
Huit mois après sa condamnation pour pratiques anticoncurrentielles, Google affronte une nouvelle étape cruciale : déterminer les sanctions. Le ministère de la Justice américain (DOJ) réclame des mesures chocs, dont la vente de Chrome, pour briser son monopole sur la recherche en ligne. Un procès historique qui pourrait redessiner l’internet de demain.
Lors des audiences lancées le 21 avril, le DOJ a plaidé pour une restructuration drastique de Google. Parmi les demandes : céder Chrome, rompre les accords exclusifs avec Apple et autres fabricants, et partager ses données de recherche avec des concurrents. « Allons-nous laisser les monopoles étouffer l’innovation, ou donner sa chance à la concurrence ? », a martelé l’avocat David Dahlquist.
Une cure d’amaigrissement forcée pour Google
Le DOJ accuse Google d’avoir verrouillé le marché via des accords illégaux, comme ceux payant Apple pour être le moteur par défaut sur iOS. Ces pratiques, jugées anticoncurrentielles, auraient empêché l’émergence de rivaux. Pour y remédier, les procureurs proposent aussi d’obliger Google à licencier ses résultats de recherche, une première dans l’histoire antitrust.
Pour le DOJ, Chrome n’est pas qu’un simple navigateur : c’est un outil stratégique qui ancre les utilisateurs dans l’écosystème Google (Search, Gmail, YouTube). En le forçant à vendre Chrome, les autorités espèrent casser ce « cercle vicieux » où chaque service renforce la domination des autres Une logique qui s’étend aussi à l’intelligence artificielle. Le DOJ estime que Google utilise ses outils d’IA (comme Bard) pour renforcer son hégémonie, au détriment de startups comme Perplexity ou OpenAI. Des représentants de ces sociétés témoigneront lors du procès.

Google, lui, contre-attaque. Son avocat John Schmidtlein dénonce des « exigences irréalistes » qui récompenseraient « des concurrents moins innovants ». La firme argue que ses produits AI ne relèvent pas de cette affaire, centrée sur la recherche. « Ces mesures handicaperaient l’innovation américaine », a prévenu la dirigeante Lee-Anne Mulholland.
Un verdict aux ramifications historiques
Le juge fédéral Amit Mehta doit trancher d’ici septembre. Sa décision influera bien au-delà de Google : c’est tout l’écosystème tech qui pourrait trembler. Si Chrome est vendu, ce sera un précédent pour d’autres géants (Meta, Amazon…). Au cœur du dossier, les contrats juteux liant Google à Apple, Samsung, ou Mozilla. Chaque année, Google verse près de 20 milliards de dollars à Apple pour être le moteur de recherche par défaut sur iOS. Ces accords, qualifiés d’« anticoncurrentiels » par le DOJ, ont verrouillé le marché : en 2024, Google détient 92 % des parts de la recherche mondiale, selon StatCounter.
Le procès s’inscrit dans une vague antitrust inédite, lancée sous Trump et poursuivie par Biden. En témoigne la récente condamnation de Google dans une autre affaire sur la publicité en ligne. En Europe, Google a déjà écopé de plus de 4 milliards d’euros d’amendes depuis 2018 pour abus de position dominante. Meta, accusé d’avoir étouffé la concurrence via ses acquisitions, est aussi dans le viseur.
Reste une question : les utilisateurs y gagneront-ils ? Le DOJ promet plus de choix, mais Google alerte déjà sur de potentielles conséquences, telles que la hausse des coûts des smartphones. Une certitude : l’issue définira les règles du jeu pour l’IA et la recherche de demain. Le DOJ souligne d’ailleurs que cette affaire bénéficie d’un soutien « bipartisan », rappelant que la régulation tech dépasse les clivages politiques.
En attendant, Sundar Pichai, PDG de Google, s’apprête à monter à la barre. Son témoignage pourrait être décisif. Quelles que soient les sanctions, Google a déjà annoncé son intention de faire appel, promettant des années de bataille juridique.
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