
Au sein de la prestigieuse gamme X de Fujifilm, qui compte dĂ©sormais treize boĂ®tiers, le X Half s’impose comme un Ă©lectron libre. RĂ©putĂ©e pour ses capteurs X-Trans et le rendu exceptionnel de ses couleurs, la sĂ©rie X voit arriver un appareil qui, en faisant le choix radical d’un capteur CMOS classique, ne cherche pas Ă rivaliser avec ses aĂ®nĂ©s. Sa cible n’est pas le photographe technique, mais le crĂ©ateur de contenu spontanĂ©, celui pour qui l’instantanĂ©itĂ© d’Instagram et TikTok prime sur la perfection du fichier brut.
Ce pas de cĂ´tĂ© s’inscrit dans un contexte d’intense innovation pour Fujifilm sur l’annĂ©e Ă©coulĂ©e, marquĂ©e par le phĂ©nomène viral du X100VI, la sortie des polyvalents X-T50 et X-M5, et le tout rĂ©cent X-E5. Dans le mĂŞme temps, la marque continue de repousser les limites du grand format, notamment avec le Fujifilm GFX100RF.

La singularitĂ© du X Half ne rĂ©side pas dans sa fiche technique – volontairement limitĂ©e, sans RAW ni vidĂ©o 4K – mais dans une expĂ©rience utilisateur qui rĂ©invente la « contrainte crĂ©ative » si l’on peut dire.
Ses modes dĂ©calĂ©s, comme le « 2-en-1 », qui fusionne deux prises de vue verticales, ou le mode « pellicule » qui retarde la dĂ©couverte des clichĂ©s via une application, incitent Ă composer diffĂ©remment, Ă renouer avec l’attente et la surprise — d’une certaine manière avec l’excitation du dĂ©veloppement d’un film argentique.
Face Ă la surabondance algorithmique des smartphones, le Fujifilm X Half oppose une expĂ©rience photographique hors-norme qui cĂ©lèbre l’instinct, Ă un tarif qui le confronte directement Ă des appareils bien plus conventionnels.
Fujifilm X HalfSpécifications techniques
Ce test a été réalisé avec un appareil prêté par le fabricant.
Fujifilm X HalfMinimaliste
Très compact (112,5 x 64,5 x 39,0 mm), le Fujifilm X Half se glisse dans une poche de veste et s’y oublie presque. MĂŞme Ă cĂ´tĂ© du pourtant svelte X100VI, il paraĂ®t minuscule. Avec ses 240 grammes sur la balance, le X Half se revendique comme un poids plume. MalgrĂ© l’absence de grip, l’Ă©paisseur du boĂ®tier assure une prĂ©hension Ă©tonnamment correcte, et son poids anecdotique rend l’usage Ă une main non seulement possible, mais confortable. Il n’y a guère que par forte chaleur, lorsque la main se fait moite, qu’il est prĂ©fĂ©rable de lui associer une dragonne.

Tout est pensĂ© pour la verticalitĂ©, de la tenue Ă l’interface Ă©purĂ©e oĂą les rares commandes physiques tombent sous le doigt. Le plaisir tactile des bagues crantĂ©es – exposition sur le dessus, ouverture sur l’objectif – est un clin d’Ĺ“il assumĂ© Ă l’ergonomie classique de Fujifilm.
La conception matĂ©rielle, cependant, reflète ce parti-pris de lĂ©gèretĂ©. Le squelette de l’appareil est forgĂ© en alliage de magnĂ©sium, gage de rigiditĂ©, mais la sensation en main reste Ă des annĂ©es-lumière de la densitĂ© premium d’un X100VI.

Le X Half a des allures de jouet de luxe, d’objet design pensĂ© pour ĂŞtre vu, plus qu’outil forgĂ© pour l’Ă©preuve du terrain. Ce n’est pas un dĂ©faut, c’est un choix. Les habituĂ©s de la marque seront possiblement dĂ©contenancĂ©s. Et, sans surprise, l’appareil n’est pas fait pour les intempĂ©ries : aucune mention de tropicalisation. C’est un boĂ®tier de beau temps, un compagnon de flânerie urbaine.
Le minimalisme s’Ă©tend jusqu’Ă une connectique rĂ©duite Ă sa plus simple expression : un port USB-C pour la charge et le transfert, un unique slot pour carte SD. L’impasse est totale sur les ports audio. Pas d’entrĂ©e micro, pas de sortie casque.

