Certains clients seront payés par EDF pour réduire leur consommation électrique : comment ça marche

 
Certains clients EDF vont tester, dès novembre 2025, une nouvelle offre d’électricité. Celle-ci permettra aux clients d’être rémunérés s’ils acceptent de baisser leur consommation à certains moments clefs de la journée et de l’année.
Compteur Linky
Compteur Linky

Et si consommer moins d’électricité pouvait rapporter de l’argent ? C’est une expérimentation très sérieuse que le gouvernement français s’apprête à lancer, dès le 1er novembre prochain, avec la complicité d’EDF et de la Commission de régulation de l’énergie comme le rapporte le média Contexte.

L’idée : observer si les particuliers, abonnés au tarif réglementé (TRVE), sont capables d’ajuster leur consommation d’électricité en échange d’une incitation financière comme indiqué dans le projet de décret. Autrement dit, tester la flexibilité du consommateur, en le rémunérant lorsqu’il réduit sa consommation.

6 000 clients concernés par ce test grandeur nature

Pendant un an, jusqu’au 31 octobre 2026, EDF va sélectionner 6 000 clients parmi ceux qui ont souscrit l’option « Base » du tarif réglementé, avec une puissance de 3 à 6 kVA. Autrement dit, les profils les plus courants parmi les 7,5 millions de Français concernés par ce tarif.

Ces clients seront répartis en trois groupes : deux d’entre eux recevront des signaux tarifaires, calibrés par la CRE (Commission de régulation de l’énergie), les incitant à consommer moins à certains moments, par exemple en coupant le chauffage ou en décalant une machine à laver.

Le troisième groupe, lui, ne recevra rien : il servira de référence pour évaluer si les signaux tarifaires ont réellement un effet.

Un radiateur à eau sans tête thermostatique Source : Pixabay

Le plus étonnant, c’est que la participation à l’expérimentation sera automatique. Si vous êtes sélectionné, vous y serez intégré, à moins de vous y opposer expressément, par courrier ou mail. Un choix volontairement assumé : l’administration veut éviter un biais qui fausserait les résultats.

Si seuls les clients déjà sensibles aux économies d’énergie participaient de leur plein gré, les données récoltées ne seraient pas représentatives. Cette méthode permet donc de s’adresser à une population plus large, plus réaliste, plus « grand public ».

Aucun risque, mais une facture plus légère

Mais ce test grandeur nature ne se fera pas sans garanties. Les participants ne risquent rien, surtout pas une hausse de leur facture. Ils resteront au tarif « Base », celui qu’ils ont déjà, et la facture finale n’excédera jamais ce que prévoit ce tarif.

En revanche, s’ils jouent le jeu (en consommant moins aux moments clés indiqués par EDF), ils recevront une compensation financière. On ne sait pas encore combien, ni sous quelle forme, mais le principe est là : récompenser la sobriété. C’est tout l’inverse des modèles comme Tempo, qui sanctionnent indirectement les jours rouges et heures pleines par des tarifs très élevés. Ici, l’idée est d’attirer, pas de punir.

Rendre le réseau électrique plus flexible

Derrière cette expérimentation se cache un enjeu bien plus vaste : rendre le système électrique français plus souple, plus intelligent. Le mot-clé, c’est la « flexibilité ». Les grands industriels y sont déjà rompus, avec ce même système qui permet notamment d’éviter les blackout, mais du côté des particuliers, tout reste à construire.

Or, la transition énergétique en a besoin. Avec la montée en puissance des énergies renouvelables et l’électrification massive des usages, le réseau électrique doit faire face à des pics de consommation plus nombreux, plus intenses, plus coûteux.

électricité
Photo de Karsten Würth sur Unsplash

Si les Français acceptent de déplacer un peu leur consommation – par exemple en lançant leur machine à laver ou en rechargeant leur voiture à d’autres moments – cela pourrait éviter de mobiliser des centrales coûteuses ou de renforcer le réseau inutilement.

C’est tout l’enjeu de ce test : comprendre ce que les petits consommateurs sont réellement capables de faire. Peu flexibles individuellement, ils représentent pourtant une armée silencieuse : plus de 13 millions de sites en France ont une puissance souscrite entre 3 et 6 kVA. Si chacun d’eux change un peu ses habitudes, l’impact global peut être massif.

Le plein de données

EDF et Enedis auront donc besoin de données précises : pendant toute la durée de l’expérimentation, ils analyseront les courbes de consommation heure par heure, afin de calculer les écarts et de définir les contreparties. C’est un sujet sensible : les participants devront être informés clairement, et pourront à tout moment sortir du programme ou refuser le traitement de leurs données.

L’expérimentation donnera une première réponse, et pourrait aboutir, si elle est concluante, à une nouvelle offre tarifaire, intégrée aux TRVE. Une offre souple, incitative, adaptée aux nouveaux usages. Reste à voir si les Français seront au rendez-vous, et si la promesse de “consommer moins pour gagner plus” trouvera sa place dans le quotidien et dans les mentalités.

Une autre expérimentation a actuellement lieu à la Réunion : celle des heures creuses solaires, qui devraient finir par arriver en métropole dans les prochains mois.

Vous pouvez également jeter un œil à notre comparateur de fournisseurs d’électricité.


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