Comment une erreur humaine sur OpenStreetMap a fini en lieu de pèlerinage dans Flight Simulator

Effet papillon 3.0

 

Si les multiples données qui nous entourent sont une mine d’information à l’heure du tout numérique, elles prouvent souvent qu’elles doivent être prises avec des pincettes, notamment si l’être humain intervient. Mal renseignée dans un logiciel open source, une information a donné naissance à une incongruité dans "Flight Simulator", jeu qui mise avant tout sur le réalisme.

Une étrange tour a vu le jour dans le ciel de Melbourne dans le jeu Flight Simulator
Une étrange tour a vu le jour dans le ciel de Melbourne dans le jeu Flight Simulator // Source : Capture d’écran Twitter / @alexandermuscat

Si Flight Simulator est un jeu salué pour ses prouesses graphiques et techniques, il est aussi la meilleure expression de tout ce que la technologie peut mettre au service du jeu vidéo pour le faire grandir et entrer dans une nouvelle dimension.

Le nouveau jeu conçu par Asobo Studio et Microsoft a profité de la force du cloud Azure, du machine learning, de données satellitaires, météo, aériennes… pour tenter d’être le plus réaliste possible aussi bien dans son fonctionnement (sillonner le monde entier en avion sans temps de chargement, météo en temps réel, etc.) que dans sa reproduction fidèle de la planète (villes, mers, montagnes, arbres, animaux, etc.). Tout cela grâce à des données collectées en amont de la création du jeu, puis injectées en cours de jeu via le cloud. Une excellente idée pour rendre le jeu encore plus réaliste. Ou pas…

Des bugs qui font autant le succès du jeu

Depuis son lancement il y a quelques jours, Flight Simulator fait autant parler de lui pour la bluffante balade visuelle et technique offerte que par les bugs remontés — voire pistés — par les internautes. Des monuments approximatifs, mais cela est souvent dû à des droits de propriété intellectuelle qui empêchent une reproduction fidèle, des zones que l’IA a « écrasé » ou des éléments mal ajustés par le moteur graphique (route passant sur un immeuble, rivière qui sort de son lit…). Mais d’autres erreurs sont parfois surprenantes et (presque) inexplicables dans le processus de création d’un tel jeu.

L’Arctique ou Le Mur de Game of Thrones dans Flight Simulator

Les joueurs ayant survolé Melbourne ont ainsi fait la découverte d’un point d’intérêt inconnu dans la ville, que même les habitants les plus proches ne soupçonnaient pas : un immeuble de 212 étages surplombant la banlieue de Fawkner, au nord de la ville. Ce Monolithe rapidement surnommé par des twittos amusés n’a qu’un seul problème, il n’existe pas dans la réalité, mais a pourtant attiré les joueurs comme autant de touristes vidéoludiques en pèlerinage, prompts à tenter de se poser sur ce bâtiment improbable.

Facétie de Flight Simulator ? Construction en cours et déjà intégrée ? Bug de l’IA qui a aidé à la création du jeu ? Rien de tout cela. Les données prises en compte par Bing Maps, utilisé pour générer la carte du jeu, étaient bien exactes. Amusés, les internautes ont alors cherché à comprendre d’où venait l’erreur. Et ils ont fini par y parvenir rapidement en furetant sur internet.

Le Monolithe doit sa présence dans le jeu à… une faute de frappe. C’est en fait en renseignant les informations sur le bâtiment en question dans Open Street Map qu’un internaute a provoqué cette erreur. Au lieu d’écrire « 2 étages », il a indiqué « 212 étages » pour la maison. La bévue a été commise il y a plus d’un an et corrigée depuis.

https://twitter.com/liamosaur/status/1296305262144364544?s=20

Mais entre temps, Microsoft a, semble-t-il, réalisé un export des données OpenStreetMap en parallèle de celles récupérées dans Bing Maps pour concevoir son jeu et les soumettre à l’IA créatrice. Les équipes ne pouvant pas passer toutes les villes du monde en revue, l’erreur est passée inaperçue. Et c’est ainsi que le fameux Monolithe a vu le jour dans Flight Simulator, seul au milieu d’une paisible banlieue pavillonnaire.

Une simple erreur d’étudiant

Gizmodo a retrouvé l’auteur de la bévue qui est, et ce n’est pas une blague, étudiant en architecture. L’an dernier, il a expliqué avoir dû passer du temps à intégrer des détails dans OpenStreetMap pour préparer son diplôme. « Nous avons dû entrer et mettre des données sur les banlieues dans OpenStreetMap. C’était très monotone et j’ai fait quelques erreurs, mais je me suis dit ‘merde, je m’en fiche’ », déclare-t-il, amusé de voir comment le monde a réagi à sa création involontaire.

L’IA de Flight Simulator a quelques problèmes avec les palmiers // Source : Twitter / @haydencd

Un laisser-aller qui a eu des répercussions un an plus tard sur un jeu vidéo conçu à l’autre bout du monde, tel un effet papillon numérique. Les limites des logiciels collaboratifs open source où les vérifications ne sont pas automatiques et la véracité des informations entre les mains de ceux qui les renseignent. Mais cela peut involontairement faire le bonheur des apprentis pilotes du jeu en pleine balade touristique à travers leur monde. Décollez rapidement pour Melbourne. Désavantage du jeu vidéo moderne : le Monolithe n’en a sans doute plus pour très longtemps d’existence avant une prochaine mise à jour.


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