La Nintendo Switch est moins puissante que la PlayStation 4 et la Xbox One : pourquoi ce n’est pas grave

 
En début de semaine, ce qui s’apparente à des spécifications finales pour la Nintendo Switch a été révélé par Digital Foundry, la partie technique du site Eurogamer. Cette fiche technique supposée montre que la Switch serait bien moins puissante que ses concurrentes, la PlayStation 4 de Sony et la Xbox One de Microsoft. Pour autant, même si ces caractéristiques ont déçu plus d’un de nos lecteurs, ce n’est pas un souci. Oui, vous avez bien lu, ce n’est pas un vrai problème et nous allons voir pourquoi.
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Les spécifications quasi finales de la Nintendo Switch auraient semble-t-il déjà fuité sur le web. Elles confirment ce dont on pouvait déjà se douter depuis un petit bout de temps : la future console de Nintendo ne devrait pas être pas aussi puissante que la Xbox One de Microsoft ou la PlayStation 4 de Sony.

Et vous savez quoi ? Ce n’est pas grave. Nous allons essayer de vous expliquer pourquoi, à la fois d’un point de vue technique, mais aussi rapport à ce qui est central pour une console, à savoir les jeux.

Une console moins puissante que la concurrence

D’après les sources du très bien informé Eurogamer, la Nintendo Switch disposera d’une puce qui ressemble beaucoup au Tegra X1 de Nvidia, un SoC que l’on trouve au cœur de la Shield Android TV. Comme on peut le voir dans le tableau ci-dessous, outre la différence d’architecture entre le Tegra, une puce mobile, et les consoles basées sur une architecture x86, c’est toute la configuration de la console qui est bien moins puissante que ses concurrentes.

ModèleNintendo SwitchPlayStation 4Xbox One
Définition maximale prise en charge1920*1080 @ 60 Hz1920*1080 @ 60 Hz1920*1080 @ 60 Hz
SoCNvidia Tegra X1AMDAMD APU
CPU4 coeurs A57 @ 1020 MHz8 coeurs Jaguar 1,6 GHz8 coeurs Jaguar 1,75 GHz
GPUMaxwell (256 CUDA core) @ 307 / 768 MHzGraphics Core Next
18 compute units (1,152 shaders) @ 853 MHz
Graphics Core Next, 12 compute units (768 shader processors) @ 800MHz
Mémoire RAM4 Go LPDDR4-3200 (pour le Tegra X1)8GB GDDR5 @ 5500MHz (176GB/s de bande passante)8GB DDR3 @ 2133 MHz (68.3GB/s)
Mémoire interneNCDisque dur de 500 go à 2 To, 5400 tpmDisque dur de 500 go à 2 To, 5400 tpm
MicroSDXCNCNonNon
Wi-Fi et BluetoothNC802.11a/b/g/n/802.11a/b/g/n/
PortsUSB 2.0/3.0 ?USB 3.0 x2USB 3.0 x3
PoidsNC2.8kg3.5kg
AccessoiresStation d’accueil
Joy Con
PlayStation Move, PlayStation CameraKinect
PrixNC299€299€

Pourtant, comme nous allons le voir, ces spécifications, inférieures à celles de ses concurrentes, pourraient ne pas être un si grand désavantage pour la future console de Nintendo.

Déjà, parce que la Nintendo Switch est la première console grand public à proposer un concept inédit : la Nintendo Switch est la première console hybride pouvant à la fois remplir les rôles de console de salon et de console portable. En soi, il s’agit déjà d’un fait notable, puisque si certains constructeurs avaient prétendu fournir une expérience de console de salon sur une console portable, les résultats avaient été décevants. Pour preuve, la PSP, il y a presque une décennie, très largement devancée par la Nintendo DS, pourtant bien moins puissante.

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De plus, il n’aura échappé à aucun éditeur, pas même Nintendo, que le marché du jeu vidéo est en forte mutation. Les consoles portables deviennent de plus en plus un produit de niche, qui ont leurs qualités propres, mais celles-ci se vendent de moins en moins, alors que le marché du jeu vidéo sur smartphone et tablette n’en finit pas de croître. Même Nintendo a fini par s’y mettre, en témoigne la sortie de Super Mario Run il y a quelques jours, d’abord sur les appareils de la marque à la pomme. Et déjà cette première tentative semble être un succès économique.

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Nintendo fait donc le pari d’une nouvelle proposition : allier sa connaissance des consoles portables, un domaine où il n’a jamais été inquiété en tant que maître de ce genre de systèmes, avec la possibilité de profiter des jeux qu’on ne pourrait trouver que sur console de salon. Bien qu’il n’ait pas (encore ?) été confirmé officiellement sur Nintendo Switch, Skyrim tournant sur la console lors de sa présentation a fait réagir un grand nombre de joueurs et de médias, et pour une bonne raison : aucune console existante n’offre une telle proposition aujourd’hui.

