Une sérieuse enquête remet en cause la légalité de ce vélo électrique : un conseil, ne l’achetez pas

 
Le média néerlandais RTL Nieuws a mené sa propre enquête pour déterminer si oui, ou non, le fatbike électrique V20Pro respectait réellement les lois européennes. La frontière est en fait très fine tant il est facile de le débrider, et les spécialistes tendent à dire qu’il ne s’agit pas véritablement d’un VAE.
fatbike V20 Pro

Aux Pays-Bas, la grogne monte depuis quelques mois déjà contre les fatbikes électriques… capables de filer à plus de 25 km/h. Le gouvernement fait face à une problématique grandissante, celle des VAE trop facilement débridables et des accidents graves qui en découlent. Ces derniers font régulièrement la Une des journaux.

Le média RTL Nieuws a ainsi mené une sérieuse enquête sur un modèle spécifique, le V20Pro du fabricant chinois QMWheel, qui s’est tout de même vendu à plus de 40 000 exemplaires en Europe, apprend-on. En ce moment même, 3500 unités voguent par voie maritime depuis la Chine vers les Pays-Bas, dans un total de 18 conteneurs, a appris RTL Nieuws auprès de l’entreprise, via des documents et conversations WhatsApp.

Aucune manipulation technique pour débrider le deux roues

Pour mener son enquête, le média batave a fait appel à un ingénieur indépendant répondant au nom de Paul Timmer, qui a effectué toute une série de mesures techniques sur le vélo. Tout commence en réalité dès l’acte d’achat : RTL Nieuws s’en est procuré un directement en magasin, avec un constat accablant.

Le vendeur est en effet explicite et très clair sur la manière dont le client peut débrider le V20Pro. « En 2 minutes, vous pouvez monter à 45. Nous avons un code. Il faut le saisir. Ensuite, le vélo va plus vite ». La fiche technique du produit, elle, montre patte blanche et respecte toutes les normes européennes (250 W, 25 km/h avec l’assistance).

fatbike V20 Pro (2)

En clair, vous n’avez ici besoin d’aucune connaissance ou manipulation technique particulière pour débrider l’engin. Bert van Wee, professeur de politique des transports à l’Université de technologie de Delft, est catégorique sur le sujet. « Si vous, en tant que cycliste, retirez si facilement le limiteur, il s’agit en fait d’un cyclomoteur », explique-t-il.

Et de poursuivre : « Ce vélo n’est pas homologué pour ça. Si ces fatbikes sont toujours disponibles sous forme de vélos dans les magasins, le gouvernement doit intervenir ». À noter que le V20 Pro se vend environ 1000 euros dans le commerce. Un prix bon marché qui attire forcément les plus petits budgets, comme les jeunes.

Le test de RTL Nieuws

Une fois l’achat effectué, RTL Nieuws a testé ce deux-roues sur un circuit fermé à Amsterdam. Sans surprise, le V20Pro grimpe très facilement à plus de 40 km/h une fois débridé. Et en cas de contrôle de police, il serait aussi simple de réactiver le limiteur de vitesse pour se prémunir de toute amende au moment opportun.

Paul Timmer abonde : « Je ne comprends pas pourquoi cela se trouve dans le magasin et pourquoi de jeunes enfants peuvent rouler avec cela. Il est absurde de conduire à 40 ou 45 kilomètres par heure quand on a 10 ou 12 ans. C’est un danger mortel ».

fatbike V20 Pro (3)
Source : RTL Nieuws

De son côté, le professeur Bert van Wee préconise l’arrêt des ventes de ce vélo. « Plus tôt vous retirerez du marché ces types de fatbikes, mieux ce sera. Car plus il y en a en circulation, plus le risque d’accident est grand. Si vous attendez qu’ils soient sur la route, il deviendra encore plus difficile de les retirer ».

L’Autorité néerlandaise de sécurité des produits alimentaires et de consommation (NVWA) a déjà reçu plusieurs plaintes. Mais l’organisme renvoie le dossier devant l’’Inspection de l’environnement humain et des transports (ILT), car « la puissance des moteurs et les accélérateurs » ne relèvent pas de sa compétence et de sa surveillance.

Les règles d’un vélo électrique et d’un speedbike

L’ILT, elle, a déjà infligé plusieurs amendes l’année dernière, sans endiguer le problème à la racine. Pour rappel, un vélo électrique ne doit pas dépasser la vitesse maximale de 25 km/h grâce à l’assistance du moteur (250 W de puissance nominale). Si ce dernier vous propulse à une allure supérieure, alors l’engin est classé dans la catégorie des cyclomoteurs.

En France plus précisément, il s’agit alors d’un speedbike, régi par de nombreuses règles strictes et contraignantes : assurance obligatoire, casque et gants homologués, rétroviseur, interdiction de rouler sur les pistes cyclables, pour ne citer qu’elles. Dans tous les cas, on vous déconseille d’acquérir des engins comme le V20Pro.

Déjà, parce que leur vitesse de 45 km/h n’est pas adaptée à la densité de cyclistes sur les pistes cyclables, lesquelles sont parfois très étroites et moyennement bien adaptées aux environnement urbains. Aussi, parce le risque d’amende est réel, et qu’un rappel pur et dur de ces deux-roues pourrait être envisagé si l’on considère leur configuration comme illégale.


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