JBL, marque que l’on ne présente plus, s’est souvent illustrée par un son généreux en basses, une signature populaire et diablement efficace qui a fait le succès de ses produits nomades. Cette « patte » sonore, puissante et engageante, est devenue une attente pour de nombreux fidèles de la marque.
Avec les Endurance Zone, pourtant, le fabricant américain opère un virage à 180 degrés et prend le marché à contre-pied. Ces écouteurs à format ouvert, conçus pour ne pas obstruer le conduit auditif et laisser passer les sons extérieurs, font un pari audacieux : celui du confort absolu et de la sécurité avant tout.
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Cependant, ce choix de conception, aussi pertinent soit-il pour une certaine catégorie d’utilisateurs, a des conséquences acoustiques majeures. L’expérience sonore proposée est si radicalement différente qu’elle ne manquera pas de diviser, et surtout de dérouter les oreilles habituées au son « maison » de JBL.
Entre promesse d’une tenue infaillible pour les sportifs et une signature sonore qui bouscule les codes de la marque, les Endurance Zone sont un produit de compromis. On fait le point complet sur ces écouteurs pas comme les autres.
JBL Endurance ZoneSpécifications techniques
Ce test a été réalisé avec des écouteurs prêtés par JBL.
JBL Endurance ZoneLa fonction dicte la forme
Massifs et dominés par un imposant crochet auriculaire, les JBL Endurance Zone sont l’antithèse des petits écouteurs discrets qui se fondent dans le creux de l’oreille. Ils sont un outil, un équipement sportif, et ils l’assument pleinement.
Le choix d’un plastique noir mat est judicieux. Il ne craint pas les traces de doigts et semble prêt à encaisser les rigueurs d’un usage sportif régulier. L’ensemble respire la robustesse. La particularité design des JBL Endurance Zone, c’est ce fameux crochet auriculaire. Flexible mais ferme, il vient se loger derrière le pavillon pour verrouiller l’écouteur en position. Et c’est d’une efficacité redoutable. Une fois en place, les Endurance Zone ne bougent absolument plus. Course à pied, VTT, jamais ils ne montrent le moindre signe de faiblesse.
Cette tenue exemplaire s’accompagne d’un très bon confort, directement lié à leur conception ouverte. L’écouteur ne se visse pas dans le conduit auditif mais se pose délicatement devant, dirige le son vers le tympan sans aucun contact intrusif. Pour les personnes qui ne supportent pas la sensation de pression ou d’occlusion des embouts en silicone, c’est une bénédiction. On peut les porter pendant des heures, au point d’en oublier leur présence physique.
La certification IP68 garantit une protection contre les dépôts de poussière, les projections d’eau de toutes directions et même l’immersion totale. Pour autant, ils ne sont pas adaptés à une écoute en milieu aquatique, l’eau empêchant la transmission du son vers l’oreille. Reste que si l’on tombe dans une piscine, les Endurance Zone ne craignent rien.
Quant au boîtier de charge USB-C, il est logiquement plutôt volumineux et sa charnière semble solide. Les écouteurs viennent s’y loger avec un clic magnétique franc.
JBL Endurance ZoneUne expérience logicielle maîtrisée
L’écosystème logiciel de JBL est désormais bien rodé, et l’application JBL Headphones donne accès aux réglages avancés des écouteurs. L’expérience est fluide dès le départ : l’appairage est quasi instantané et les écouteurs sont immédiatement reconnus. L’interface, claire et aérée, se divise en trois onglets principaux : Généralités, Audio et Autres. Pas de fioritures inutiles, on va droit au but.
L’onglet Audio met à disposition un égaliseur graphique complet à 10 bandes. Ce n’est pas un simple gadget, mais un outil pratique pour modeler le son et corriger les faiblesses natives des écouteurs. Il est précis et permet de transformer radicalement le rendu sonore, même si l’on part de très loin. Le véritable potentiel se libère en créant sa propre courbe (on y reviendra). L’application est donc non seulement bien faite, mais c’est une nécessité absolue pour qui veut tirer un minimum de plaisir musical de ce produit.
