Les pneus sans air de Michelin arrivent enfin sur les routes

 

Depuis plusieurs années, Michelin et Goodyear se livrent une bataille acharnée, dont l'objet n'est autre que le développement de pneus sans air. Et pour l'heure, c'est l'équipementier français qui semble avoir pris un peu d'avance avec ses Uptis qui débarquent sur les routes.

Aujourd’hui, tout est fait pour limiter la pollution issue de l’industrie automobile. Outre l’interdiction en 2035 de la vente des voitures thermiques en Europe, un important travail est effectué sur les motorisations, de plus en plus vertueuses grâce à des innovations telles que le carburant synthétique. Mais de nombreux autres aspects doivent être pris en compte. À commencer par les pneus, dont l’usure serait également plus polluante que les gaz d’échappement comme l’avait affirmé une étude d’Emissions Analytics. Par ailleurs, leur recyclage est également énergivore, de même que leur production.

Une solution plus vertueuse

Heureusement, il existe un moyen de réduire l’impact écologique de ces éléments pourtant indispensables. Cela passe notamment par le développement de pneus sans air. Alors que 20 % des gommes sont actuellement détruits prématurément en raison de crevaisons et autres défauts, celle solution permettrait selon Michelin d’économiser 200 millions de pneus par an, soit l’équivalent de 2 millions de tonnes de matériaux. D’après le ministère de la transition écologique, 59 millions de pneumatiques seraient produits chaque année en France.

Se livrant une guerre acharnée avec Goodyear, l’équipementier français commercialise déjà un système sans air dédié aux vélos, baptisé X Tweel. Mais alors que l’entreprise annonçait une commercialisation de son Uptis (Unique Punctureproof Tire System) conçu pour un usage dans l’industrie automobile entre 2025 et 2028, les premiers exemplaires viennent tout juste d’arriver sur les routes.

En effet, Michelin a récemment signé un partenariat avec DHL, afin de fournir des pneus sans air Uptis à la flotte du transporteur dans le cadre d’une expérimentation qui se déroule à Singapour. Ce programme pilote a débuté le 10 janvier avec quelques camions, pour atteindre les 50 camionnettes équipées d’ici la fin de l’année 2023. L’équipementier précise que ces tests grandeur nature ont commencé avec un an d’avance par rapport au programme initial.

Ces camions seront alors chargés d’effectuer les livraisons du dernier kilomètre, et aideront alors l’entreprise à terminer le développement de ses pneus ans air increvables. Pour rappel, celui-ci a débuté en 2005, alors que la concrétisation de ces seize années travail fut officialisée en 2021, équipant alors une Mini Cooper SE 100 % électrique.

Une idée maline et plus écologique

Avec cette expérimentation en conditions réelles, Michelin prend alors une belle avance face à son rival, Goodyear. L’entreprise développe elle-aussi son propre pneu sans air, installé pour la première fois en 2021 sur une Tesla Model 3.

Les deux solutions ont un fonctionnement similaire, puisqu’ils sont composés d’une structure sans chambre à air, qui ne nécessite donc aucun remplissage et qui ne peut pas se percer. Les propriétés seraient alors identiques à celles d’un pneu standard, de même que leur efficacité. L’air est alors simplement remplacé par une structure innovante permettant de supporter le poids du véhicule tout en garantissant confort et sécurité.

En revanche, il faudra très probablement des roues spécifiques pour installer ces pneus, mais rien n’a encore été détaillé à ce sujet. Développé en partenariat avec General Motors, le Michelin Uptis, tout comme la solution de Goodyear offrent de nombreux avantages. Car s’ils coûtent plus cher à produire, et qu’ils seront donc logiquement plus onéreux à l’achat, leur usage devrait être plus économique.

Cela profitera notamment aux flottes d’entreprises comme DHL, qui pourraient alors réaliser d’importantes économies en réduisant les crevaisons et donc la fréquence de remplacement des pneus. Sans parler du gaspillage ainsi évité, ainsi que des soucis de sécurité liés à une mauvaise pression.

Là où le manufacturier américain se distingue de son rival français, c’est par l’usage massif de matériaux recyclés, puisque sa gomme innovante en est composée à 90 %, contre seulement 45 % pour Michelin. Mais attention, il s’agit dans ces deux cas de pneumatiques classiques, utilisant de l’air.


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