Dire que le secteur automobile est en pleine transformation tiendrait presque de l’euphémisme. Avec l’électrification galopante du marché, notamment portée par l’interdiction de la vente des voitures thermiques dans l’Union européenne en 2035, beaucoup de lignes bougent, de façon intense et rapide.
Ajoutez à cela la concurrence féroce des constructeurs chinois (BYD en tête) et de Tesla de l’autre côté de l’océan, et l’Europe peut se sentir un peu seule. Comment réagir ? Des idées assez folles surgissent, comme par exemple cette rumeur de méga-fusion entre Renault et le tentaculaire groupe Stellantis (propriétaire de 12 marques, dont Peugeot, Citroën et Fiat, mais aussi Opel, Jeep, DS ou Maserati) dont Automotive News Europe nous relate les grandes lignes.
Une histoire à rebonds
L’histoire commence dimanche 4 février, où le journal italien Il Messaggero crève l’abcès : le gouvernement français étudierait une fusion entre Renault et Stellantis pour renforcer l’attractivité de la France (et de l’Europe de façon plus générale) dans le domaine automobile.
Une rumeur démentie le lendemain par John Elkann, le président de Stellantis (à ne pas confondre avec Carlos Tavares, le CEO) : « aucun projet de fusion avec d’autres constructeurs n’est à l’étude », a-t-il déclaré, avant de poursuivre que Stellantis étudiait un plan « qui rassemble le gouvernement italien avec toutes les parties prenantes de l’industrie automobile pour atteindre des objectifs communs importants pour relever les défis de la transition électrique ».
Rappelons ici que l’État français est le premier actionnaire de Renault, avec 15 % des parts, et qu’il détient également 6,1 % des parts de Stellantis… à l’inverse de l’État italien, qui ne détient aucune part de Stellantis – et qui ne voit donc pas cette rumeur d’un très bon œil.
Une rumeur crédible ?
Même si cette histoire ne semble (pour le moment) pas d’actualité, il est intéressant de se pencher sur les éventuelles conséquences d’une telle fusion.
La première serait assez inquiétante pour les emplois : Renault et Stellantis disposent de nombreuses usines en Europe, et une fusion rendrait sûrement beaucoup d’équipements, de sites et de postes redondants. D’autant plus que Carlos Tavares ne cesse d’avertir sur la cruauté de la transformation à marche forcée vers l’électrique, parlant même de « bain de sang ». Si fusion il y a, alors la recherche d’économies sera au premier rang des attentes et l’ensemble des secteurs seront rationalisés au plus fort.
La seconde question qui se pose, c’est la question du monopole. Avec ce géant Renault-Peugeot-Citroën-Fiat etc, nous aurions une situation de dominance quasi absolue sur le marché des constructeurs généralistes européens, à laquelle seul le groupe Volkswagen (qui détient également Skoda, Cupra et Audi) pourrait répondre. Pas sûr que les régulateurs européens voient cela d’un bon œil.
Bref, une rumeur qui n’a rien de concret pour l’instant, mais qui pourrait profondément faire évoluer la situation actuelle. À suivre, donc.
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