L’onglet « Autres » est une sorte de boîte à outils sympathique. On y trouve la fonction « Trouver mes écouteurs », qui les fait sonner très fort pour les localiser sous un coussin, la gestion de l’arrêt automatique (après 30 min, 1h ou 2h d’inactivité) pour économiser la batterie, ou encore un « Mode détente ». Ce dernier propose une sélection de sons d’ambiance (feu de camp, vagues, forêt…) pour se relaxer, une fonctionnalité anecdotique mais bienvenue.
Des zones tactiles personnalisables
Les zones tactiles sur chaque écouteur sont larges et assez réactives. Les commandes sont classiques (une pression pour pause, deux pour le morceau suivant, etc.) et personnalisables via l’application. On peut, par exemple, assigner le contrôle du volume (pressions successives) à l’écouteur droit et la gestion de l’assistant vocal au gauche. Seul bémol, leur grande surface les rend sensibles aux manipulations : il n’est pas rare de mettre la musique en pause involontairement en voulant simplement réajuster un écouteur.
Enfin, sur le plan de la connectivité, le Bluetooth 5.3 assure une liaison stable et le support du multipoint est un véritable atout dans cette gamme de prix. Toutefois, l’appairage n’est pas évident, faute de bouton dédié sur le boîtier de charge. Il faut en effet presser une fois, puis de manière prolongée sur la zone tactile des écouteurs pour lancer l’appairage.
La technologie de transmission utilisée est le SBC, un codec ancien mais qui n’impacte pas la qualité perçue avec ce type d’écouteurs.
La latence, comme souvent, est parfaitement compensée sur les plateformes vidéo (YouTube, Netflix), mais reste perceptible dans les jeux (le son arrive en retard sur l’image), ce qui pourra gêner les joueurs les plus exigeants.
JBL Endurance ZoneLe choix de l’ouverture totale
Avant même de parler de la qualité audio, il est crucial de comprendre un point fondamental : les JBL Endurance Zone n’offrent aucune isolation passive. C’est un choix de conception délibéré. Là où la majorité des écouteurs cherchent à vous couper du monde extérieur, ceux-ci font exactement l’inverse.
Pour un coureur en ville ou un cycliste, c’est un gage de sécurité immense. On entend parfaitement les voitures arriver, les klaxons, les sonnettes de vélo, les annonces dans une gare. On reste connecté à son environnement. En contrepartie, il est illusoire d’espérer se plonger dans sa bulle musicale, le son de votre musique se mêle inévitablement aux bruits ambiants.
JBL Endurance ZoneSignature sonore : le grand écart qui déconcerte
C’est ici que le bât blesse, et sévèrement. La conception ouverte, si bénéfique pour le confort et la sécurité, a une conséquence physique directe et sans appel : les basses fréquences, qui nécessitent une chambre acoustique un minimum scellée pour se développer, s’échappent dans la nature. Le résultat est une signature sonore, à des années-lumière des écouteurs JBL fermés.
Le grave n’est pas simplement discret, il est quasiment absent. Le son manque cruellement de corps, de chaleur et d’impact. Les percussions sont sèches, les lignes de basse sont réduites à l’état de murmures lointains. Pour une écoute sportive, où les rythmes percutants sont souvent le moteur de l’effort, c’est une immense source de frustration. La musique semble évidée de sa substance, privée de ses fondations.
Pour autant, on peut compenser un peu ces défauts en jouant de l’égaliseur, clairement en boostant la zone 60-100 Hz et en creusant excessivement à 4 kHz, et en poussant un peu les plus hautes fréquences. On obtient alors un son mieux équilibré.
Analyse de la courbe de réponse
La courbe de réponse en fréquences est un témoin implacable de ce que les oreilles perçoivent.
