Voici la première usine de recyclage de batterie en France avec un chiffre fort

 
La filière française du recyclage de batteries a eu du mal à décoller, mais une première usine a fini par voir le jour. Objectif affiché pour celle-ci : traiter jusqu’à 35 000 tonnes de batteries usagées par an afin d’en extraire des métaux critiques stratégiques.
Inauguration de l’usine de Battri // Source : Battri

De grands espoirs sont placés sur les véhicules électriques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les pouvoirs publics les mettent ainsi en avant et encouragent fortement leur adoption. En France, avant l’interdiction de la vente des voitures thermiques en 2035, un palier intermédiaire est à atteindre en 2030 : 66 % des voitures neuves vendues devront être électriques.

Mais cette électrification massive du parc automobile implique un nouveau défi : celui de la gestion des batteries usagées. Ces déchets renferment des composants valeureux souvent à la source de tensions géopolitiques. Leur recyclage constitue ainsi la solution la plus stratégique pour maîtriser les enjeux environnementaux et économiques relatifs.

En la matière, la France a connu un mauvais départ. En 2024, alors que la filière du recyclage de batteries était sur le point de décoller, tous les projets ont finalement été abandonnés. Parmi eux, la coentreprise entre Suez et Eramet pour une usine à Dunkerque, ou encore le partenariat entre Orano et Stellantis, qui visait une mise en service en 2026.

Mais cette année, un nouveau projet démarre enfin. Ce dernier est porté par la startup Battri, qui a inauguré son usine installée dans le Pas-de-Calais en région Hauts-de-France en juin dernier. Celle-ci est l’une des plus grandes d’Europe.

Récupérer la black mass

« On va récupérer ce qu’on appelle une black mass qui est un mélange des métaux stratégiques que sont le graphite, le nickel ou encore le cobalt », détaille le fondateur de Battri, Maxime Trèves, à France Bleu. La fameuse « black mass », ou poudre noire en français, est une poudre sombre renfermant différents métaux critiques, dont ceux cités. Elle est obtenue par broyage des batteries et doit passer par une purification avant de pouvoir être réutilisée dans les nouveaux accumulateurs.

Ce concentré métallique est sans doute le produit le plus précieux du recyclage, bien que d’autres matériaux tels que l’aluminium ou le cuivre puissent aussi être récupérés. Il est même considéré comme un véritable nouvel or noir qui ouvrira la porte à la circularité totale des batteries. D’ailleurs, sa valorisation contribue à renforcer la souveraineté énergétique de la France et de l’Europe, surtout dans un contexte où ces métaux sont encore massivement importés.

Black mass // Source : Battri

Traiter jusqu’à 35 000 tonnes par an

Battri table sur un traitement de 15 000 tonnes de batteries par an dans un premier temps, et envisage de passer à 35 000 tonnes un peu plus tard. C’est l’équivalent de 80 000 à 100 000 voitures par an. Toutefois, la startup ne traitera pas uniquement les batteries de véhicules électriques. Elle prendra en charge toutes les batteries mobiles (celles issues de trottinettes, de téléphones, d’ordinateurs, etc.).

L’entreprise recyclera aussi les rebuts de production des usines voisines spécialisées dans la fabrication de batteries. Rappelons en effet que Battri est implantée dans la « Valée de la batterie ». Elle est située à proximité de différentes usines de production, notamment ACC à Douvrin, AESC à Douai et Vektor à Dunkerque.


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