
Aujourd’hui, lorsqu’on entend parler de Spotify, c’est rarement en termes positifs. Ce n’est pas la première fois que des abonnés annoncent à grands cris quitter la plateforme, que ce soit pour un temps ou indéfiniment. Les motifs étaient jusque-là purement mercantiles comme l’augmentation du prix de l’abonnement ou le retard technologique sur les concurrents.
Aujourd’hui, le n°1 du streaming musical qui réunit plus de 30 % des parts du marché cristallise les tensions sur des sujets allant au-delà de l’offre et de la demande. Les appels au boycott à l’heure où sont écrites ces lignes ont dépassé la sphère de la défense des droits des consommateurs pour atteindre des questions politiques et sociétales. Il n’y a presque aucun rapport avec la musique et c’est bien le problème de Spotify qui s’est enfoncé dans une jungle où elle n’aurait jamais dû mettre les pieds.
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Spotify joue une partition de fausses notes
« Fuck Spotify« . Le message a le mérite d’être clair. Sur les réseaux sociaux, de nombreux artistes partagent en chœur leur colère envers la première plateforme de streaming musical du marché. Certains sont même passés à l’acte en faisant retirer leurs titres et albums de Spotify, à l’instar du groupe de rock australien King Gizzard qui a sorti ses dernières démos « partout sauf sur Spotify« .
La polémique autour des investissements de Daniel Ek, co-fondateur et actuel PDG de Spotify, dans l’industrie militaire pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Car depuis quelques mois, la plateforme fait pleuvoir les fausses notes, à nous en écorcher les tympans. Une accumulation de scandales qui n’a pas l’air d’inquiéter un tant soit peu Daniel Ek, qui a répondu un laconique « Une fois Spotify, toujours Spotify » aux menaces de boycott.
Certitude du géant du secteur, ou arrogance ? Difficile de dire si la réputation toujours plus préjudiciable de la plateforme présage un pic de départs, ou si, malgré la faible rémunération, les artistes ne peuvent effectivement se passer de Spotify.
Des prix qui augmentent encore et toujours, pour rien
À l’instar de Netflix, Spotify fait beaucoup parler pour ses prix qui augmentent à un rythme aussi régulier qu’un métronome. L’abonnement Premium est à plus de 12 euros par mois tandis que la formule Famille dépasse les 20 euros mensuels. La plateforme est actuellement l’une des plus chères du marché, derrière Qobuz et YouTube Music. Il reste une formule freemium pour les personnes qui ne veulent rien dépenser mais assez limitée et bourrée de publicités.
Toutefois, le problème n’est pas tant que les prix augmentent, le problème est que les prix augmentent sans aucune contrepartie. On peut même dire que les tarifs de Spotify sont injustifiés au regard des services proposés. Aujourd’hui, la plateforme ne se démarque pas véritablement de ses concurrents, sa seule valeur ajoutée réside dans ses podcasts exclusifs et son algorithme de recommandation.

Spotify stagne, et est même à la traîne sur les contenus exclusifs (hors podcasts) et les contenus en direct. La plateforme est aussi régulièrement pointée du doigt pour son retard technologique sur la qualité audio. Quatre ans après avoir été teasé, l’audio HiFi se fait toujours attendre. Cette technologie pourrait arriver bientôt, mais dans une formule Super Premium…
Spotify a de quoi susciter l’amertume de ses abonnés, mais aussi de ses contributeurs. Car si la plateforme de streaming musical est l’une des plus onéreuses du marché, c’est aussi celle qui rémunère le moins les artistes selon une étude de la plateforme Duetti. En moyenne, un artiste y gagne 3 dollars tous les 1 000 streams, tandis que ça grimpe à quasiment 9 dollars sur Amazon Music et même à 18 euros sur Qobuz.
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Les investissements de Daniel Ek dans l’industrie de l’armement
Au lieu de mieux rémunérer les artistes, Daniel Ek préfère investir ses gains dans l’industrie militaire. Après avoir vendu plus de 800 millions d’euros d’actions de sa plateforme, le PDG de Spotify en a investi 600 millions dans Helsing, une start-up allemande spécialisée dans le matériel militaire dont le président du conseil d’administration n’est autre que… Daniel Ek, lui-même.
C’est cette polémique qui a provoqué la récente vague d’appels au boycott, des artistes n’appréciant pas que le fruit de leur travail finance des drones et des logiciels utilisés dans des conflits armés. Aujourd’hui, Helsing fournit des drones HX-2 propulsés à l’IA à l’Ukraine face à la Russie et a également des contrats avec les armées allemande et suédoise.