À vrai dire, éliminer d’office la future console de Nintendo du fait d’une faiblesse technique de la part de la firme de Kyoto serait bien mal la connaître puisque Nintendo a depuis longtemps l’habitude de sortir des consoles moins puissantes que la concurrence.

Nintendo, un maître de l’optimisation

Sur le plan technique, les consoles de Nintendo, qu’elles soient de salon ou bien portables, ont presque toujours été moins puissantes que la concurrence. De ce point de vue, l’échec commercial relatif de la Nintendo 64, bien plus puissante pourtant que la PlayStation de Sony a convaincu la firme de Kyoto de ne pas jouer la course à la puissance et ce n’est d’ailleurs pas avec la GameCube, censée attirer les éditeurs tiers que la conception d’un hardware puissant a profité à Nintendo.

Pour autant, ça ne veut pas dire que Nintendo ne s’intéresse pas au hardware ainsi qu’aux fonctionnalités que ceux-ci peuvent effectuer, bien au contraire. Ainsi, on se rappellera que la Nintendo 3DS, qui avait vu passer quelques rumeurs indiquant l’arrivée d’une puce de Nvidia, un Tegra 2 déjà, avait fini par accueillir des composants bien moins puissants.

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Ainsi, la puce graphique de la 3DS, le Pica 200, pouvait être cadencée jusqu’à 400 MHz et le fabricant, DMP, parlait d’une fréquence de base à 200 MHz. Nintendo, contre toute attente, avait pourtant choisi de sous-cadencer la puce à seulement 133 MHz. Que pouvait-on attendre d’une console si peu puissante ? Eh bien en fait, pas mal de choses.

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Si la puce avait été sévèrement sous-cadencée par Nintendo, celle-ci gardait ses différentes fonctionnalités, telles qu’un éclairage par pixels, ou une génération procédurale des textures ainsi que des fonctions liées à la réfraction de la lumière et la gestion des ombres. Autant de fonctions qu’on trouvait par exemple sur les consoles de salon telles que la Xbox 360, mais pas sur la PlayStation Vita qui était pourtant, sur le papier, une concurrente bien plus puissante.

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Dans les faits, c’est ce genre de fonctionnalités, sélectionnées en personne par Satoru Iwata, alors président de Nintendo, qui avait permis d’offrir plus d’options pour les développeurs. C’était d’ailleurs l’une de ses préoccupations principales si on relit l’un de ses fameux « Iwata Asks » où il répondait à des questions de développeurs de la société. Il explique que cette puce graphique était le choix le plus logique, à même de mener au meilleur équilibre entre autonomie et puissance disponible.

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Dans les jeux, la 3DS s’en est bien mieux sortie qu’on aurait pu le penser. Malgré une puce qu’on pouvait penser obsolète dès le lancement, l’ajout de fonctions de programmation modernes a permis à certains jeux très exigeants pour la console d’exister. On peut ainsi citer le remake en 3D de Metal Gear Solid 3 qui proposait une conversion aussi bonne que l’original sur PS2, voire supérieure. Enfin, on doit également citer la version Nintendo 3DS de Super Smash Bros. qui proposait un contenu similaire à celui de la version de salon sortie sur Wii U, bien que les graphismes soient bien moins détaillés.

En poussant la console dans ses derniers retranchements, Nintendo avait même réussi à atteindre un affichage à 60 fps sur Nintendo 3DS, comme l’avait noté Digital Foundry.

À l’heure ou de nombreux jeux n’atteignent pas ce cap fatidique des 60 images par seconde sur des machines autrement plus puissantes telles que la PS4 ou la Xbox One, cela fait réfléchir quant à la marge d’optimisation disponible sur une console, un sujet que Satoru Iwata connaissait bien.

Le plus important pour Nintendo : l’innovation dans le gameplay

Mais au-delà des questions techniques, là où la firme de Kyoto s’est toujours démarquée, tant dans ses consoles de salon que portables, c’est dans l’innovation au cœur de ses jeux, ou dans l’expérience de jeu qu’elle a pu proposer.

Wario Ware : Touched et le tactile

On pourrait citer énormément de jeux, mais on s’en tiendra à quelques-uns, révélateurs de leur machine d’accueil ou de leur époque. Ainsi, on peut penser à Wario Ware : Touched, sorti sur une machine elle aussi largement moins puissante que la concurrence, mais qui faisait usage de l’écran tactile de la Nintendo DS pour proposer une innovation dans le gameplay qui n’était proposé par personne d’autre et dont on retrouve encore aujourd’hui les mécaniques dans une myriade de jeux tactiles sur smartphone.

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De plus, même si ce n’est pas encore officiel, il est presque certain que l’écran de la Nintendo Switch est tactile et multitouch. On peut alors se demander si cela poussera Nintendo à proposer des titres de la Nintendo DS via sa boutique en ligne Console Virtuelle.

