. Il était logique de s’attaquer à l’endurance de l’appareil qui est aujourd’hui devenu un argument marketing pour bon nombre de constructeurs.

Comment comprendre qu’une même batterie annonce une durée de vie différente d’un smartphone à un autre, qu’un téléphone charge plus lentement que son concurrent avec pourtant la même puissance de charge annoncée, ou encore que vos derniers 20 % affichés s’étiolent bien plus vite que ceux de votre voisin ?

Le laboratoire de Boulogne-Billancourt a passé au crible près d’une vingtaine de références pour établir un classement des smartphones les plus performants lorsqu’il est question d’autonomie. Et ce, selon de multiples critères aussi bien techniques qu’environnementaux.

Batterie : les chiffres ne sont que des chiffres

Depuis plus d’un an, deux anciens de Wiko ont rejoint DxOMark pour porter un projet qui leur tenait à cœur : le calcul de l’autonomie des smartphones, leurs promesses sur le long terme comme leur impact environnemental. « Aujourd’hui, on n’entend plus parler que de course à celui qui affiche le plus de mAh et de Watts », nous explique Olivier Simon, Directeur Evaluation Qualité Batterie. « Sauf que cela ne veut pas forcément dire grand-chose pour l’utilisateur ni même d’un point de vue de l’efficacité alors que c’est un élément crucial de l’expérience avec un smartphone ».

La course au chargeur de 125 Watts et les batteries de 7000 mAh indiquent tout de même un niveau élevé pour recharger votre batterie ou durer longtemps, mais ne sont souvent pas les plus bénéfiques pour votre smartphone, car pas optimisés, et ne correspondant parfois pas aux attentes quand il est question d’usage. Avec Aurélie Singer, ils ont décidé de mettre au point leur propre protocole pour mesurer réellement l’efficacité de la batterie d’un smartphone selon de multiples critères.

Le protocole de test mesure aussi la consommation électrique via un oscillographe // Source : DxOMark

« Une batterie de 5000 mAh peut ainsi correspondre à 46 heures chez un fabricant comme Samsung et dépasser les 71 heures chez Vivo », souligne Olivier Simon. « Un chargeur de 65 W peut mettre moins de 40 minutes chez Oppo et près de 1 heure chez d’autres. Cela dépend trop des composants choisis par le constructeur, de l’optimisation de la gestion de la batterie… ».

Le responsable cite notamment le cas d’Apple qui « n’a pas les batteries les plus impressionnantes, mais leur optimisation, le travail sur chaque élément de l’iPhone, permettent une durée de vie et un fonctionnement, notamment sur les derniers pourcentages d’autonomie, impressionnants, tout en garantissant la sécurité du téléphone. »

Désormais, deux philosophies apparaissent quand il est question de batterie : tenir longtemps ou se recharger vite. Les milliampères-heures ou la puissance de charge en watts captent donc l’attention des futurs acheteurs. « Cela ne reflète en rien l’expérience réelle », tempère Aurélie Singer, directrice marketing produit. « C’est pourquoi nous avons élaboré un protocole qui s’appuie sur les spécificités techniques éprouvées en laboratoire et sur l’usage quotidien dans des conditions réelles ».

150 heures de test et 70 mesures

Au total, ce sont 70 mesures et 100 paramètres qui sont pris en compte, avec des coefficients différents selon trois critères essentiels :

  • L’autonomie (coefficient 3) : temps d’usage attendu pour une charge complète. C’est l’élément le plus tangible pour le consommateur, car c’est une estimation en vie réelle.
  • La charge (coefficient 2) : charge pleine atteinte ou non, charge récupérée sur de courtes durées, charge sans fil…
  • L’efficacité énergétique (coefficient 1) : consommations résiduelles des chargeurs, consommation en usage et efficacité de la charge. C’est le calcul des pertes aussi, de la capacité par rapport à l’autonomie.

Les tests scientifiques sont réalisés dans une cage de Faraday pour éviter toute interférence, notamment lorsqu’ils sont connectés en 2G/3G/4G, mais pas encore testés avec la 5G, « le bâtiment de DxOMark à Boulogne-Billancourt n’est pas dans une zone couverte », précise Olivier Simon. Cela est néanmoins prévu comme mesure dans les prochaines évolutions de l’outil.

