Les voitures électriques nécessitent bien moins de main d’œuvre : faut-il craindre des licenciements massifs ?

 

Le patron de Ford, Jim Farley a déclaré que la production des voitures électriques nécessite environ 40 % de main d'œuvre en moins. Cependant, la marque ne prévoit pas de réduire ses effectifs.

Comme toutes les marques automobiles, Ford devra bientôt passer au tout électrique, alors que la vente de voitures thermiques sera interdite en Europe en 2035. Mais ce n’est pas vraiment un souci pour la marque américaine, qui avait annoncé sa volonté de proposer une gamme 100 % électrifiée à partir de 2030. Une stratégie qui l’a notamment conduit à mettre fin à la carrière de la Fiesta dès l’été prochain. Un objectif qui ne devrait pas avoir trop de mal à être atteint, alors que la firme prévoit de lancer pas moins de 7 modèles électriques au cours des prochaines années, dont un basé sur la plateforme MEB de Volkswagen. Une version électrique du Puma est également prévue en 2025.

Une production moins onéreuse

Bien sûr, le passage du thermique au tout électrique implique de nombreux changements pour les constructeurs, qui doivent notamment adapter leurs usines et leurs processus de fabrication. Pour Ford, cela passera notamment par un investissement d’environ un milliard de dollars dans son usine de Cologne, qui permettra de produire environ 200 000 voitures électriques chaque année. Tout cela a donc un coût, qui pourrait toutefois être réduit.

En effet, selon le PDG de la marque à l’ovale bleu, relayé par le très sérieux Financial Times, la fabrication de ces voitures nécessiterait beaucoup moins de main d’oeuvre que pour des modèles thermiques. Ce qui permettrait alors aux constructeurs de réaliser d’importantes économies en se passant de certains salariés. Mais ce n’est pas la volonté du constructeur.

Jim Farley a en effet déclaré durant une conférence donnée à Detroit qu' »il faut 40 % de main-d’œuvre en moins pour fabriquer une voiture électrique, alors nous devons internaliser, afin que chacun ait un rôle dans cette croissance« . Pas question pour l’entreprise de faire appel à des prestataires extérieurs et de réduire ses propres effectifs, bien au contraire.

Il poursuit en ajoutant que « nous avons une toute nouvelle chaîne d’approvisionnement à déployer, dans les batteries, les moteurs et l’électronique, et la diversité doit jouer un rôle encore plus important à cet égard« , alors qu’il s’entretenait avec des militants en faveur des droits humains. Toutefois, il faut se souvenir que Ford a tout de même supprimé 3 000 emplois en août dernier.

Un risque pour les emplois

Il faut se rappeler qu’un moteur de voiture électrique contient environ 100 fois moins de pièces que celui d’un modèle thermique. Logiquement, moins d’employés sont donc nécessaires, alors qu’un rapport de la NPM (National Platform Future of Mobility), une agence créée par le gouvernement allemand, affirmait que plus de 400 000 emplois pourraient disparaître dans le pays d’ici à 2030, en raison de l’essor de la voiture électrique.

Néanmoins, celui-ci est accompagné de nouveaux besoins, puisqu’il faut également produire des batteries, un secteur qui devrait alors être créateur d’emploi. Problème, la plupart des usines sont actuellement implantées en Chine, alors que la délocalisation est un véritable fléau en Europe notamment. Et cela ne devrait pas s’arranger avec l’arrivée massive de constructeurs chinois sur le territoire même si de nombreux projets d’usine de batterie en Europe sont en cours, comme celui de Volkswagen ou du géant chinois CATL.

Une invasion chinoise qui inquiète d’ailleurs les spécialistes, qui appellent à mettre en place des mesures pour favoriser la compétitivité européenne et réduire la menace sur les emplois mais également l’environnement. Car on le rappelle, la production chinoise de batteries est bien plus polluante que chez nous.

L’ONG Transport & Environnement conseille notamment la création d’un leasing social, déjà promis par le gouvernement quelques mois plus tôt, tandis que celui-ci réfléchit à réserver l’octroi du bonus écologique aux véhicules produits en Europe. Aux États-Unis, Joe Biden a déjà mis en place une mesure similaire, obligeant les constructeurs à fabriquer leurs voitures sur le territoire pour pouvoir être éligibles à l’aide gouvernementale. Des solutions qui devraient permettre de sauver de nombreux emplois.


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