Un sacrifice de plus sur l’autel de la simplicitĂ©, qui cantonne dĂ©finitivement l’appareil Ă la pure capture d’images, loin de toute prĂ©tention vidĂ©o sĂ©rieuse.
Fujifilm X HalfUne visée approximative
En matière de visĂ©e, le X half fait le pari radical du dĂ©pouillement. Il propose un viseur optique de type galilĂ©en inversĂ©, sans comparaison possible avec l’EVF hybride du X100VI. Ici, point d’informations superposĂ©es, ni de mini-Ă©cran intĂ©grĂ©. Le viseur du X half est un simple cadre de verre avec une couverture Ă 90 % du champ capturĂ© par l’objectif, sans le moindre guide.

En mode pellicule (on y reviendra), ce viseur optique est la seule possibilité de cadrage offerte.
Un double écran pour viser et changer de simulation de film
L’Ă©cran LCD de 2,4 pouces du Fuji X Half est fixe, d’une rĂ©solution de 920K pixels. Si sa colorimĂ©trie et sa dĂ©finition sont honnĂŞtes, sa luminositĂ© avoue vite ses limites sous un soleil direct. Ă€ sa gauche, un second Ă©cran, plus fin et dĂ©diĂ©, affiche en permanence la simulation de film active ou le filtre enclenchĂ©.

En pratique, l’Ă©cran n’est utilisable qu’en intĂ©rieur ou lorsque le ciel est couvert. Ă€ la plage et sous le soleil de juin, on n’y voit quasiment rien et il faut s’en remettre au viseur optique.
Fujifilm X HalfContrĂ´les et navigation
La personnalisation est rĂ©duite Ă sa plus simple expression : il n’y a aucune touche de fonction (Fn) personnalisable. La philosophie est claire : les choix sont faits pour vous. Les seules commandes physiques directes sont la molette de correction d’exposition (+/- 3 EV), la bague d’ouverture, un bouton pour basculer entre photo et vidĂ©o, un bouton de lecture et le dĂ©clencheur.
L’accès aux menus se fait exclusivement via l’Ă©cran tactile. Un balayage depuis les bords de l’Ă©cran fait apparaĂ®tre les diffĂ©rentes options. L’interface est visuelle et simplifiĂ©e Ă l’extrĂŞme. On y trouve les modes PASM, le choix de l’autofocus (single, continu, manuel), l’activation de la dĂ©tection des visages et des yeux ou encore la balance des blancs.

L’ensemble est intuitif pour un nĂ©ophyte, mais les photographes plus expĂ©rimentĂ©s se sentiront rapidement Ă l’Ă©troit.
L’originalitĂ© la plus marquante est le levier arrière du X Half, dont le design Ă©voque l’armement d’un film argentique et qui sert Ă activer une fonction crĂ©ative de fusion de la prochaine photo avec la prĂ©cĂ©dente — cela fonctionne aussi en vidĂ©o — ainsi qu’à « rĂ©armer » en mode pellicule pour prendre le clichĂ© suivant.
Fujifilm X HalfUn capteur classique, sans technologie X-Trans
Le X half est Ă©quipĂ© d’un capteur CMOS de 1 pouce et 17,74 mĂ©gapixels, avec matrice de Bayer classique (et non la technologie X-Trans habituelle de Fujifilm). Sa plus grande particularitĂ© est d’ĂŞtre physiquement installĂ© Ă la verticale. ConsĂ©quence : l’appareil produit nativement des images verticales.
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Pour obtenir une photo au format paysage, il faut non seulement tourner l’appareil Ă 90 degrĂ©s, mais aussi pivoter manuellement le fichier sur un ordinateur ou un smartphone.

