Ils sont bien rares les écouteurs à deux voies. Pourtant, ajouter un second transducteur à chaque écouteur pour reproduire les sons les plus complexes — les aigus — est une très bonne idée, utilisée en hi-fi et en home-cinéma pour les enceintes depuis des lustres. Alors, pourquoi ne pas faire pareil avec les écouteurs ? Par économie principalement, pas tant pour le coût (ridicule) d’un second mini haut-parleur, mais parce que la mise au point d’écouteurs à deux voies est plus fastidieuse. À cela une raison simple, il faut trouver deux transducteurs qui sonnent à peu près pareil et il faut programmer un filtre numérique pour que chacun joue une partition de fréquences différente. Mais où placer le curseur : au beau milieu des fréquences moyennes, plus bas, plus haut ? C’est tout l’art du filtrage que de savoir quelles fréquences confier à chaque transducteur. Mais les bénéfices pour l’auditeur sont potentiellement énormes. Nous y reviendrons.
Fiche technique
Modèle | Huawei FreeBuds Pro 3 |
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Format | Ecouteurs sans fil |
Batterie amovible | Non |
Microphone | Oui |
RĂ©duction de bruit active | Oui |
Autonomie annoncée | 6,5 heures |
Type de connecteur | USB Type-C |
Longueur du cable | 23 cm |
Poids | 5,8 g |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé avec des écouteurs prêtés par Huawei.
Faciles Ă installer et ultra-confortables
Commençons par évoquer le look des Huawei Freebuds Pro 3, plutôt classique avec de petites coques formées pour épouser le pavillon de l’oreille et s’y fixer, prolongées par d’épaisses tiges rectangulaires dotées d’une zone de contrôle tactile, actionnable par pression et glissement. La robe est réalisée en plastique teinté à effet miroir, avec plusieurs inserts noirs pour habiller les grilles de protection des différents microphones. Bonne surprise, les traces de doigts sont modérées et peu visibles.
Question confort de port, c’est le sans-faute et l’on approche de celui des Apple AirPods Pro 2. Les Huawei Freebuds Pro 3 sont aussi faciles à enfiler, sans besoin de tâtonner pour chercher la bonne position. Une fois installés, ils ne bougent pas et on peut aisément trottiner avec, d’autant qu’ils ne craignent pas la transpiration. Leur certification IP54 assure même de pouvoir les utiliser sous la pluie, mais en revanche pas de les immerger. Après plusieurs heures de port, la pression exercée dans l’oreille ne laisse pas de sensation douloureuse.
Le boîtier des Huawei FreeBuds Pro 3
Le boîtier de rangement est un modèle horizontal compact, avec capot aimanté. Il est réalisé en plastique avec une peinture mate imitation métal. Seule rupture tonale, le logo Huawei sur la face arrière est gravé dans une fine plaque de verre brillant.
Le boîtier pèse 46 grammes (58 avec les écouteurs), ce qui est dans la moyenne basse. Il est compatible avec la charge sans fil Qi par induction et dispose en outre d’un port USB-C.
Un vrai confort d’utilisation
Les zones tactiles proposent tous les réglages qu’on est en droit d’attendre d’écouteurs, à commencer par l’ajustement du volume. Il est obtenu par glissement du doigt sur la tige de l’un ou l’autre des écouteurs. Une petite tonalité confirme la prise en compte de la commande. Le pincement bref permet de mettre en pause ou de reprendre la lecture ou encore de prendre un appel téléphonique. La résistance au clic est assez importante et il faut prendre le pli de bien saisir la tige et de presser au bon endroit (d’une à trois fois selon la commande voulue). Tout comme les Apple AirPods Pro 2 — plus souples à manœuvrer — les FreeBuds Pro 3 émettent un clic de confirmation. Un pincement prolongé permet de basculer vers les modes ANC (réduction de bruit active) et transparence.
