La preuve que l’Europe est à la traîne sur la batterie pour voiture électrique

 

Les voitures électriques, on en voit de plus en plus dans les rues. Et pour cause, les voitures thermiques seront interdites à la vente dès 2035. Mais ce que beaucoup ignorent, c'est que le cœur battant de ces véhicules, leur batterie, vient très probablement de Chine ou de Corée du Sud. C'est ce que nous révèle une étude récente : ces deux pays sont les champions incontestés du marché des batteries.

Source : LG Energy Solutions

La révolution électrique est en marche, et au cœur de cette transformation se trouve un composant crucial : la batterie. Elle est souvent au centre des débats. L’autonomie, la performance et la viabilité économique des véhicules électriques dépendent de la qualité de leurs batteries, et à cet égard, la Chine et la Corée du Sud sont en train de prendre une longueur d’avance.

Le marché des batteries de voitures électriques, et plus globalement tous les véhicules électriques, a connu une croissance exponentielle de 54 % au premier semestre de l’année 2023, franchissant le seuil impressionnant des 300 GWh.

Cette expansion fulgurante des ventes de batteries va de pair avec l’ascension des véhicules électriques eux-mêmes, qui ont vu leurs ventes mondiales bondir de 43 %.

Au cœur de cette dynamique se trouvent des noms désormais familiers : CATL et BYD, des géants chinois qui à eux seuls concentrent un impressionnant 50 % du marché global. CATL, en particulier, revendique la part du lion avec 34 %, un chiffre qui reflète non seulement son emprise sur le marché asiatique, mais aussi son expansion mondiale.

Source : Counterpoint

Mais que signifie cette prédominance ? D’une part, elle montre l’expertise et la capacité de production massives de la Chine dans le domaine des batteries. Aussi, elle souligne une stratégie d’État qui a su combiner subventions, réglementations favorables et investissements dans la recherche et le développement pour positionner le pays en tant que leader incontestable. Les batteries fabriquées par CATL et BYD sont au cœur de nombreux modèles de véhicules électriques populaires, notamment les versions standard des Model 3 et Model Y de Tesla produites à Shanghai.

Non loin derrière la Chine, la Corée du Sud maintient sa présence significative sur le marché. LG Energy Solution, Samsung SDI et SK Innovation cumulent ensemble une part de marché avoisinant les 25 %. Ces entreprises ne sont pas seulement des fournisseurs pour des marques autochtones comme Hyundai et Kia, mais elles sont aussi des partenaires clés pour des constructeurs internationaux, y compris pour les versions hautes performances de Tesla.

La stratégie sud-coréenne, bien que différente dans son approche, est tout aussi efficace. Les grandes entreprises, souvent soutenues par un consortium d’industries et l’État, ont misé sur l’innovation et la qualité. La robustesse de leurs produits est reconnue et leur capacité à innover dans les technologies de batteries avancées leur permet de rester compétitifs face à l’énorme capacité de production chinoise.

Qui achètent les batteries ?

Au milieu de ce jeu géopolitique des batteries se trouvent les constructeurs automobiles eux-mêmes, qui jouent un rôle crucial dans cette dynamique de marché. Prenez Tesla, BYD et Volkswagen : ces trois-là ont consommé à eux seuls près de la moitié des batteries vendues dans le monde au premier semestre 2023. Pour Tesla, par exemple, le succès retentissant de ses Model 3 et Model Y n’est pas étranger à la bonne santé financière de CATL et LG Energy Solutions.

Source : Counterpoint

Mais l’influence ne s’arrête pas là. Des constructeurs comme Hyundai, Kia et Ford donnent un coup de pouce à SK Innovation, un autre poids lourd coréen. Et puis, il y a Samsung SDI, qui alimente en énergie les véhicules de marques aussi diverses que Rivian et BMW. Et pendant ce temps, au Japon, Panasonic ne se laisse pas faire et fournit en masse les Tesla qui défilent sur les routes américaines.

Vers une diversification des sources ?

Ce panorama de la production de batteries soulève des questions. L’Europe et l’Amérique du Nord, qui connaissent également une augmentation de la demande pour les voitures électriques, sont désormais confrontées à un dilemme : continuer à s’appuyer sur des fournisseurs asiatiques ou construire leurs propres chaînes d’approvisionnement. Des initiatives comme l’Alliance des Batteries en Europe (European Battery Alliance) et les investissements de constructeurs américains dans la production de batteries montrent une volonté claire de rééquilibrer la carte mondiale de la production.

En effet, avec l’augmentation des ventes de véhicules électriques, il est essentiel pour ces régions de sécuriser leur approvisionnement en batteries. Cela a incité des entreprises comme Tesla à envisager la production de leurs propres cellules de batteries, tandis que des constructeurs traditionnels tels que Volkswagen, BMW, Mercedes-Benz et Stellantis investissent dans la recherche et le développement, ou dans des partenariats avec des entreprises de batteries spécialisées.

Et en France ?

La scène industrielle française se prépare à un véritable renouveau dans le secteur des batteries pour véhicules électriques avec l’annonce de la construction de trois usines majeures sur son territoire. La première à Dunkerque, pilotée par Verkor, s’annonce comme un fleuron de la technologie propre, avec une usine de production de batteries bas carbone. Ils débuteront avec une capacité de 16 GWh dès 2025, mais ne comptent pas s’arrêter là, visant les 50 GWh à l’horizon 2030. Ce projet, qui compte Renault parmi ses partenaires privilégiés, promet d’insuffler un nouvel élan à la filière automobile française.

À Douai, c’est une autre usine qui s’érige en symbole de la convergence entre la logistique maritime et l’industrie automobile grâce à sa proximité avec le port de Dunkerque et l’usine Renault. Envision AESC se joint à cette initiative pour consolider ce projet d’envergure, qui marque l’ambition française de se positionner comme un leader européen de la production de batteries.

La troisième usine, portée par ACC dans les Hauts-de-France, se prépare à lancer sa production pour la fin de l’année 2023. Avec des objectifs de production atteignant entre 24 et 32 GWh d’ici 2030, elle vise à équiper jusqu’à 500 000 véhicules électriques tels que les populaires Renault Zoé ou Peugeot e-208.

Et pour ajouter à cette dynamique, en mai 2023, un quatrième projet a été dévoilé : la création d’une usine dédiée aux batteries solides, une technologie en devenir, prévue pour une opérationnalisation en 2026. Avec une production estimée à 48 GWh par an, c’est ProLogium, une entreprise taïwanaise, qui investit dans l’avenir électrique à Dunkerque.


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