Une voiture à hydrogène dotée de 2000 km d’autonomie : la fausse bonne idée de Volkswagen

 

Au début de l'année 2022, Volkswagen a déposé un brevet pour une pile à hydrogène très spéciale, qui pourrait permettre une autonomie d'environ 2 000 km aux futures voitures à hydrogène, d'ici 2026. Véritable bonne idée ou chimère ? On vous explique tout.

La voiture à hydrogène fait beaucoup parler d’elle en ce moment. Au Mondial de l’auto 2022, on trouvait deux prototypes : la Namx HUV et la Hopium Machina. Les deux constructeurs sont français et comptent venir faire de l’ombre aux deux voitures à hydrogène qui existent actuellement : la Toyota Mirai et la Hyundai Nexo. D’autres constructeurs travaillent activement sur le sujet, comme BMW avec un futur X5 à hydrogène.

Volkswagen : des voitures à hydrogène dès 2026 ?

De son côté, le constructeur allemand Volkswagen prépare également l’arrivée des voitures à hydrogène, comme le prouve la demande de brevet déposée en début d’année et repéré par Business Insider. La demande semble décrire une méthode innovante pour la conception de la membrane de la pile à combustible. Le patron de Kraftwerk, une entreprise spécialisée dans la pile à combustible, a, lui aussi, participé à la rédaction de ce brevet. Et l’homme apporte quelques détails intéressants comme le fait d’utiliser de la céramique au lieu de platine pour la membrane, permettant de réduire les coûts de fabrication.

Selon lui, cette nouvelle pile à combustible serait prête à être déployée dès 2026 dans des voitures à hydrogène. Mais attention, on parle d’une quantité limitée, environ 10 000 voitures. Pas de quoi remplacer les voitures thermiques ou électriques. L’autre information est relative à l’autonomie, puisque l’homme promet jusqu’à 2 000 km d’autonomie avec un seul plein d’hydrogène.

Les nombreuses contraintes de la voiture à hydrogène

Faut-il toutefois croire à ce projet de voiture à hydrogène ? Il convient bien évidemment d’apporter de nombreuses nuances et contradictions à ces avantages apparents. Oui, l’hydrogène permet de faire le plein d’une voiture en cinq minutes. Oui, l’autonomie est plus élevée, pour le moment, que sur une voiture électrique. En revanche, de nombreuses contraintes font de la voiture à hydrogène un mauvais ami de la lutte contre le réchauffement climatique.

Hopium Machina // Source : Frandroid

Rappelons que la voiture à hydrogène à un rendement très inférieur à celui d’une voiture électrique, à cause de la conversion de l’hydrogène en électricité via la pile à combustible au sein de la voiture. Mais également à cause de la production de l’hydrogène vert, via l’électrolyse, qui engendre des pertes à cause d’un rendement faible. Dit autrement, pour un même nombre de kilomètres parcouru, la voiture à hydrogène consommera largement plus d’électricité que la voiture électrique.

Un problème alors que la quantité d’énergie produite n’est pas infinie et que les usages liées à l’électricité (chauffage, industrie, transports au sens large, etc.) se multiplieront dans les années à venir.

La voiture à hydrogène : trop gourmande en énergie

La voiture électrique nécessite une adaptation du réseau électrique mondial, afin d’absorber la hausse (relative comme le prouve la dernière étude de RTE) de pic de consommation lors des recharges. À ce petit jeu, la voiture à hydrogène pourrait nécessiter une adaptation encore plus grande du réseau, du fait de l’augmentation de la consommation globale face à la voiture électrique. Certains experts nuancent cela en rappelant que l’hydrogène peut être stocké plus facilement que l’électricité. Ce qui est vrai. Mais il est aussi possible de stocker l’hydrogène pour alimenter des voitures électriques.

Toyota Mirai

L’hydrogène pose également un problème de sécurité, en cas d’accident ou lors des remplissages des réservoirs, à cause du risque de fuite. L’hydrogène est en effet un gaz à très haut potentiel de réchauffement global. C’est notamment pour cette raison que le GIEC recommande l’usage de l’hydrogène dans les transports lourds, c’est-à-dire le transport maritime ou aérien ainsi que les poids lourds.

Et c’est sans compter sur le coût exorbitant des stations de recharge pour faire le plein d’hydrogène. Bien plus coûteuses qu’une station de recharge électrique, puisqu’elle est largement plus complexe à mettre en œuvre.

La voiture à hydrogène ne remplacera jamais la voiture électrique

Du côté de chez Volkswagen, il est possible que ce brevet ne débouche jamais sur la commercialisation d’une voiture à hydrogène. On rappelera en effet que Herbert Diess, l’ancien patron du groupe allemand était contre la voiture à hydrogène comme le prouve son tweet de mai 2021. Olivier Blume, qui lui a succédé en septembre 2022 pourrait être moins fermé sur l’hydrogène, puisque partisan des carburants synthétiques qui utilisent de l’hydrogène.

Rappelons que Volkswagen a déjà travaillé par le passé sur des prototypes de voitures à hydrogène, nommées HyMotion : c’était en 2014. Depuis le début de l’année, Volkswagen a déposé d’autres brevets relatifs à la voiture à hydrogène, souvent en partenariat avec Audi, comme le relève le site H2 Mobile.

Nio ET7 (Power Swap Station) // Source : Nio

Du côté des voitures électriques, des innovations majeures sont attendues dans les mois et années à venir, concernant l’autonomie et la vitesse de recharge. Dès 2023, une voiture électrique dotée de 1 000 km d’autonomie est attendue en Europe, tout comme une technologie du géant chinois CATL permettant de recharger une batterie en 10 minutes. Ce dernier prévoit une technologie permettant d’abaisser ce temps à 5 minutes dans les années à venir.

Et c’est sans compter sur le système d’échange de batterie, déjà en place en Europe grâce à Nio, qui permet de « recharger » (ou plutôt échanger) une batterie en 5 minutes. La voiture à hydrogène aura donc bien du mal à se faire une place face à la voiture électrique.


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