Une situation « préoccupante » : pourquoi le succès des voitures électriques en Europe est à prendre avec des pincettes

 
Les ventes de voitures électriques repartent à la hausse en Europe depuis le début de l’année. Une croissance qui repose essentiellement sur les flottes d’entreprise et les ventes tactiques ; les particuliers semblent encore à convaincre.
La Volkswagen ID.7, championne des ventes aux flottes // Source : Volkswagen

Bonne nouvelle : après une année 2024 morose, les ventes en Europe de voitures électriques repartent à la hausse en 2025. 610 000 immatriculations ont été ainsi réalisées au premier trimestre, une progression de 27 % par rapport à l’année précédente.

Une vérité qu’il convient de nuancer : une enquête du Handelsblatt révèle que cette croissance est très majoritairement soutenue par les ventes aux professionnels, avec des particuliers qui semblent ne pas encore trouver chaussure à leurs pieds.

Les marques allemandes à la peine

Le quotidien économique allemand a épluché les canaux de vente des voitures électriques en Europe, de quoi découvrir que moins d’un tiers d’entre elles ont été réalisées à des particuliers. Une décroissance au fil des ans, passant de 38 % en 2023 à 31 % au premier trimestre 2025 ; en comparaison, cette proportion se maintient à 37 % sur l’intégralité du marché européen.

Volkswagen ID.7

Une des raisons principales : le durcissement des règles d’électrification des flottes partout en Europe, France compris. Ce qui met certains modèles sous les feux de la rampe : le carton de la Volkswagen ID.7, par exemple, est quasi-exclusivement dû aux flottes : plus de 16 000 des 18 800 ventes ont été réalisées à des professionnels. Même son de cloche pour l’Audi Q6 e-tron, dont les ventes aux particuliers ne dépassent pas 10 % ; son homologue thermique, le Q5, arrive à 50 %.

En se concentrant sur l’Allemagne, qui subventionne les ventes de voitures électriques aux flottes, la situation devient cruelle pour les marques locales : Audi, par exemple, n’y vend que 7 % de ses voitures électriques à des particuliers ; en 2024, c’était 11 %. « Nous ne pouvons pas nous satisfaire de cela », déclare un haut responsable d’Audi au média allemand.

Audi Q6 e-tron quattro // Source : Audi

Les ventes tactiques, lorsque les marques ou les concessions immatriculent elle-même leurs voitures, prennent une place considérable : elles représentent jusqu’à 53 % des immatriculations de voitures électriques en Allemagne dans le cas d’Opel.

Des voitures électriques encore trop chères pour les particuliers

Une situation « préoccupante » pour Stefan Reindl, directeur de l’Institut pour l’industrie automobile (IfA), qui considère que les ventes aux particuliers sont « un indicateur fiable de la demande réelle du marché ».

Les raisons de ce désamour sont nombreuses. Les craintes autour de l’autonomie ou de la recharge sont toujours présentes, de même que les problèmes de dépréciation dont ont souffert les précédentes générations de voitures électriques, aux prestations rapidement devenues dépassées.

La Citroën ë-C3, preuve de la demande des clients pour des voitures électriques abordables // Source : Jean-Baptiste Passieux – Frandroid

Dernier point : les prix, jugés toujours trop haut par rapport aux concurrentes thermiques ou hybrides. Sur ce dernier point, les succès commerciaux de l’année sont assez révélateurs, avec les excellents débuts de carrière de la Renault 5 E-Tech (dès 27 990 euros hors bonus écologique en France) et de la Citroën ë-C3 (à partir de 23 300 euros hors bonus en France). Quant à la Dacia Spring (dès 16 900 euros), 76 % de ses ventes allemandes se font à des particuliers.

Pour aller plus loin
La Renault 5 électrique triomphe dans un pays européen autre que la France

Cette vague de petites voitures électriques devrait se poursuivre en 2026 avec l’arrivée des citadines du groupe Volkswagen, promises à 25 000 euros : la Cupra Raval, la Volkswagen ID.2 et le Skoda Epiq devraient aider à convaincre de plus en plus de foyers à passer à l’électrique, sans compter le segment à 20 000 euros, dans lequel se battront l’ID.1 et la future Renault Twingo.