CĂ´tĂ© technique, l’appareil va Ă l’essentiel. Il dispose d’un autofocus hybride qui combine dĂ©tection de phase et de contraste, avec une reconnaissance des visages et des yeux, avec mode ponctuel ou continu. Il n’y a cependant pas de stabilisation d’image.
L’obturateur est purement mĂ©canique, avec une plage de vitesses allant de 15 minutes Ă 1/2000s. Autrement dit, il faudra fermer le diaphragme sous une lumière intense afin de ne pas surexposer ses photos, ou positionner manuellement un filtre ND devant l’objectif (qui est privĂ© de filetage pour y monter un filtre circulaire).
ConformĂ©ment Ă la philosophie de l’appareil, il n’y a ni obturateur Ă©lectronique, ni mode rafale.
Fujifilm X HalfL’objectif : correct, mais sans plus
Le X Half est Ă©quipĂ© d’une optique fixe de 10,8 mm, Ă©quivalente Ă un 32 mm en plein format. Son ouverture de f/2.8 la rend assez lumineuse pour la plupart des situations. Cependant, il ne faut pas s’attendre Ă des performances optiques exceptionnelles. Le piquĂ© (la nettetĂ© des dĂ©tails) est correct au centre de l’image, mais il n’est pas particulièrement remarquable.
Pour aller plus loin
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L’optique dispose d’une bague d’ouverture crantĂ©e, avec seulement 5 positions (f/2,8, 4, 4,6, 8 et 11) et un mode automatique. La mise au point manuelle est possible via une bague libre sur le nez de l’optique.

Le rendu colorimĂ©trique de l’objectif est assez neutre, sans le cachet engageant que peuvent avoir d’autres focales fixes Fujifilm, comme celle du X100VI. C’est une optique honnĂŞte, mais pas l’Ă©lĂ©ment qui donnera un caractère mĂ©morable Ă l’image ; ce rĂ´le est entièrement dĂ©volu aux simulations de films.
Fujifilm X HalfDes photos Ă quitte ou double
Le choix le plus radical de Fujifilm est l’abandon total du format RAW. Le X half ne produit que des fichiers JPEG, ce qui signifie que le rendu est figĂ© dès la prise de vue, avec certes des possibilitĂ©s d’Ă©dition avec un smartphone ou un ordinateur, mais moins de latitude qu’avec un fichier RAW.

Contrairement Ă un smartphone ou mĂŞme aux autres appareils de la sĂ©rie X, il n’intègre aucune aide Ă l’exposition avancĂ©e. Oubliez le dĂ©bouchage automatique des ombres ou la rĂ©cupĂ©ration des hautes lumières en temps rĂ©el ; les modes de plage dynamique Ă©tendus (DR200, DR400), pourtant signature de Fujifilm, sont absents.

RĂ©sultat : l’appareil ne compense pas les scènes Ă fort contraste. Un contre-jour se traduira par des ombres bouchĂ©es, lĂ oĂą un iPhone, par exemple, aurait produit une image souvent bien Ă©quilibrĂ©e. Le photographe doit donc maĂ®triser l’exposition Ă la source, comme au temps de l’argentique.

Le point fort reste la science des couleurs de Fujifilm. Grâce aux 13 simulations de films, les JPEG produits ont un caractère et une richesse chromatique indéniables.
Cependant, la gestion du bruit numĂ©rique montre ses faiblesses dès que la lumière baisse. Sans traitement de rĂ©duction du bruit aussi performant que sur d’autres boĂ®tiers, l’image « fourmille» et perd en dĂ©tails dès 1600 ISO, et le bruit devient très prĂ©sent au-delĂ , soulignĂ© par la compression jpeg.
Un mode pellicule déroutant
Fujifilm a dotĂ© le X Half d’un mode photo en aveugle, qui permet de prendre des clichĂ©s avec la seule aide au cadrage du viseur optique, et sans possibilitĂ© de consulter les images dans la foulĂ©e.