Pokémon et le câble link

On pense également aux premiers jeux Pokémon, Bleu & Rouge. Il faut se rappeler que ceux-ci sont sortis en 1999 en Europe sur la Game Boy qui avait déjà 9 ans et qui était, elle aussi, sous-équipée face à la Game Gear de Sega. Pourtant, c’est grâce à la grande autonomie de la machine ainsi qu’à la possibilité d’en connecter plusieurs ensemble, permettant d’échanger des Pokémon, que Nintendo innove. Il propose ainsi le premier jeu qui permettait, bien avant Pokémon Go de se promener avec son jeu et d’aller se battre avec d’autres dresseurs, et donc d’aller à la rencontre de nouveaux joueurs.

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En 2016, faire se rencontrer les joueurs, en faire une expérience sociale, c’est toujours important pour le constructeur, qu’il s’agisse de sa première application mobile, Miitomo, sorte de réseau social pour fans de la marque, ou bien dans Pokémon Go, qui a engendré un nombre important d’histoires de rencontres entre joueurs, même si le jeu n’a pas été développé par Nintendo. On est encore dans le flou total concernant le online de la Switch, mais il est très probable que celle-ci utilise le Nintendo Account, le nouveau système lancé par Nintendo cette année. Peut-être pour enfin se passer des codes amis et proposer des fonctionnalités sur la Switch plus en ligne de mire avec les valeurs de Nintendo ?

Mario Kart 64 et le multijoueur sur Nintendo 64

Enfin, on pourra également penser à un jeu comme Mario Kart 64, qui a inauguré une nouvelle expérience de jeu sur une Nintendo 64 fraîchement sortie, en proposant aux joueurs de jouer jusqu’à 4.

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En proposant une machine permettant nativement aux joueurs de jouer ensemble sans accessoire supplémentaire si ce n’est des manettes, Nintendo était le pionnier d’une tendance qu’on retrouverait ensuite sur la Dreamcast de Sega ou la Xbox de Microsoft. Le multijoueur est toujours une part importante de la communication de Nintendo et faisait d’ailleurs partie des points abordés dans la première vidéo d’annonce de la Nintendo Switch.

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Nintendo & les éditeurs tiers

Reste une interrogation que l’on peut légitimement avoir au niveau des jeux, concernant la présence des éditeurs tiers. Éclipsés par les grosses franchises de Big N et limités par la puissance de la console, les éditeurs tiers se sont rapidement montrés frileux vis-à-vis de la Wii U, et considèrent encore pour certains la Switch comme un pari risqué.

Aujourd’hui, plusieurs indices sont plutôt rassurants quant au support des éditeurs et développeurs tiers et donc à l’avenir de la Switch. Déjà un nombre important d’éditeurs et développeurs ont annoncé leur soutien à la Nintendo Switch. Mais aussi et surtout, les moteurs Unreal Engine d’Epic et Unity supporteront la console. Enfin, on a appris récemment que la console devrait également supporter Vulkan, la nouvelle API graphique. Ces différentes annonces témoignent d’une volonté de Nintendo de rassurer les éditeurs et développeurs tiers quant à la facilité de production des jeux.

Pour aller plus loin
Vulkan : à quoi sert la nouvelle API graphique dédiée aux joueurs ?

Oui, la Nintendo Switch est moins puissante : et alors ?

C’est pour ces différentes raisons, relatives à la fois à la technique et aux jeux, qu’on peut aujourd’hui déclarer que bien que la Nintendo Switch soit probablement bien moins puissante que ses concurrentes, ce n’est absolument pas ça qui peut l’empêcher de rencontrer le succès. Enfin, terminons sur une note plus prosaïque et relative au marché du jeu vidéo actuel.

On voit aujourd’hui Sony dominer clairement cette génération, et Microsoft et sa Xbox One se retrouver à la traine. Cela force Microsoft à vouloir introduire une machine bien plus puissante, le Projet Scorpio. Or, ce n’est pas en proposant une troisième console se focalisant sur les performances, avec la même proposition, que Nintendo pourra se démarquer auprès des joueurs qui, sauf exception, préfèrent se concentrer sur une machine ou deux. Nintendo fait donc le pari de proposer une expérience alternative, qui se trouvera sûrement complémentaire d’un PC ou d’une autre console de salon plus puissante, comme l’était la Wii à son époque.

Et justement, sur la proposition de jeu, Nintendo avait complètement raté le lancement de sa console Wii U, que certains pensaient un simple ajout à la console Wii, amenant de la confusion dans l’esprit des distributeurs et des consommateurs. Dans la présentation de cette nouvelle console, Nintendo nous a montré une proposition de jeu simple, mais claire : pouvoir profiter de jeux qui seront plus beaux et aboutis que ceux de la Wii U n’importe où, n’importe quand.

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