Comment les Etats-Unis empêchent les voitures électriques européennes de moins polluer

 

Selon l'ONG Transport & Environnement, environ deux tiers des projets de production européenne de batterie pourraient être reportés, voire annulés d'ici à 2030. En cause, la concurrence américaine, alors que les États-Unis proposent des aides intéressantes pour les constructeurs et équipementiers. On vous explique pourquoi cela pose un vrai problème.

Aujourd’hui, la majorité des batteries qui équipent nos voitures électriques sont fabriquées en Chine. En effet, et comme le rappelle Challenges, les cinq premiers fabricants mondiaux d’accumulateurs asiatiques représentent actuellement les trois quarts de l’offre à travers le monde entier. Certes, il existe tout de même quelques usines en Europe, et notamment en Pologne et en Hongrie, mais elle demeurent tout de même encore minoritaires. Et cela ne devrait malheureusement pas aller en s’améliorant.

Une prévision alarmante

En effet, l’organisation Transport & Environnement a même décidé de tirer la sonnette d’alarme. Dans une nouvelle étude, l’ONG, qui pointait récemment du doigt les voitures hybrides rechargeables explique que la production européenne de batteries serait en grave péril. En effet, 68 % des projets de production de batteries en Europe pourraient être reportés, réduits ou tout simplement supprimés d’ici à 2030 « si des actions supplémentaires ne sont pas décidées« .

L’organisation évoque notamment les usines de Tesla à Berlin, de Northvolt en Allemagne et de Italvolt près de Turin, en Italie. Ces dernières feraient ainsi partie de celles qui perdraient le plus de volumes de production au cours des prochaines années. En effet, si la firme d’Elon Musk est prête à produire ses nouvelles batteries dans sa Gigafactory allemande aux côtés du Model Y, elle a désormais revu ses plans.

La Tesla Model Y fabriquée à la Gigafactory d’Austin au Texas // Source : Tesla

Celle-ci a récemment annoncé vouloir se concentrer sur les États-Unis pour produire ses accumulateurs, et notamment ses cellules 4680 de dernière génération. Si l’usine de Berlin ne sera pas abandonnée et que la production de batteries sera maintenue, comme l’explique l’Usine Nouvelle, elle ne devrait donc pas monter en puissance. Mais alors, quelle est la raison ?

Selon Transport & Environnement, la faute serait à imputer aux États-Unis, et notamment à leur politique fiscale en faveur de la voiture électrique. Le président Joe Biden a en effet annoncé le plan de subventions américain « Inflation Reduction Act«  (IRA), qui permet de financer de nombreux investissements portant sur les nouvelles énergies. Ainsi, les acteurs du secteur qui se plient au règles peuvent bénéficier de nombreux avantages financiers.

L’Europe doit agir

Parmi eux, un crédit d’impôt de 7 500 dollars pour les client des constructeurs de voitures électriques, comme Tesla. Mais pour cela, plusieurs conditions se posent. Tout d’abord, les véhicules doivent être impérativement fabriqués sur le sol américain. Mais c’est désormais aussi le cas des batteries, avec une aide d’environ 45 dollars par kWh. Sachant qu’une batterie coûte environ 150 dollars par kWh à produire. C’est donc pour cela que tous les constructeurs préfèrent produire là-bas, tandis que l’Europe n’offre pas ce type d’avantage.

Sans parler du fait que le gaz coûte également moins cher, ce qui joue encore en faveur des États-Unis. Certes, quelques usines se construisent en Europe, comme celle du géant chinois CATL, mais cela pourrait donc ne pas être suffisant pour éviter une fuite des capitaux. D’autant plus que les investissements européens ont chuté de 41 % en 2021 et ont été de seulement 2 % l’an dernier.

Usine Audi
Usine Audi

Pour Transport & Environnement, il est donc primordial que l’Europe prenne des mesures, alors qu’elle est également menacée par l’invasion de constructeurs chinois depuis peu. Selon l’ONG, « elle doit offrir un soutien financier attractif pour augmenter la production de batteries sur le continent. Elle doit également accélérer les procédures d’approbation pour retenir les projets menacés par les subventions américaines« .

Dans le cas contraire, les voitures électriques européennes vont continuer d’utiliser des batteries produites en Chine. Ou dans une moindre mesure, des accumulateurs produits aux États-Unis (avec un mix énergétique moins bas-carbone qu’en Europe), impliquant un long transport par bateau.

Le gouvernement français réfléchit de son côté à n’accorder de bonus écologique qu’aux voitures électriques produites en Europe, ce qui exclurait les Dacia Spring et autres Tesla Model 3. Mais rien n’a été dit ce qui concerne la production de batteries. Cependant, plusieurs projets d’usines portées par différentes entreprises comme Verkor ou encore ACC (Automotive Cells Co.) sont également prévus d’ici à 2030.


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