
L’Europe s’apprête à commettre une erreur monumentale. Pendant que les opérateurs télécoms font du lobbying intensif pour s’accaparer la bande haute des 6 GHz (6425-7125 MHz), le Wi-Fi, vous savez, cette technologie qui transporte 70% de votre trafic internet quotidien, risque de se faire éjecter.
Et devinez quoi ? C’est l’Allemagne qui mène la charge, soutenue par Orange et les géants télécoms européens. Leur argument ? Préparer la mythique 6G qui n’existera pas avant 2030.
Pendant ce temps, le Wi-Fi 7 est déjà là, le Wi-Fi 6E aussi, fonctionnel, et pourrait exploser ses performances… si on ne lui coupe pas l’herbe sous le pied.
Pour aller plus loin
Il y a un « faux » Wi-Fi 7 et un « vrai » Wi-Fi 7, et les performances ne sont pas du tout les mêmes
La bataille de lobbying qui se joue dans votre dos
Le 12 novembre, le Radio Spectrum Policy Group (RSPG) s’est réuni à Bruxelles. Selon Reuters, il a été décidé que 540 MHz iraient aux opérateurs mobiles, contre seulement 160 MHz gelés pour le Wi-Fi jusqu’à la Conférence mondiale des radiocommunications de 2027.
Deutsche Telekom, Orange, Vodafone et consorts ont sorti l’artillerie lourde avec une lettre ouverte expliquant que sans ces fréquences, l’Europe serait larguée dans la course à la 6G. Le ministère allemand des Transports numériques a même déclaré que les besoins des opérateurs mobiles étaient « plus importants » que ceux du Wi-Fi pour les futures applications 6G.
Orange a réalisé des tests 5G dans la bande 6 GHz cet été : 1,6 Gb/s en descendant sur 100 MHz de bande. Impressionnant sur le papier. Dans les faits ? C’est un débit théorique qui ne reflète absolument pas l’usage réel. Et surtout, ça justifie de bloquer 700 MHz complets pour une technologie qui n’existera commercialement que dans 5-7 ans minimum.
Le Wi-Fi 7 sacrifié sur l’autel d’un futur hypothétique
La Wi-Fi Alliance et la Dynamic Spectrum Alliance ne décolèrent pas. Dans leur propre lettre à la Commission européenne, elles dénoncent une décision « catastrophique » : bloquer l’accès à ces fréquences pour le Wi-Fi signifierait tuer dans l’œuf les performances du Wi-Fi 6E et Wi-Fi 7.
Pourquoi ? Parce que ces normes, qui existent aujourd’hui, exploitent toute la bande 6 GHz pour délivrer des canaux ultra-larges (jusqu’à 320 MHz). L’objectif de cette bande de fréquences est le débit multiplié, la latence divisée, la capacité énorme dans les zones denses (centres commerciaux, campus, immeubles).
Aux États-Unis, 1 200 MHz de spectre 6 GHz sont déjà alloués au Wi-Fi (5,925-7,125 GHz). En Europe ? On plafonne à 480 MHz depuis fin 2021 (5,945-6,425 GHz). Insuffisant pour exploiter deux canaux 320 MHz sans chevauchement. Et maintenant, on veut carrément verrouiller la partie haute pour des usages mobiles futurs et incertains.
Les opérateurs télécoms expliquent que la bande inférieure 6 GHz (déjà attribuée au Wi-Fi) est « peu utilisée ». Normal, quand Orange lui-même a abandonné le 6 GHz dans sa Livebox 7.
Le calendrier qui arrange tout le monde
La CEPT (Conférence européenne des télécoms) ne prendra sa décision finale qu’en juillet 2027. D’ici là, tout est négociable, en théorie. En pratique, Reuters confirme que le RSPG a déjà acté l’attribution massive aux télécoms.
Les 160 MHz laissés au Wi-Fi ? Gelés jusqu’à la conférence ITU de 2027. Dans le meilleur des cas, le Wi-Fi récupérera des miettes dans 2 ans. Dans le pire, zéro.
Pendant ce temps, les fabricants de routeurs Wi-Fi 7 bricolent avec la bande inférieure insuffisante. Les opérateurs commencent à communiquer sur la 6G.
Une décision politique, pas technique
Cette bataille n’a rien de technique. Les études de la CEPT et du RSPG ont démontré que le Wi-Fi est « mieux placé » pour exploiter la bande haute des 6 GHz que les réseaux mobiles. Mais quand l’Allemagne et les poids lourds télécoms s’en mêlent, les preuves scientifiques pèsent peu.
Réserver 540 MHz à une technologie 6G qui n’existe pas au détriment du Wi-Fi 7 déjà commercialisé, c’est choisir le lobbying plutôt que l’intérêt des utilisateurs. C’est privilégier les revenus des opérateurs (qui vendent des licences spectrum) plutôt que l’efficacité énergétique et la performance réelle.
L’Europe rate une occasion de rattraper les États-Unis technologiquement. De plus, elle crée volontairement un retard structurel sur le Wi-Fi pour un pari incertain sur la 6G.

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