« Forcer le passage ne fonctionne pas » : le patron de BMW France critique l’échéance 2035 pour la fin de la voiture thermique

 
On s’attendait à un combat de coqs, on a eu une alliance de circonstance. D’un côté, Vincent Salimon, patron de BMW France. De l’autre, Pierre Chasseray, de l’association 40 millions d’automobilistes. Face à l’échéance de 2035, ils dressent le même constat brutal : « On va droit dans le mur ».

Dans notre émission Survoltés, d’ailleurs suivez notre chaîne YouTube avec des vidéos exclusives, on a réuni un casting cinq étoiles pour parler du sujet qui fâche : la fin de la vente des voitures thermiques en 2035. Et si vous pensiez que la ligne de fracture se situait entre « les méchants industriels » et « les gentils écolos », vous vous trompez.

La réalité qui a émergé de ce débat est bien plus complexe. Vincent Salimon, patron de BMW France, et Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d’automobilistes, se sont retrouvés, presque malgré eux, dans le même camp. Celui qui tire la sonnette d’alarme.

Face à eux, Léo Larivière de l’ONG Transport & Environnement et notre responsable de Survoltés Vincent Sergère ont tenu la ligne de l’urgence climatique et technologique.

L’alliance inattendue : « On va droit dans le mur »

Commençons par le constat de BMW. Vincent Salimon ne joue pas au technophobe. Au contraire. 27 % des ventes de BMW en France sont déjà 100 % électriques.

« S’il faut y aller, on est prêt », assure-t-il.

Mais il y a un « mais ». Un gros. Pour lui, « forcer le passage sur 100 % électrique, c’est forcer quelque chose que les consommateurs ne veulent pas ». Le résultat ? Les gens gardent leurs vieilles voitures, le parc vieillit et pollue davantage. C’est l’effet pervers.

Pierre Chasseray, de 40 millions d’automobilistes, ne dit pas autre chose. Pour lui, ce n’est pas une transition, « c’est une révolution ». Et son diagnostic terrain est sans appel :

« J’ai parlé avec les automobilistes. Ils m’ont dit « c’est trop cher » et « j’ai pas de prise ». »

Les deux hommes plaident pour la même solution : la neutralité technologique. Ne pas mettre tous les œufs dans le même panier et laisser une place à l’hydrogène, à l’hybride rechargeable ou aux carburants renouvelables.

La contre-attaque : « L’avenir des emplois, c’est l’électrique »

Mais attendez. Dire que 2035 est une erreur, c’est oublier pourquoi on le fait. Léo Larivière (T&E) a recadré le débat avec des chiffres. Le transport, c’est un tiers des émissions de CO2 en Europe.

« À aucun moment le GIEC ne nous dit que la transition va passer par les moteurs thermiques »

Pour lui, reculer maintenant serait un suicide économique. L’industrie a besoin de cap clair pour investir. Pire, rester au thermique, c’est rester dépendant « de la Russie, des pays de l’OPEP… des pays qui ne sont pas très alliés de la France ».

Notre journaliste Vincent appuie là où ça fait mal : la technologie.

« Toutes ces technologies alternatives [e-fuel, hydrogène], c’est un peu de la poudre aux yeux »

Le rendement d’un moteur électrique est de 95 %, contre 40 % pour un thermique. Vouloir sauver le moteur à explosion, c’est s’acharner sur une technologie du passé face à des Chinois qui rechargent déjà en 7 minutes.

La réalité du terrain : 3 € les 100 km

Pour sortir des postures, il fallait un utilisateur. Un vrai. Christophe Debonne, vice-président de la Fauve, roule en électrique depuis 10 ans. Il a commencé en 2013 avec une Peugeot iOn et roule aujourd’hui en Tesla Model 3.

Peugeot iOn

Son verdict ? L’électrique, c’est du pouvoir d’achat.

« À la maison, on est à 3 € les 100 km. Sur un thermique, on doit être à 10-12 €. »

Il balaie les angoisses de Pierre Chasseray. La galère des bornes ? C’était vrai il y a 10 ans quand il fallait « chercher la petite prise pirate » sur un parking. Aujourd’hui ? « C’est indéniable, l’arrivée de la Tesla Model 3 et l’ouverture des réseaux a tout changé. » Pour lui, l’échéance 2035 ne paraît « pas si déconnante ».

Le débat se termine sur un constat en demi-teinte. L’industrie (BMW) est prête techniquement mais tétanisée par l’absence de demande client.

Les défenseurs des automobilistes (40M) crient à la fracture sociale. Et les pro-VE (T&E, Fauve) rappellent que le train est déjà parti et qu’il vaut mieux monter dedans que de rester sur le quai à regarder les Chinois passer.

La phrase de la fin revient à notre animateur, Grégoire, qui résume le nœud du problème :

« Au-delà du climat, il y a un mot qui revient beaucoup : c’est le prix. »

Tant que l’électrique ne sera pas accessible à tous, le mur de 2035 fera peur. Mais justement, le patron de BMW France se veut rassurant sur le sujet : « nous notre succès dans l’électrique, c’est qu’on fait la parité en terme de tarif. Donc aujourd’hui, on peut acheter une BMW et 100 % électrique, hybride rechargeable ou thermique au même prix« . C’est vrai, mais en leasing uniquement.

En achat comptant, une voiture électrique reste bien souvent globalement plus cher que son homologue thermique. Mais si on prend en compte tous les frais (achat, assurance, entretien et énergie), alors la voiture électrique coûte moins cher qu’une essence ou qu’un diesel comme de nombreuses études sur le sujet le prouvent.


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