On observe une chute vertigineuse des fréquences sous 200 Hz, avec un déficit de près de 20 dB dans l’infra-grave par rapport aux médiums — c’est au moins cinq fois moins de niveau. C’est l’explication technique du manque de « punch » et de chaleur des réglages par défaut. Ensuite, la courbe remonte de manière agressive pour former une montagne imposante. En bref, c’est une signature sonore qui ne fonctionne tout simplement pas pour une écoute musicale équilibrée et il faut impérativement corriger avec l’app et son égaliseur.
Impressions d’écoutes
Voici une sélection de titres écoutés avec l’égaliseur désactivé pour juger la performance brute des écouteurs.
- Another One Bites the Dust (Queen) : La légendaire ligne de basse de John Deacon, qui est le cœur du morceau, manque cruellement de mordant. Le morceau perd de son groove et son impact.
- Smells Like Teen Spirit (Nirvana) : Les guitares saturées sont particulièrement agressives et stridentes. La puissance et l’énergie du morceau se transforment en une bouillie sonore agressive et fatigante pour les oreilles.
- Hallelujah (Jeff Buckley) : Ici, le résultat est plus nuancé. La voix de Buckley et sa guitare électrique sont très claires et détaillées. La focalisation sur les médiums sert bien ce type de morceau dépouillé, même si on regrette un manque de chaleur dans le bas du spectre de la voix.
Ces impressions d’écoute s’améliorent en appliquant les réglages d’égalisation plus haut, sans pour autant atteindre l’équilibre tonal d’écouteurs concurrents.
JBL Endurance ZoneDes appels clairs et naturels
Ces écouteurs servent aussi de kit mains libres. Sur ce point, les Endurance Zone s’en sortent avec les honneurs. Ils sont équipés de quatre microphones (deux par écouteur) qui travaillent de concert avec des algorithmes pour isoler la voix des bruits de fond.
Lors de tests en environnement urbain, mes interlocuteurs ont toujours rapporté entendre ma voix de manière claire et distincte, avec une bonne atténuation des bruits de circulation modérés (et un léger effet de pompage parfois). La conception ouverte offre ici un avantage : on entend sa propre voix de façon très naturelle. Les conversations sont ainsi plus agréables et moins fatigantes, tout du moins si l’on prend soin de passer des appels en environnement calme. Au bord d’un boulevard, le confort est nécessairement dégradé.
JBL Endurance ZoneUne autonomie solide pour les marathoniens
JBL annonce jusqu’à 8 heures d’autonomie sur une seule charge, et nos tests confirment cette promesse. À un volume d’écoute de 50% et une playlist pop/rock/jazz, les Endurance Zone ont tenu un peu plus de 7h45, avec une égalisation qui renforce les basses et atténue les médiums, ce qui est un très bon score. C’est largement suffisant pour couvrir un marathon, une longue sortie à vélo ou plusieurs séances de sport dans la semaine.
Le boîtier de charge fournit environ trois recharges complètes supplémentaires. C’est solide et dans la bonne moyenne du marché. De plus, la fonction de charge rapide est particulièrement utile pour les distraits : 15 minutes de charge dans le boîtier suffisent à redonner environ une heure d’autonomie, de quoi assurer sa séance de sport même si on a oublié de les recharger.
JBL Endurance ZonePrix et disponibilité
Les écouteurs JBL Endurance Zone sont disponibles en coloris noir, blanc, bleu, violet, noir et gris, ainsi que noir et vert et proposés au prix de 129,99 euros. Leur rapport qualité /prix semble plutôt avantageux, à condition de corriger leur balance tonale via leur application mobile.
Ce tarif les positionne dans un segment premium des écouteurs sportifs, en concurrence frontale des excellents Shokz OpenFit 2+, et les expose à la concurrence féroce de modèles moins onéreux comme les Honor Earbuds Open notamment.
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