Refonte à venir pour EMUI : les designers de Huawei nous promettent du neuf

 

EMUI, l’interface maison de Huawei également utilisée sur les smartphones Honor, est de plus en plus critiquée. L’entreprise en a conscience, et est venue s’entretenir avec nous des problèmes d’aujourd’hui et des opportunités de demain.

L’année 2019 aura été marquée par un changement qui n’est pas passé inaperçu. Après des années de critiques acerbes sur son interface, que quelques changements de nom n’auront pas réussi à rattraper, Samsung a décidé de reprendre à zéro le développement de son interface.

Le résultat, One UI, a conquis tout le monde sur le marché, et ouvert la voie aux consommateurs. Ils sont désormais en droit de réclamer une refonte totale, et un constructeur en a fait les frais : Huawei.

Des années que l’interface EMUI est pointée du doigt pour son côté vieillissant. L’entreprise le sait, et compte désormais revoir sa formule. Nous avons ainsi pu nous entretenir avec Jason Hao, creative UX designer et illustration artist, et Rocky Liu, du département design UX, de Huawei, pour discuter du présent et du futur d’EMUI.

Les utilisateurs chinois face aux utilisateurs occidentaux

Les principaux griefs contre l’interface de Huawei sont à voir du côté du design et de l’interface. Tout d’abord, un détail que nous avons souvent pointé du doigt : le tiroir d’application, qui s’ouvre encore à l’appui sur une icône dans EMUI 9.

Les développeurs nous ont expliqué qu’il s’agissait en vérité d’un fait voulu, mais qui touchait surtout les utilisateurs chinois. En Chine, un mouvement du bas vers le haut appelle l’assistant intelligent de Huawei. De ce fait, ils ont évité tout autre mouvement pouvant aller à l’encontre de celui-ci. En France (et en Occident de manière générale), cet assistant n’est tout simplement pas présent, mais l’interface hérite de cette volonté.

C’est d’ailleurs sensiblement la même chose pour le design des éléments de l’interface. Huawei nous raconte que ses icônes, qui paraissent vieillissantes aux utilisateurs occidentaux, répondent aux attentes du marché chinois en termes de design. La tendance minimaliste, qui s’étend à toute l’industrie, ne s’exprime pas de la même manière chez les artistes chinois et les artistes occidentaux. De plus, l’entreprise tente de concilier deux bases utilisateurs : les plus jeunes, notamment avec Honor, et les utilisateurs plus âgés, qui n’ont pas les mêmes attentes.

Si Huawei aura été l’un des premiers à proposer de basculer son interface système sur fond noir (depuis les Huawei P20 et P20 Pro), les designers restent étonnés de l’attrait des utilisateurs occidentaux pour une telle fonctionnalité. Ils comptent bien continuer de l’améliorer pour l’intégrer plus profondément encore dans le système.

Pour autant, les créateurs reconnaissent que l’interface est désormais peuplée de trop d’informations, et qu’il serait temps de faire un peu de ménage. On nous parle ainsi de la volonté de créer un espace à l’avenir où, sur un seul écran, une ou deux informations pourraient suffire, en prime de revoir l’iconographie générale du système pour rendre les éléments plus reconnaissables en un coup d’œil.

Réconcilier les fonctionnalités

Il est très vite apparu un problème principal pour EMUI : arriver à concilier, voire réconcilier, les attentes des consommateurs chinois et celles des utilisateurs occidentaux. Cela passe par le design, chercher à être minimaliste étant aussi important pour l’IA que Huawei pousse, que par les fonctionnalités.

Et sur ce terrain, les complications sont multiples. Le défi, de l’aveu des responsables, est dans un premier temps de sélectionner les fonctionnalités de l’interface chinoise qui seront utiles aux utilisateurs occidentaux. Et il est vrai qu’il s’agit-là d’une tâche complexe, puisque la plupart des bonnes fonctionnalités de Huawei… se chevauchent avec celles développées par Google. On peut le voir dans la recherche poussée par l’intelligence artificielle dans l’application Galerie, déjà développée sur Google Photos, ou encore la recherche visuelle dans l’application photo, que Google Lens fait très bien.

Sauf qu’il s’agit d’une bataille perdue d’avance pour le constructeur chinois. Le temps que ses développeurs intègrent l’anglais et le français, Google a déjà pris une longueur d’avance faisant que les utilisateurs occidentaux sont déjà conquis. D’autres fonctionnalités intéressantes, comme « SkyTone » qui permet de prendre un forfait facilement qu’importe le pays que l’on visite, se buttent aux spécificités de chaque pays ; l’eSIM n’étant pas adopté en France, Huawei perd cet argument.

Des défis techniques à relever

EMUI n’est pas qu’un design et des fonctionnalités. C’est aussi de la technique, et sur ce point, nos deux interlocuteurs spécialisés en design ne peuvent pas nécessairement nous éclairer.

Pour autant, le problème principal d’EMUI est connu de tous : sa gestion de la RAM, particulièrement agressive et qui tend à créer des problèmes pour certaines applications. À titre d’exemple, la synchronisation automatique des photos sur Google Photos finit par ne plus fonctionner sur EMUI, qui vient éteindre automatiquement le processus pour conserver de la batterie… quand bien même cette fonctionnalité est voulue par l’utilisateur. Couper ces optimisations est également complexe, faisant que l’utilisateur lambda ne saura pas identifier ce souci et le régler de lui-même : il blâmera le téléphone entier.

L’équipe sait qu’une simplification des réglages doit être mise en place à l’avenir. Mais pour ce qui est de la gestion de la RAM… ils sont au courant du problème, mais n’ont tout simplement pas de vision sur ce plan précis du développement. Il ne restait alors qu’un point à souligner : le fait qu’au long terme, EMUI a tendance à connaître plus de bugs que les autres interfaces. Là encore, l’équipe se dit consciente du problème.

En attendant le prochain Huawei Mate

Voilà ce que l’on peut tirer de notre conversation ouverte et honnête avec les développeurs d’EMUI, venus faire le tour des rédactions françaises pour recueillir les principaux griefs des utilisateurs européens. On retiendra de cet échange une volonté de la part du développeur de plus se tourner vers les communautés occidentales et réussir à répondre à leurs attentes aussi bien qu’à celles des utilisateurs asiatiques.

Quand pourrions-nous voir de premiers éléments d’évolution de leur part ? On nous promet que nos conversations auront un impact sur la prochaine version majeure de l’interface, qui sortira du même temps que le futur haut de gamme de la firme. Rendez-vous à la sortie des présumés Huawei Mate 30 et Mate 30 Pro donc, en espérant que le développeur nous réserve une excellente surprise.


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