Une app qui cajole l’utilisateur
Tous ces gestes sont modifiables selon les prĂ©fĂ©rences de l’utilisateur, par le biais de l’app Huawei AI Life. Celle-ci est disponible pour iOS depuis l’App Store et tĂ©lĂ©chargeable via un QR Code sous Android. Si l’on possède un smartphone Huawei, l’OS rĂ©cupère en un instant l’application qui est directement intĂ©grĂ©e aux menus système. AI Life est vraiment bien ficelĂ©e, avec une prĂ©sentation claire et des tutoriels d’utilisation faciles d’accès.
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On y trouve aussi la liste des périphériques auxquels les écouteurs sont actuellement associés, ainsi que des réglages avancés liés au codec Bluetooth LDAC (mode stabilité/qualité, débit moyen ou élevé). Plusieurs profils d’égalisation sont présents et il est possible d’en créer d’autres à partir d’un égaliseur à 10 bandes comprises entre 60 Hz et 16 kHz. Un bon point.
Les codecs des Huawei FreeBuds Pro 3
De nombreuses technologies de transmission audio sont prises en charge, les classiques codecs SBC (universel), AAC (utilisé par les appareils Apple), mais aussi ceux plus évolués et certifiés Hi-Res Audio comme le LDAC et le L2HC. Pour profiter de ce dernier, il faudra utiliser un smartphone Huawei fonctionnant au minimum sous EMUI 13. Le contrôleur Bluetooth est compatible multipoint pour utiliser successivement deux sources différentes, sans devoir se déconnecter de l’une pour l’autre.
La liaison radio est très stable, en pleine rue comme chez soi et même au travers d’une cloison mince ou d’un plancher bois. Quant à la latence, elle reste perceptible même en activant le mode censé la réduire. En jouant, le son arrive donc avec un petit peu de retard sur l’image. Aucun problème de ce genre en lecture vidéo, l’image et le son des films et séries sont bien synchrones.
Une réduction de bruit convaincante
Huawei a amélioré son système de réduction de bruit active et selon ses mesures le gain serait de 50 %. À l’épreuve d’un trajet en voiture, l’ANC montre qu’elle sait supprimer totalement les bruits de roulement et le bruit du moteur, mais quelques bruits clairs persistent. Ce n’est pas gênant dans ce cadre précis. En revanche, dans un hall d’un conservatoire où des dizaines d’élèves parlent et rient, la réduction des bruits est moyennement performante, et ce quel que soit le mode enclenché : dynamique (adaptatif), cosy, général ou Ultra. On bascule d’ailleurs vite en mode Ultra en toutes circonstances. Les Huawei FreeBuds Pro 3 ne sont pas au niveau des références du marché que sont les Bose QuietComfort Ultra Earbuds, Sony WF-1000XM5 et Apple AirPods Pro 2. Mais l’isolation reste néanmoins meilleure que la plupart des écouteurs avec ANC et s’avère précieuse dans bien des cas.
Le mode transparence est totalement satisfaisant et permet d’entendre autour de soi avec réalisme, et bien entendu de tenir une conversation dans de bonnes conditions.
Une excellente résolution sonore
Pour mettre en avant les qualités de ses écouteurs, Huawei n’y va pas avec le dos de la cuillère. Outre les codecs « HD » évoqués plus haut qui promettent monts et merveilles, il est question de Triple Adaptive EQ ou encore d’une réponse en fréquence de 14 Hz à 48 kHz. De quoi mettre des étoiles dans les yeux, mais pas nécessairement dans les oreilles. Personne n’entend valablement les sons aigus au-delà de 16 kHz… alors 48 kHz, c’est impossible et réservé aux canidés. Et puis les fichiers comportant de telles fréquences sont rarissimes, ce sont seulement ceux au format 24 bits / 96 kHz et à condition d’utiliser un codec HD tel que le LDAC.
Quant aux 16 Hz, quasiment des infrasons, ils ne sont pas enregistrés dans les fichiers audio que nous écoutons, qui ne descendent qu’à 20 Hz. On ne voit d’ailleurs pas bien comment Huawei a pu mesurer une telle fréquence. Pour la technologie Triple Adaptive EQ, il s’agit d’une classique égalisation du son en fonction du volume d’écoute, avec en plus une détection du mauvais port des embouts et, le cas échéant, une correction tonale de compensation. Reste que les qualités des Huawei FreeBuds Pro 3 sont ailleurs.
