Comment la Formule 1 influe sur le développement de la Clio E-Tech

 

Les Formule 1 équipées de moteurs Renault sont hybrides depuis longtemps, mais ce n’est que cette année que la marque lance ses premiers modèles de grande série. Comment peuvent-ils profiter de cette expérience technologique de haute volée, des circuits à nos rues ?

Les constructeurs automobiles aiment faire le parallèle entre compétition et voiture de monsieur tout le monde, arguant de la capacité de recherche et développement ultra-efficace sous contraintes extrêmes, permettant de vrais bonds en performances et efficience. Mais entre une Formule 1 et une Clio, quel rapport ? Au-delà du marketing, les ingénieurs de Renault F1 Team nous ont expliqué comment leur capacité de R&D a pu aider au développement de la première génération de modèles Renault hybrides à être commercialisée.

La consommation comme facteur de performance

Les différentes évolutions du championnat de Formule 1 imposées par ses promoteurs ces dernières années ont constamment cherché à en baisser les coûts. Un des vecteurs fondamentaux est de promouvoir une limitation de l’utilisation de carburant. Optimiser la consommation est donc devenu une des obsessions des ingénieurs. « En cela, le règlement rejoint les problématiques de la rue », explique Nicolas Espesson, ingénieur Renault F1 Team, en charge de l’optimisation moteur.

Esteban Ocon -Renault F1 Team RS20.
Esteban Ocon -Renault F1 Team RS20. // Source : Renault

Au final, les moteurs de F1 d’aujourd’hui atteignent de remarquables rendements dépassant les 50 %, alors que les moteurs de grande série se situent autour des 40 %. Une différence qui peut paraître marginale, mais qui représente une somme de travail immense, car ce sont là les progrès les plus difficiles à aller chercher. Une F1 d’aujourd’hui intègre pas moins de 200 capteurs qui transmettent 50 milliards de données par course et par voiture ! 2000 paramètres de GPS, télémétrie, position du volant, des pédales, des roues, de fonctionnement en profondeur du moteur sont ainsi croisés dans un système de big data spécifique.

Une régénération rapide pour soulager le moteur thermique

Les F1 comme la nouvelle gamme E-Tech de Renault sont donc toutes des hybrides essence-électrique (Clio en hybride, Mégane et Captur en hybride rechargeable). Une batterie permet de soutenir l’effort d’accélération, voire d’assurer complètement les démarrages au feu vert pour la petite Clio, avec son hybridation « simple ». Une partie conséquente du freinage se fait grâce à la récupération d’énergie électrique, ce qui implique une gestion extrêmement fine du système.

La petite batterie de 1,2 kW/h d’une F1 a une capacité équivalente à celle d’une Clio E-Tech hybride (140 ch, 4,3 l/100 km et de 98 g/km de CO2, 22 600 euros), mais sur les circuits, elle peut être rechargée à l’occasion d’un seul gros freinage. Évidemment, la citadine française gère son énergie différemment, avec jusqu’à 80 % du temps de roulage en ville en tout électrique et un gain de consommation de jusqu’à 40 % par rapport à un moteur thermique classique. Un haut niveau de performance environnementale en soi.

Gamme RENAULT E-TECH
Gamme Renault E-Tech // Source : Renault

Alors, la F1 a-t-elle réellement influencé la technologie de la petite citadine hybride française ? Certes, les technologies sont à des années-lumière, mais elles partagent des contraintes communes qui poussent la recherche dans la même direction : utiliser l’hybridation pour optimiser au maximum la consommation et renforcer les performances.

On ne retrouvera pas sous le capot d’une Clio des éléments en provenance des bolides des circuits, c’est une évidence. Mais la dynamique et les synergies d’ingénierie entre compétition et série sont bénéfiques et ce n’est qu’un début. Les réglementations en F1 (contraintes de consommation, budgets) comme sur les routes (réduction drastique des émissions de CO2 en Europe à 95 g/km pour 2021) sont appelées à devenir de plus en plus strictes.


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