Pour le PDG d’Orange, l’État est en bonne partie responsable de l’échec du rachat de Bouygues Telecom

 

Stéphane Richard est revenu sur l’échec des négociations entre Orange et Bouygues Telecom. Le PDG d’Orange affirme que s’il y a eu des erreurs, elles sont partagées entre les différents acteurs. Mais pour lui, le fait que le marché français soit encore partagé entre quatre opérateurs ne devrait pas empêcher les prix de remonter.

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Après l’échec des négociations pour le rachat de Bouygues Telecom par Orange vient le temps des constats. Pour Stéphane Richard, l’une des principales victimes de cet échec avec Martin Bouygues, il n’y a pas d’unique responsable. « Il y a sans doute plutôt une pluralité de causes. Certains ont sous-estimé leurs difficultés de transformation, chacun a tiré un peu trop la corde. L’Etat a peut-être pensé que Bouygues négociait dos au mur. Chacun a sa part de responsabilité » explique-t-il à l’occasion d’une longue interview accordée à Challenges.

 

Martin Bouygues « a peut-être sous-estimé la complexité du sujet »

Le PDG d’Orange se montre d’ailleurs particulièrement aimable avec les autres PDG des opérateurs, qualifiant ici de Patrick Dahi (SFR) de « vrai entrepreneur […] concentré sur les paramètres économiques que sur les risques », expliquant là que Xavier Niel (Free) « a une certaine aversion au risque » mais qu’il a été « un partenaire loyal » et se montrant finalement plus sévère avec Martin Bouygues, indiquant qu’« il a peut-être sous-estimé la complexité du sujet » malgré sa « constance et sa fidélité ». À écouter Stéphane Richard, dans le monde des grands patrons des télécoms, tout le monde est gentil et bienveillant.

 

L’État a trop défendu ses intérêts ?

En lisant entre les lignes, on comprend toutefois que pour Stéphane Richard, c’est surtout l’État qui est responsable de l’échec de ces négociations. Revenant sur le fait que l’État ne voulait pas donner trop d’actions Orange à Martin Bouygues en cas de rachat réussi, Stéphane Richard indique : « L’État estime avoir défendu son intérêt patrimonial. Je n’ai pas à en juger ». Il ajoute, un peu amer : « La seule question à se poser est pourquoi l’État veut-il rester actionnaire d’Orange? Est-ce pour toucher un dividende, pour l’accompagner dans son développement en Afrique, pour maintenir les prix les plus bas possibles ? On a parfois l’impression d’être au coeur d’injonctions contradictoires: il faut créer de la valeur, protéger le consommateur, l’emploi, tout en accélérant les investissements, sans toujours chercher leur rentabilité ! »

 

« Les prix vont remonter »

Car pour lui, l’Etat ne voulait pas de retour à trois opérateurs parce qu’il voulait des prix bas pour les consommateurs, se protéger d’éventuels licenciements et ne pas voir arriver Martin Bouygues dans l’actionnariat d’Orange. Qu’importe, finalement que le marché français compte encore quatre opérateurs, pour Stéphane Richard, il ne fait pas de doute que les prix vont remonter : « Je vous fais le pari, au contraire, que les prix vont remonter. Il y aura de l’agitation, mais pas de guerre des prix. Les promotions vont s’arrêter […] Les différents acteurs n’auront simplement plus les moyens de bruler du fuel dans l’incinérateur de la guerre des prix ». Une opinion qui est également partagé par le patron de l’ARCEP.


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