En manque d’évolution, la télé traditionnelle recule toujours plus face à Netflix et consorts

Changement générationnel à venir

 

La télévision traditionnelle est toujours en baisse, mais la cible commerciale reste importante. On peut voir dans les derniers chiffres Médiamétrie un changement générationnel en cours.

En étant baigné comme nous le sommes tous dans l’univers tech, on le ressent : la télévision traditionnelle n’attire plus. Aujourd’hui, les regards sont tournés vers les services comme Netflix, et la concurrence y est la plus vive — l’apparition de Disney+ va sous peu chambouler encore plus un secteur déjà fragmenté.

Peut-on cependant définir cette impression comme réelle ? Le journal Les Échos relaie les analyses de Philippe Nouchi, directeur de l’expertise média chez Publicis, qui se base sur les derniers chiffres Médiamétrie pour analyser cette tendance.

En 2019, la télévision traditionnelle continue de reculer

Première tendance globale d’importance : seuls 72,2 % des Français regardent la télé tous les jours désormais. Cela représente tout de même une baisse de 1,5 point en un an et 3,1 points depuis 2017. Nous parlons bien ici du service TV, et pas bien sûr l’objet en lui-même. Plus encore, dans ces spectateurs, la durée d’écoute est elle aussi en diminution de 6 à 7 minutes, après une baisse de 5 à 6 minutes en 2018.

Ce sont chez les 25/34 ans que la baisse est la plus marquée : ce sont 17 minutes d’écoute environ qui ont été perdues en un an, poussant Philippe Nouchi à remarquer : « l’impact des plateformes de type Netflix se fait sentir ».

Toujours bénéfique

Malgré tout, la télévision n’est pas foncièrement en crise. Pour cause : la fidélité des 50 ans et plus. Les parts d’audience moyennes de France Télévisions ont ainsi augmenté de 0,5 % sur ces spectateurs, quand TF1 a gardé une audience stable à 32,6 %. Les chaînes du groupe M6 n’ont connu qu’un recul de 0,1 % à 21,3 %.

Ainsi, la télévision traditionnelle garde la part la plus importante pour ses annonceurs : le profil « femme responsable principale des achats du foyer », plus communément connue sous le nom grinçant de « ménagère de moins de 50 ans ». Le vieux poste continue donc de tourner sur les mêmes principes vieillissants, les revenus publicitaires ne subissant pas de baisse.

Du même temps, TF1 se félicite des succès de ses « prises de risque gagnantes » comme la diffusion de la Coupe du Monde féminine de football, « Le Bazar de la Charité » ou « Mask Singer ». M6 suit la même philosophie en mettant en avant les refontes de « Top Chef » et « la France a un incroyable talent ». Pour TF1, le service de rattrapage MyTF1 a également connu une année record avec 1,8 milliard de vidéos vues soit 24 % de hausse en un an.

En manque de renouvellement

Si TF1 et M6 mettent en avant ces avancements, il n’empêche que le renouvellement de programmes phares ou le lancement de nouveaux programmes sont des solutions à court terme face à une concurrence toujours plus féroce des créateurs de contenu en ligne. Or, il s’agit-là d’une concurrence à laquelle les grands groupes français ont encore à peine répondu.

Nous attendons toujours Salto, le service censé être un concurrent de Netflix et des plateformes assimilées, dont le développement ne semble pas être au beau fixe malgré le triplement des investissements. Les plateformes type MyTF1 elles-mêmes ne sont pas aussi polyvalentes et simples d’utilisation qu’un service comme Netflix, ce qui tend à jouer en leurs défaveurs.

Et que dire du comportement des chaînes observées en 2019 ? La guerre entre TF1 et M6 faite à Free n’aura fait que souligner à quel point les grands groupes télévisuels français sont dans une démarche conservationniste, à l’heure où le marché tend à favoriser l’innovation avant toute chose.

N’oublions pas que les 25/34 ans d’aujourd’hui sont les cinquantenaires de demain, et que ces derniers voient déjà leurs habitudes de consommation être profondément modifiées par les services de VOD modernes. Sans un plan à long terme, les grands groupes français pourraient très vite subir une chute drastique de leurs revenus. Nous continuerons bien sûr d’observer l’évolution de la situation.