Design interne des Huawei FreeBuds Pro 3
À l’intérieur de chaque écouteur sont installés deux petits haut-parleurs, l’un traditionnel de 11 mm de diamètre et l’autre à armature équilibrée (balanced armature). Chacun joue sur une plage de fréquences bien déterminée : le transducteur de 11 mm est en charge des basses fréquences et du registre bas-médium, tandis le transducteur à armature équilibrée joue essentiellement du médium à l’aigu ; il est d’ailleurs exclusivement conçu pour cela. Sa micro-membrane étant bien plus légère, elle engendre peu de traînage au moment de passer d’un son à un autre, le bénéfice pour l’auditeur étant un niveau de détails considérablement supérieur. En pratique, il s’agit d’une toute petite boîte avec un tube de sortie par lequel s’échappe le son produit. À l’intérieur, une paire d’aimants fait vibrer une micro-tige reliée à un diaphragme ultra-léger, qui vibre et produit des sons très précis. C’est peu ou prou la technologie du microphone, mais inversée.
En somme, le transducteur à armature balancée est à l’écouteur ce que le tweeter est à l’enceinte, un petit haut-parleur taillé pour reproduire finement les hautes fréquences, avec des bénéfices audibles en réalité sur toutes les autres fréquences. Prenons l’exemple d’une caisse claire : son impact génère une fréquence fondamentale vers 200 Hz, mais ses résonances harmoniques montent bien plus haut, jusque dans l’aigu. En reproduisant mieux ses harmoniques, on rend le son de la caisse claire plus crédible et naturel pour l’oreille. Vous l’aurez compris, les Huawei FreeBuds 3 Pro sont des écouteurs un peu à part sur le marché, au même titre que les B&W Pi7 S2 par exemple.
Signature sonore et courbe de réponse des Huawei FreeBuds Pro 3
Ce troisième millésime sonne mieux que le précédent, avec un registre médium moins en avant et donc un équilibre global bien plus plaisant. Toutefois, avec le réglage d’égalisation par défaut, je trouve le grave un peu en retrait, d’autant plus que le haut du spectre est lui en avant et que le transducteur à armature équilibrée, qui a plus d’énergie que l’autre, confère beaucoup de puissance aux hautes fréquences. En activant le profil de renforcement des basses, tout rentre (à peu près) dans l’ordre et le grave apporte une bonne dose de soutien.
Un coup d’œil Ă la courbe de rĂ©ponse montre que les Ă©couteurs sont rĂ©guliers dans leur montĂ©e en frĂ©quence, avec principalement un gigantesque pic dans l’extrĂŞme aigu, impressionnant, mais moins audible qu’on pourrait le croire et surtout propice Ă une brillance agrĂ©able. La portion 200-2000 Hz qui contient les frĂ©quences fondamentales de tous les instruments et voix est remarquablement maĂ®trisĂ©e. Pourtant, malgrĂ© l’absence d’accidents dans le mĂ©dium et particulièrement lĂ oĂą notre oreille est hypersensible, il y a des duretĂ©s dans la restitution de certains morceaux Ă fort volume. Est-ce la petite armature Ă©quilibrĂ©e qui manque d’amortissement ? C’est un point Ă amĂ©liorer pour un quatrième millĂ©sime.
Impressions d’écoutes des Huawei FreeBuds Pro 3
Il y a des titres qui impressionnent. Prenez Eleanor Rigby des Beatles (2022 Mix). Dès l’intro, les choeurs latéralisés de Lennon et Harrison sont d’une grande précision et les cordes séduisent par leurs attaques franches. Vient ensuite la voix de McCartney, très proche du micro et cela s’entend vraiment bien, sur fond de violon, alto et violoncelle. Huit furent utilisés pour l’enregistrement et, même s’il est peu probable de les deviner à l’oreille, leur restitution par les écouteurs est assez épatante. Même constat sur les Lacs du Connemara, où l’orchestre se déploie comme rarement autour de la voix de l’artiste, sans jamais éclipser les chœurs. La cornemuse synthétisée n’a jamais sonnée aussi synthé — un Moog déréglé selon la légende — preuve que les FreeBuds Pro 3 font bien leur boulot. Autre titre sympa à écouter avec les FreeBuds Pro 3, le remix de Kygo de Say, Say, Say. Ca cogne bas et fort comme il faut, le rythme est vite irrésistible et tout un tas de petits détails attirent l’attention. Le titre a rarement été aussi immersif. Même chose le live de Kashmir de Led Zeppelin (O2 Arena), où l’on entend avec discernement le jeu frénétique de Jimmy Page.
