L’IA, le nouveau prétexte pour licencier ? Dropbox supprime des centaines d’emplois

Faut-il craindre l'avènement de l'IA ?

 

L'IA provoque-t-elle déjà des pertes d'emplois ? La réponse est affirmative. En plus des inquiétudes pour l'avenir, Dropbox a récemment justifié la suppression de 16 % de ses effectifs en invoquant le recours à l'intelligence artificielle.

Source : Annie Spratt sur Unsplash

La crise est là, et elle touche tout le monde, dont Apple et l’ensemble des GAMAM. Chez Google, 12 000 salariés ont été licenciés, soit 6 % de l’effectif total. Pour Amazon, ce sont 27 000 employés qui ont été licenciés. Selon le site Layoffs.fyi, qui répertorie les licenciements dans l’industrie des nouvelles technologies dans le monde, il y aurait eu plus d’un millier d’entreprises qui auraient remercié quelque 161 000 salariés. En 2023, le mouvement a tendance à s’accélérer, puisqu’on compterait plus de 150 000 licenciements déjà dans plus de 500 sociétés.

Cette tendance date en réalité du second trimestre 2022, synonyme de fin de plusieurs restrictions sanitaires à travers le monde, mais également de difficultés économiques liées à des pénuries de composants et plus globalement à une inflation généralisée. Comme tous les secteurs de l’économie mondiale, celui des nouvelles technologies est impacté.

Dropbox, le célèbre fournisseur de stockage dans le cloud, a annoncé, à son tour, d’importantes suppressions d’emplois, invoquant la détérioration de la demande mondiale et « l’avènement de l’ère de l’intelligence artificielle » comme raisons principales. Le fondateur de l’entreprise, Drew Houston, a déclaré vouloir remplacer certains employés par des systèmes d’intelligence artificielle.

« l’arrivée de l’ère de l’IA dans le domaine de l’informatique »

Dropbox a annoncé la suppression de 500 postes, soit 16 % de l’ensemble de ses effectifs. Les employés concernés ont été informés hier, et leur dernier jour de travail chez Dropbox est aujourd’hui. Le directeur de Dropbox justifie ces suppressions d’emplois par un ralentissement de la croissance de l’entreprise, qui a atteint un certain niveau de saturation sur le marché. Dropbox continue de travailler de manière rentable et a récemment annoncé de bons résultats financiers. Cependant, l’entreprise cherche à s’adapter à la situation économique mondiale difficile et à la réticence des clients à payer pour certains services.

Toutefois, la raison la plus importante, selon Drew Houston, est « l’arrivée de l’ère de l’IA dans le domaine de l’informatique ». Dropbox croit depuis longtemps en la capacité de l’intelligence artificielle à « nous donner de nouveaux superpouvoirs et à transformer complètement le travail intellectuel ». L’entreprise a travaillé depuis longtemps en vue de cette « révolution », comme en témoigneront les nouveaux produits prévus pour 2023.

L’attitude décomplexée de Drew Houston face au licenciement de centaines d’employés renforce les craintes des critiques concernant l’adoption rapide et incontrôlée des technologies de l’IA dans de nombreux domaines. Il semble ne pas hésiter à remplacer les employés effectuant des tâches répétitives par des systèmes d’intelligence artificielle, en supprimant leurs emplois. Cette situation pose la question de l’éthique de l’utilisation de l’IA dans le monde du travail et soulève des inquiétudes quant à l’avenir des emplois dans un monde de plus en plus automatisé. Est-ce que l’IA devient un nouveau prétexte pour licencier des employés, et comment les entreprises et la société doivent-elles aborder ces défis ?

Entre l’accroissement de la performance et la suppression d’emplois

Des chercheurs de la prestigieuse université américaine de Stanford et du MIT (Massachusetts Institute of Technology) ont mené une expérience inédite : suivre pendant un an les performances de 5 000 employés d’une entreprise de service à la clientèle par téléphone, principalement située aux Philippines. Ils ont cherché à déterminer si ces employés étaient plus productifs lorsqu’ils avaient accès à une intelligence artificielle générative, comme ChatGPT — en l’occurrence, un outil spécifiquement développé pour cette entreprise.

Résultat : un gain de productivité. Les 5 000 employés ont été répartis en deux groupes : le premier avait accès à l’intelligence artificielle, tandis que le second n’en bénéficiait pas. Les chercheurs ont ensuite évalué leur productivité en se basant sur des critères tels que la rapidité d’identification et de résolution des problèmes, ainsi que le pourcentage de problèmes résolus. L’utilisation de l’intelligence artificielle a entraîné une augmentation moyenne de la productivité de 14 %.

D’un autre côté, une étude récente publiée par la banque Goldman Sachs estime que 300 millions d’emplois dans le monde pourraient être menacés à long terme. Cette situation pourrait-elle conduire des millions de personnes à la précarité ou au chômage ? Le rythme d’évolution des outils actuellement disponibles (tels que ChatGPT pour le texte, Dall-E et Midjourney pour les images) est si imprévisible qu’il soulève actuellement davantage de questions que de réponses.


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