
Si vous étiez sur X hier soir, vous avez vu passer les images de la keynote de lancement de The Bitcoin Society (TBSO) à Malakoff.
Éric Larchevêque (Ledger, Qui veut être mon associé ?) a peint le tableau d’une France à genoux, écrasée par la dette, l’inflation et un « État obèse ». Les mots « Colère », « Mépris », « Étouffement » clignotaient sur l’écran géant. On était loin de l’optimisme béat de la Tech habituelle.
Selon lui, le navire coule, et Éric Larchevêque construit le canot de sauvetage. Ce canot, c’est une entreprise cotée en bourse, propulsée par le Bitcoin. Mais passé le choc visuel de la présentation, il faut regarder ce qu’il y a sous le capot. Et là, c’est plus contrasté.
Pour y arriver, il a utilisé une vieille technique de boursicoteur : le « Reverse Takeover » (prise de contrôle inversée). Au lieu de créer une société et d’attendre des mois pour l’introduire en bourse (IPO), il a racheté 98 % de Tayninh, une société immobilière du groupe Unibail qui ne servait plus à rien. Une « coquille vide » cotée sur Euronext, payée 0,11 € l’action (valorisation d’environ 500 000 € hors trésorerie).

Il dispose instantanément d’un véhicule coté en bourse, renommé The Bitcoin Society (TBSO). ela offre aux investisseurs (surtout les pros) une exposition au Bitcoin via un instrument régulé, sans toucher à la crypto. Un premier placement privé de 10 à 20 millions d’euros est prévu d’ici la fin de l’année.
Mais pour faire quoi ?
Le moteur financier : faire du « MicroStrategy »
Si la brique financière est solide, la brique « sociale » laisse plus perplexe. Le modèle économique de TBSO est calqué sur celui de l’entreprise américaine MicroStrategy de Michael Saylor.
Le mécanisme est redoutable quand le marché est haussier :
- TBSO est cotée en bourse.
- L’entreprise lève des fonds (via des augmentations de capital ou de la dette).
- Avec cet argent, elle achète massivement du Bitcoin pour sa trésorerie.
- Si le Bitcoin monte, la valeur de l’entreprise monte, l’action monte.
- TBSO peut alors lever encore plus d’argent pour acheter encore plus de Bitcoins.
L’objectif est clair : accumuler des milliards d’euros en BTC. Pour un investisseur institutionnel (ou un particulier avec un PEA/Compte-titres), c’est un moyen d’investir sur le Bitcoin sans avoir à gérer des clés privées ou à s’inscrire sur Binance. Vous achetez l’action, vous êtes exposé à la performance du trésor de guerre de l’entreprise.
Le moteur communautaire : plus qu’une simple action
Mais attendez. Si ce n’était que ça, Éric Larchevêque aurait monté un fonds. TBSO se veut aussi une « Network Society ». Et c’est là que le projet prend une tournure plus politique et sociale.
Le Manifesto publié est assez sombre. Il décrit un monde « en perte de repères », rongé par l’inflation et la dette. La réponse de TBSO ? Créer une sorte de syndicat géant pour les « créateurs » (entrepreneurs, freelances, artisans).
Concrètement, l’activité se divise en deux autres branches :
- La Network Society : Une communauté gratuite pour peser dans le débat public. L’idée est d’agréger la puissance économique des membres pour négocier avec les États (fiscalité, visas, zones franches). C’est du lobbying décentralisé.
- Les Clubs et Business Units : C’est la partie qui génère de l’argent opérationnel. Des formations, du coaching, des clubs d’investisseurs et d’entrepreneurs. Si l’adhésion au mouvement est gratuite, l’accès aux services premium (comme le club investisseurs) sera payant.
C’est un mélange des genres assumé : une entreprise qui utilise ses bénéfices « réels » (formations, clubs) pour couvrir ses frais, tout en pariant tout son bilan sur le Bitcoin.
Les risques et les inconnues
Racheter une coquille vide évite les coûts et délais d’une IPO. Avoir Tony Parker au capital assure la visibilité internationale. Mais le timing, dans un marché du BTC un peu chamboulé ces derniers jours, n’est pas idéal.

Et il y a des zones d’ombre à surveiller :
- La volatilité : si le Bitcoin perd 50 %, l’action TBSO risque de dévisser encore plus fort (souvenez-vous, c’est un pari avec effet de levier implicite).
- La gouvernance : la structure va passer en « Commandite par Actions ». C’est un montage juridique qui permet aux fondateurs de garder le contrôle total même s’ils sont dilués financièrement. C’est excellent pour la vision long terme, moins pour la démocratie actionnariale.
- L’adhésion : est-ce que le public va suivre le narratif un peu « doomer » du manifeste ? Payer pour des formations tout en achetant l’action ?
Pour l’instant, le marché semble valider : la simple rumeur a fait exploser les carnets d’ordres sur l’action Tayninh. Mais attention, l’OPA se fera à 0,11 €. Si vous achetez l’action à 3 € aujourd’hui parce qu’elle s’emballe, vous pariez sur la croissance future, pas sur la valeur actuelle.
Bref, The Bitcoin Society est une tentative fascinante de « hacker » la finance traditionnelle pour imposer le standard Bitcoin.
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