Tout cela est de très bon niveau, même s’il faut reconnaître des tensions à fort volume, qui engendrent de la fatigue auditive. Comparativement, les B&W Pi7 S2 également avec une armature équilibrée, restent sereins à volume soutenu. Ceci posé, à faible volume d’écoute, le son est excellent et la quantité d’information hors normes.
- Grave : en léger retrait (ça se soigne à l’égaliseur), extension satisfaisante, bonne capacité d’impact
- Médium : définition épatante, époustouflante parfois, mais des duretés rendent certains titres durs à écouter à fort volume
- Aigu : précis et délicat
Comportement dynamique et scène sonore
C’est le comportement macro-dynamique des écouteurs Huawei FreeBuds Pro 3 qui frappe, plus que leur capacité à marquer les grands écarts dynamiques. Leur capacité d’analyse est remarquable et l’on entend de tout petits détails ci et là , des notes qui s’éteignent un peu plus tard qu’à l’accoutumée, des résonances inattendues. C’est le signe d’un très bon régime transitoire et c’est une bonne nouvelle pour tous les instruments, surtout les non-électroniques. Une corde de guitare ou de contrebasse résonne ainsi mieux qu’avec la plupart des écouteurs à mono-transducteurs. La scène sonore est très large et la stéréo bien marquée, avec toutefois quelques reproches à adresser au centre de la scène, parfois un peu trop dense et manquant de profondeur dans l’axe frontal.
Des appels en toute sérénité
Huawei annonce avoir fait un gros effort sur la qualité des appels téléphoniques, avec la technologie Pure Voice 2.0, qui isole la voix de l’auditeur et l’amplifie. Effectivement, la qualité des appels est excellente, avec une réduction quasi totale des bruits parasites. Au beau milieu de la salle d’attente d’un conservatoire, où résonnent et se mêlent les conversations d’une trentaine de personnes, j’ai pu passer un appel dans d’excellentes conditions, d’une part parce que l’ANC m’isolait, mais aussi parce que tous ces bruits étaient éliminés. Mon interlocuteur m’entendait ainsi parfaitement. Bravo, car la qualité des appels est devenue le parent pauvre des écouteurs ces derniers temps.
Une autonomie moyenne
Si vous utilisez l’ANC à son maximum et renforcez un peu les basses fréquences pour profiter d’un équilibre à mon sens idéal, il faudra compter sur un tout petit peu plus de 4 heures d’autonomie à 50 % du volume. Sans réduction de bruit active, on peut grappiller une bonne heure, mais pas plus.
Ce n’est pas si mal, mais en retrait de ce que proposent les concurrents directs de ces Ă©couteurs (Sony, Bose, Apple…). Cela s’explique notamment par l’intĂ©gration de deux transducteurs, et donc de deux amplis par Ă©couteur. Le boĂ®tier offre trois charges supplĂ©mentaires, qui ne durent qu’une quarantaine de minutes chacune. C’est très rapide et la concurrence a besoin bien souvent de deux heures pour refaire le plein de ses Ă©couteurs.
Prix et date de sortie
Les écouteurs Huawei FreeBuds 3 Pro sont disponibles en coloris noir, blanc et bleu pâle et proposés au prix de 199 euros. Un bon rapport qualité/prix si l’on considère que les Apple AirPods Pro 2 sont facturés au minimum 50 euros de plus, les écouteurs Sony WF-1000XM5 100 euros et Bose QC Ultra Earbuds 150 euros de plus.
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