Le prix des voitures électriques va t’il vraiment considérablement augmenter d’ici à 2026 ?

 

Selon certaines prévisions, le prix des voitures électriques pourrait fortement augmenter d'ici à 2026, en raison des pénuries de matières premières utilisées dans la conception des batteries. Mais attention, car toutes les études ne disent pas la même chose et il est très difficile de prédire avec précision le prix des batteries.

Source : Michael Fousert sur Unsplash

Depuis quelques jours, nous voyons passer des articles relayant une récente étude du cabinet de tendances E Source, relayée par CNBC. Selon celle-ci, les prix des batteries devraient légèrement diminuer en 2022 et 2023 avant de connaître une forte hausse sur la période 2023 – 2026 pour enfin redescendre drastiquement. Dans le détail, le prix des batteries pourraient passer de 110 dollars par kWh en 2023 à 138 dollars par kWh en 2026. Les prix devraient ensuite diminuer, à environ 90 dollars par kWh en 2031. A l’échelle d’une voiture, la hausse serait de l’ordre de 1 500 à 3 000 dollars.

Des besoins en lithium colossaux

Certes, depuis plusieurs mois déjà, les spécialistes s’alarment de la tension sur le marché de la batterie, alors qu’une pénurie de matériaux guette l’industrie de la voiture électrique. Outre la guerre en Ukraine ainsi que la pénurie de semi-conducteurs liés à l’épidémie de Covid-19, le secteur doit affronter un nouvel obstacle : une demande de lithium qui dépasse l’offre.

En effet, les besoins en nickel, cobalt, lithium et manganèse augmentent, mais les sociétés en charge de les extraire peinent à suivre le rythme. Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie, il faudrait ouvrir 50 nouvelles mines dans le monde d’ici à 2030 pour répondre aux besoins grandissants. Selon un rapport de Fastmarket, on passerait d’une production d’environ 400 000 tonnes de lithium par an en 2020 à 2 millions de tonnes en 2030.

Qui dit pénurie, dit forcément hausse des prix. Le prix des matières premières – notamment le lithium – flambe donc, faisant donc inévitablement grimper celui des batteries dans lesquels celles-ci sont utilisées et donc le prix des voitures électriques. Une hausse des matières premières que l’on doit en grande partie à l’augmentation de la demande de voitures électriques, alors que les pouvoirs publics font tout pour inciter les automobilistes à abandonner leurs véhicules thermiques dans de nombreux pays. La demande étant largement supérieure à l’offre (comme le prouve notamment les carnets de commandes débordant de Volkswagen et de Tesla), les prix s’envolent.

Mais des prix pas forcément en hausse

Pour en revenir à l’étude d’E Source qui prévoit une hausse des prix des voitures électriques d’ici à 2026, il convient de la prendre avec des pincettes. En effet, les prévisions à long terme sont toujours difficiles, encore plus sur un marché très jeune comme les véhicules électriques dont la vitesse d’adoption par les particuliers et entreprises dépend beaucoup des politiques publiques d’incitation. On a aussi vu avec trois évènements majeurs en deux ans (la crise du COVID, du canal de Panama et la guerre en Ukraine) qu’un évènement localisé peut impacter massivement la production des industries mondialisées.

Par exemple, une étude publiée le 15 mars 2022 par E Source, soit il y a 2 mois à peine, allait en sens inverse de celle relayée par CNBC avec un prix au kWh des batteries lithium en chute libre de 2022 à 2026 en passant de 147 dollars / kWh à 94 dollars / kWh. Difficile donc de prendre pour argent comptant les chiffres avancées par la nouvelle étude.

Il est certain que la situation sur le marché du lithium est tendue. Mais il n’est pas judicieux d’en tirer de conclusions trop hâtives, puisque les industriels et les Etats peuvent encore inverser la tendance en augmentant considérablement la production de lithium. En revanche, il ne faut pas trop compter sur les batteries recyclées pour réduire la demande en lithium : elles ne représenteraient à priori que 11% des batteries utilisées par les fabricants en 2030.