
Ce lundi 17 juin, le gouvernement espagnol a enfin livré sa version officielle sur les origines du blackout massif qui a frappé l’Espagne, et une partie de ses voisins, le 28 avril dernier.
Près de deux mois après les faits, la vérité sort de l’ombre : ce n’est ni une cyberattaque, ni un sabotage, ni une erreur humaine, mais un “phénomène de surtensions” qui aurait provoqué une réaction en chaîne incontrôlable, selon les termes utilisés par la ministre de la Transition écologique, Sara Aagesen.
C’est dans un message publié sur le compte X (ex-Twitter) officiel de La Moncloa, la résidence du président du gouvernement espagnol, que l’annonce est tombée. Le réseau est tombé tout seul, victime de ses propres mécanismes de protection et d’une instabilité non contenue.
Un emballement interne, sans coupable extérieur
Le gouvernement ne livre pour l’instant aucun détail technique, mais le choix des mots pèse lourd : “surtensions” et “réaction en chaîne incontrôlable” laissent entendre que les protections automatiques du réseau se seraient retournées contre lui.


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En clair, selon le gouvernement un déséquilibre de tension ou de fréquence, probablement localisé, aurait déclenché des coupures préventives dans certaines centrales, provoquant à leur tour d’autres déséquilibres, jusqu’à l’effondrement total du système.
La ministre reproche à certains producteurs d’énergie d’avoir sauvagement déconnecté leurs centrales pour les protéger, ce qui aurait participé à l’emballement et à l’effondrement du système électrique.
Le gouvernement précise que les trois facteurs sont une capacité insuffisante de contrôle de la tension lors de l’incident (tout en ajoutant que l’Espagne a suffisamment de capacité de contrôle mais qu’elles n’avaient pas été activé par manque d’anticipation). Ce qui a conduit à des oscillations de la tension puis à la déconnexion non prévue de certaines centrales.
REE (l’équivalent d’Enedis en Espagne) n’aurait pas allumé suffisamment de centrales thermiques pour absorber la demande en énergie. A priori, les calculs n’étaient donc pas bon comme le précise Reuters : « REE nous a dit qu’elle avait fait ses calculs et estimé qu’il n’était pas nécessaire d’allumer davantage de centrales thermiques à ce moment-là. Ils les ont allumé uniquement pour les premières heures de la journée, et non pour les heures centrales« .
Selon Javier Blas sur X (ex-Twitter), journaliste Bloomberg qui a pu assister à la conférence de presse, 10 centrales thermiques auraient dû être allumées le 28 avril en Espagne. Une centrale n’a pas pu être allumée et a prévenu REE le 27 avril au soir. REE n’a pas demandé tout de suite à une autre centrale d’entrer en action et a attendu le 28 avril en fin de matinée pour le faire. Le problème : la centrale thermique met 90 minutes pour se synchroniser avec le reste du réseau. La conséquence : le blackout de 12h33, avant que la 10ème centrale ne puisse se connecter au réseau et l’assister.
Un aveu de fragilité ?
Sans jamais les nommer, les mots employés par la ministre résonnent dans un contexte de transition énergétique accélérée. L’Espagne figure parmi les champions européens de la production solaire, et a massivement désengagé ses centrales thermiques au profit d’un mix plus propre, mais aussi plus complexe à stabiliser.
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Dans un réseau où l’inertie physique des centrales classiques est progressivement remplacée par l’électronique de puissance des renouvelables, la moindre fluctuation peut dégénérer si elle n’est pas anticipée.
En d’autres termes, ce blackout sonne comme un avertissement sur les défis techniques posés par l’électrification rapide de nos sociétés. Et sur la nécessité de mieux préparer les systèmes de sauvegarde, les interconnexions, les accumulateurs d’énergie et les différentes protections.
Justement, lundi 16 juin, “la Banque européenne d’investissement (BEI) a promis lundi de débloquer 1,6 milliard d’euros pour améliorer l’interconnexion électrique entre la France et l’Espagne” comme le rapporte Le Parisien.
Le gouvernement promet que le rapport complet, technique cette fois, sera rendu public. Il devra répondre à une série de questions restées en suspens : pourquoi les protections ont-elles enclenché une telle cascade ? Quels équipements ont été les premiers à tomber ? Le système était-il correctement calibré pour absorber ce type de perturbation ?
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