L’absence de considération éthique du PDG de Spotify a de quoi inspirer un rejet de la part d’abonnés et d’artistes. Certains internautes vont même jusqu’à établir des raccourcis trop rapides entre Spotify et le génocide en cours dans la bande de Gaza. Par l’entremise de Helsing, Daniel Ek financerait indirectement les massacres en Palestine et Tsahal serait équipée de drones et de logiciels IA à usage militaire développés par la start-up allemande.
Or, à l’heure où sont écrites ces lignes, aucun lien commercial n’est établi entre Helsing et l’armée israélienne. On peut toutefois noter que Daniel Ek a su trouver un point commun entre Spotify et des armes de guerre : l’IA.
Faux artistes et podcasts complotistes : un contrôle chaotique des contenus
L’IA, justement, est un autre fléau des plateformes de streaming musical. Si Deezer donne l’exemple en épinglant ses contenus générés par intelligence artificielle, il y a un laisser-aller chez les autres acteurs du marché, Spotify compris. Gustav Söderström, co-président de la plateforme, a même déclaré : « Si un titre généré légalement plaît, pourquoi l’interdire ?« . Une position qui a irrité les artistes craignant une cannibalisation de leurs revenus.
Spotify est même accusée de promouvoir ces faux artistes en remplissant des playlists avec des titres créés par IA, y compris les pages officielles d’artistes décédés selon 404 Media. Une mésaventure qui est également arrivée à des artistes encore de ce monde comme le raconte Billboard : la chanteuse canadienne Leith Ross a vu de faux albums envahir sa page. Pour les détracteurs de la plateforme, il s’agit d’une technique pour réduire le total des rémunérations reversées aux artistes, puisque les faux artistes ne touchent pas de royalties.

Mais Spotify assume d’une part l’intégration massive des musiques IA en se disant ouverte aux innovations et rejette la responsabilité sur les distributeurs dans l’affaire des faux titres dans les playlists officielles. La pullulation des contenus frauduleux révèle toutefois une modération chaotique, voire totalement absente, des contenus mis en ligne sur la plateforme.
Une absence de contrôle qui ne manque pas de rappeler l’affaire Joe Rogan, animateur d’un podcast accusé de répandre des théories du complot mais aussi de la désinformation autour de la vaccination contre la Covid-19. À l’époque, Daniel Ek se défendait en invoquant le succès du podcast de Joe Rogan et en agitant le contrat d’exclusivité de 100 millions de dollars qui liait la plateforme à l’animateur controversé. Plus récemment, les 150 000 dollars versés pour la cérémonie d’investiture de Donald Trump en début d’année ont ajouté de l’huile sur le feu, qui plus est venant d’une société basée en Suède, en Europe, et non aux États-Unis.
La reconnaissance faciale pour écouter de la musique
Dernière polémique en date qui ne concerne pas les abonnés français pour le moment : l’usage de la reconnaissance faciale pour accéder à certains contenus, y compris des clips musicaux, au Royaume-Uni. La méthode, généralement utilisée sur les sites pornographiques et certains réseaux sociaux, sert ici à réguler l’accès aux contenus explicites comme certains podcasts.
Déjà critiqué pour sa collecte de données personnelles devant nourrir son algorithme de recommandations et créer des publicités ciblées, Spotify fait là aussi face à une levée de boucliers d’utilisateurs qui refusent que leur visage soit scanné. Cette mesure est toutefois plus du ressort du gouvernement britannique et de son Online Safety Act, que de celui de Spotify.
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