Les ingénieurs de l’équipe profitent aussi d’équipements de pointe tels que des robots qui reproduisent le fonctionnement d’un doigt pour tester le smartphone en réalisant tous les gestes du quotidien : faire défiler l’écran, ouvrir des applications, écrire des messages, jouer, surfer sur les réseaux sociaux… Ils sont calibrés pour reconnaître et s’exercer sur toutes les interfaces ou OS (Android, iOS, One UI, EMUI, etc.).

Toutes sortes d’utilisation qui mettent la batterie à l’épreuve à travers la consommation de données, la connectivité — si vos antennes sont faibles et/ou mal disposées, l’appareil consommera plus. Et pour juger de l’impact de la luminosité de l’écran, la cage subit différentes conditions lumineuses en fonction du jour ou de la nuit. C’est là l’un des aspects les plus énergivores pour la batterie.

En plus de six jours de test et 150 heures de mise à l’épreuve, le smartphone hérite d’une note qui ressemble assez aux habitudes de DxOMark pour les appareils photo de smartphone : une note finale avec des sous-scores, mais aussi l’indication du temps de chargement et de la durée de vie de la batterie.

Exemple d’affichage de la note d’autonomie d’un smartphone // Source : DxOMark

Un mélange de spécifications techniques, mais aussi d’usages réels avec des tests en intérieur comme en extérieur, lorsque d’autres éléments interviennent (connexion 4G, utilisation d’un GPS, appels, etc.). C’est aussi pour cela que DxOMark tient à indiquer des éléments comme une autonomie possible en fonction de votre profil. Si vous êtes adeptes du jeu mobile et sollicitez beaucoup votre appareil, la batterie risque d’en prendre un coup, bien plus que si vos usages se résument à un peu de navigation, de lecture de mails et d’appels.

Et le meilleur smartphone en autonomie est…

Pour annoncer son premier classement, DxOMark a testé 17 smartphones, toutes gammes de prix confondus. Et le premier vainqueur est le Samsung Galaxy M51, doté d’une très grosse batterie de 7 000 mAh. C’est lui qui se place à la première place avec une note générale excellente qui dénote de très bonnes performances en adéquation avec sa promesse.

Le classement des smartphones selon leur capacité et leur autonomie // Source : DxOMark

Pourtant, lorsque l’on parle d’autonomie, c’est finalement le Wiko Power U30 qui apparaît en tête grâce à une autonomie en usage classique allant jusqu’à 80 heures.

Le classement des smartphones avec la meilleure autonomie // Source : DxOMark

Mais le monstre de Wiko pêche en revanche au niveau de la vitesse de charge avec une note de 58 en raison de son chargeur 15 W seulement. Sans surprise, Oppo place ses Find X3 dans le haut du classement dès qu’il est question de vitesse de charge avec des temps de charge 0-80 % imbattables, notamment pour le surprenant Find X3 Neo. En termes d’efficacité énergétique, l’iPhone 12 Pro Max devance largement la concurrence.

Donner une vision globale de l’autonomie d’un smartphone

L’idée est avant tout d’offrir une vue globale du produit en matière d’autonomie, mais aussi en corrélant des informations importantes qui échappent souvent aux consommateurs. Les ingénieurs tiennent ici compte de certains éléments comme le niveau de charge réelle quand un smartphone affiche 100 % et à quelle vitesse il effectue la charge de 80 à 100 %. Le temps est généralement beaucoup plus long en raison du voltage maximum et pour éviter toute surchauffe.

Source : DxOMark

De même, lorsque votre écran affiche 20 % restants de batterie, certains constructeurs en sont en fait à 15 % (le Xiaomi Mi 10T Pro par exemple) et d’autres s’avéreront proposer plutôt 23 ou 25 % dans les faits (Apple iPhone 12 mini ou le Find X3 Neo). Et ce ne sont généralement pas ceux qui ont promis une autonomie folle.

Le quick boost, cette capacité à récupérer de l’autonomie en 5 minutes de charge, argument souvent fort chez les fabricants, est également inégal selon les smartphones, mais aussi selon le pourcentage de batterie restant dans votre appareil (vous récupérerez plus d’autonomie avec 5 minutes de charge s’il vous restait 10 % que si vous étiez à 80 %). « Ne croyez pas aveuglément l’interface de votre téléphone », martèle-t-on chez DxOMark qui rappelle aussi qu’une charge rapide n’est pas toujours rapide. Ou du moins pas pour tout.


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