Ce n’est pas une plainte anonyme glissée dans un forum ou une citation anonyme d’un article de presse : cette fois, certains salariés de Tesla prennent la parole à visage découvert pour réclamer un changement de direction.
Le site teslaemployeesagainstelon.com, lancé fin avril par Matthew LaBrot, ancien commercial de l’entreprise, cristallise un mécontentement profond envers Elon Musk, qu’ils tiennent directement responsable de la mauvaise passe que traverse Tesla.
Dans une lettre ouverte relayée sur cette plateforme, les signataires dénoncent une image de marque abîmée par les prises de position politiques du dirigeant, notamment son soutien à Donald Trump, ses provocations sur les réseaux sociaux, ou encore sa gestion controversée du Département de l’Efficacité Gouvernementale (DOGE), une administration américaine qu’il dirige depuis janvier.
L’un des messages les plus forts ? « Ce n’est pas le produit qui est rejeté. C’est l’homme » ou encore « On est prêts à se débarrasser d’Elon Musk« . Le ton est donné.
Un signal d’alarme face à la chute des ventes
Depuis plusieurs trimestres, Tesla perd du terrain en Europe, en Chine, mais aussi sur son marché domestique américain. Et si la concurrence sur les voitures électriques n’a jamais été aussi féroce, pour certains employés, le vrai problème vient d’en haut.
« Nous assistons à un effondrement de la demande qui n’est pas seulement conjoncturel. De nombreux clients ont été profondément heurtés par les prises de position de Musk », affirme un ex-employé dans un entretien avec Electrek.
Les États américains historiquement favorables à Tesla, comme la Californie, affichent désormais des chiffres inquiétants. Plusieurs concessionnaires évoquent un boycott croissant, sur fond de controverses personnelles qui collent à la peau du milliardaire.
Cette fois-ci, on ne peut plus justifier les mauvais chiffres de ventes par le lancement de la nouvelle Model Y, qui a forcément un impact négatif sur les ventes pendant quelques semaines, le temps que la cadence de production augmente petit à petit. Nous ne sommes a priori pas sur un problème d’offre, mais de demande.
Licencié pour avoir osé critiquer le patron
Matthew LaBrot, l’initiateur du site contestataire, a été licencié peu après son lancement, comme d’autres salariés signataires. Officiellement, Tesla lui reproche d’avoir utilisé du matériel de l’entreprise pour ce projet. Lui conteste et affirme que son objectif était de défendre l’intégrité de la marque.
Un renvoi qui n’étonne pas les observateurs du dossier Tesla, où les tensions sociales sont récurrentes. Syndicalisation bloquée, licenciements express pour critiques internes… l’entreprise d’Elon Musk n’est pas vraiment connue pour cultiver la contradiction.
Ce nouvel épisode illustre un climat de défiance croissante, au sein même des équipes, vis-à-vis d’un patron qui cristallise à la fois l’aura et les dérives de sa marque.
Une image trop liée à Elon Musk ?
Derrière la polémique, une question stratégique cruciale : peut-on encore dissocier Elon Musk de Tesla ? Pour certains analystes, il est déjà trop tard. L’image du PDG est devenue si consubstantielle à celle de l’entreprise que tout éloignement semble impossible.
Pour d’autres, c’est justement cette dépendance qui étouffe désormais la croissance de Tesla, et un changement à la tête du groupe serait le seul moyen d’enclencher un nouveau cycle.
Quoi qu’il en soit, cette fronde inédite, portée par des salariés de l’intérieur, pourrait bien accélérer un débat que l’on n’imaginait pas encore possible il y a quelques années : Tesla peut-elle survivre à Elon Musk ?
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