C’est le mode pellicule, qui oblige Ă choisir une simulation de film et permet de prendre 36 ou 72 photos successivement. Pour chacune, il faut rĂ©armer l’appareil avec son levier, sans quoi, pas de photo possible.
Puis, pour les dĂ©couvrir, il faut impĂ©rativement utiliser l’app Fujifilm X Half et ĂŞtre patient, car le dĂ©veloppement dure quelques secondes pour chaque photo.
Un mode 2en1 déconcertant
Autre curiositĂ©, le mode 2en1 permet d’associer deux photo verticales dans une seule image dans un format carrĂ©. On ne choisit pas parmi des photos existantes : l’association n’est possible qu’avec une nouvelle photo et la dernière prise.

La seule souplesse offerte est le positionnement de la seconde photo : Ă gauche ou Ă droite et pour cela il faut actionner le levier d’armement.
Des filtres créatifs amusants
En plus de la douzaine de simulations de films, le X Half intègre autant de filtres créatifs, parmi lesquels un mode double expo, fuite de lumière, jouet ou encore fish-eye.
Chacun demande un peu d’apprentissage pour en tirer pleinement parti, mais c’est clairement l’une des forces de l’appareil.
Fujifilm X HalfUne résolution vidéo limitée
La section vidĂ©o du X half est Ă l’image du reste : simple, avec des partis-pris forts qui la destinent Ă un usage très spĂ©cifique.
La qualitĂ© d’image est modeste. L’appareil enregistre dans une dĂ©finition de 1440x1080p Ă 24 i/s (H.264, 50 Mbps), un format infĂ©rieur au standard Full HD (1920×1080) et très loin de la 4K HDR proposĂ©e par des smartphones. Si cette dĂ©finition est suffisante pour des clips destinĂ©s Ă TikTok ou Instagram, elle manquera de finesse et de dĂ©tails sur un Ă©cran plus grand.

LĂ oĂą le X half se distingue, c’est avec son mode vidĂ©o « 2-en-1 ». Il combine deux clips verticaux pour crĂ©er une seule vidĂ©o de 2160×1440. La principale contrainte est que les deux clips doivent ĂŞtre capturĂ©s l’un après l’autre, ce qui peut freiner la spontanĂ©itĂ©. Difficile de savoir si ce mode trouvera son public, tant les apps mobiles de montage vidĂ©o proposent des effets encore plus variĂ©s.
CĂ´tĂ© autofocus, le système est globalement discret et fiable sur des sujets statiques. Il montre cependant ses limites lors du suivi de sujets en mouvement. L’absence de rĂ©glage de la vitesse de transition le rend peu adaptĂ© aux scènes dynamiques.

MalgrĂ© ces limites, l’appareil possède un atout : les simulations de films Fujifilm sont applicables en vidĂ©o, ce qui permet d’obtenir un rendu colorimĂ©trique soignĂ© dès la prise de vue. L’absence de profil log empĂŞche cependant tout Ă©talonnage poussĂ© en postproduction.
Fujifilm X HalfUne belle endurance
C’est le point fort inattendu du X Half. MalgrĂ© sa petite taille, l’appareil offre une autonomie remarquable.
Fujifilm annonce environ 880 photos par charge avec la batterie NP-W126S (norme CIPA), un chiffre excellent qui permet de photographier sereinement une journĂ©e entière, voire plus. La recharge s’effectue via un port USB-C en Ă peu près deux heures.
Fujifilm X HalfPrix et disponibilité
Le Fujifilm X Half est disponible en coloris noir, anthracite et gris au prix de 799 euros. Ce tarif, loin d’ĂŞtre anodin, se justifie moins par ses composants que par son originalitĂ©.
Face Ă la concurrence, le positionnement du X Half est dĂ©licat. La comparaison avec un smartphone haut de gamme (un iPhone coĂ»te près de 1000 €) s’arrĂŞte Ă la portabilitĂ© : ce dernier le surclasse en polyvalence et en puissance de traitement, notamment vidĂ©o.

Plus frappant encore, pour un budget Ă peine supĂ©rieur, l’Ă©cosystème Fujifilm lui-mĂŞme offre une alternative redoutable. Un boĂ®tier X-M5 nu avec un excellent Viltrox 23 mm f/1.7 coĂ»te environ 1100 € et dĂ©livre des performances sans commune mesure : capteur APS-C X-Trans, fichiers RAW, objectifs interchangeables et vidĂ©o 6K.
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