EDF pourrait réduire la puissance de ses centrales nucléaires à cause de la chaleur : faut-il s’inquiéter ?

 
Ces derniers jours, plusieurs départements ont été placés en alerte canicule par Méteo-France. Certaines des zones concernées accueillent des réacteurs nucléaires, dont la production pourrait être réduite dans les prochains jours. Explications.
Centrale nucléaire de Bugey // Source : EDF

L’été vient tout juste de débuter et la France connaît déjà sa première vague de chaleur de la saison. C’est aussi le moment pour EDF de modifier obligatoirement la production de son parc nucléaire. Depuis jeudi dernier, l’énergéticien a diffusé une série d’annonces concernant de possibles ajustements dans la production électrique de plusieurs de ses centrales nucléaires, notamment celles de Bugey (Ain), Saint-Alban (Isère) et Golfech (Tarn-et-Garonne).

Pour ces sites respectifs, les restrictions pourraient entrer en application à partir du lundi 23 juin, du mardi 1er juillet et du mercredi 2 juillet. Pour le cas de Bugey, aucun ajustement effectif n’a été encore enregistré.

Dans le contexte du réchauffement climatique, les gros titres médiatiques parfois racoleurs fusent de partout en frôlant la désinformation. Certains lecteurs y voient à tort une atteinte à la sûreté nucléaire. Mais alors pourquoi les centrales nucléaires sont-elles contraintes d’ajuster leur production lors des épisodes de fortes chaleurs ?

Des mesures prises pour se plier aux règles

Pour répondre à la question, il faut savoir que dans leur processus de refroidissement, certains réacteurs nucléaires nécessitent un apport important en eau. Cette eau, prélevée depuis une source extérieure (fleuve, rivière ou mer), circule dans un circuit dédié afin d’absorber la chaleur produite par la centrale. Elle est ensuite rejetée à sa source d’origine à une température plus élevée. Des règles strictes limitent la température de ces eaux rejetées, des limites différentes pour chaque zone.

Or, en période de fortes chaleurs, la température naturelle des fleuves augmente. Dans ce cas, si les centrales maintiennent une production normale, les limites thermiques pourraient être dépassées. Résultat : l’écosystème aquatique se trouve menacé, d’où l’obligation de restrictions. Pour les centrales concernées par les récentes annonces d’EDF, les cours d’eau impliqués sont principalement le Rhône et la Garonne.

De faibles pertes

Contrairement à ce que la situation pourrait laisser croire, les pertes de production liées à ces restrictions restent relativement faibles, et n’ont jamais exposé le pays à un problème d’approvisionnement. En moyenne, elles représentent environ 0,3 % de la production annuelle du parc nucléaire français. Le record sur les 24 dernières années est de 1,43 %, atteint lors de la canicule de 2003.

Néanmoins, compte tenu des prévisions des scientifiques annonçant des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses à l’avenir, ces taux pourraient augmenter dans les années à venir. Heureusement, d’autres sources d’énergie comme le solaire (dont la production culmine généralement pendant ces périodes) peuvent compenser les baisses de production nucléaire.

Dans certains cas exceptionnels, comme en 2022, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a temporairement relevé les seuils thermiques autorisés, ce qui a permis aux centrales de poursuivre leur activité normale malgré les fortes chaleurs.


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