« Une pénurie extrême » : un nouveau risque plane sur les voitures électriques en Europe

 
Après les semi-conducteurs, un autre élément indispensable à la fabrication des voitures électriques pourrait manquer. Il s’agit des terres rares, qui sont utilisées dans la fabrication des moteurs.
Volkswagen ID.4

Depuis plusieurs années, l’industrie automobile est confrontée à des défis majeurs. Cela avait notamment démarré avec l’épidémie de Covid-19, qui avait notamment engendré une forte baisse des ventes. La faute à la fermeture des concessions et des usines. Ce qui avait eu aussi un effet sur la production de pièces indispensables aux autos, à savoir les semi-conducteurs. Aujourd’hui, ce problème est cependant résolu.

Une nouvelle pénurie à venir ?

Ensuite, de nombreux spécialistes avaient tiré la sonnette d’alarme au sujet d’une potentielle pénurie de lithium. Il s’agit pour mémoire d’un matériau indispensable à la fabrication des batteries de voitures électriques. Or, le risque est en réalité très faible, puisque de nombreux gisements ont été découverts. De plus, le recyclage des accumulateurs usagés se développe, réduisant la demande. Mais ce n’est pas tout, car le marché pourrait devoir faire face à un nouvel obstacle. Car une nouvelle pénurie pourrait menacer l’industrie.

C’est ce qu’explique le site allemand Automobilwoche, qui tire la sonnette d’alarme. Désormais, ce sont les terres rares qui pourraient venir à manquer, et ce à très court terme. Ces dernières sont indispensables, entre autres, à la fabrication des moteurs électriques. Contrairement à ce que leur nom laisse penser, elles ne sont pas si rares que cela, mais elles sont en revanche très difficiles à extraire. De plus, ce procédé est également très polluant, comme nous l’avions expliqué dans un précédent article.

Peugeot E-208 // Source : Jean-Baptiste Passieux – Frandroid

Mais quelle est la raison de cette potentielle pénurie, qui pourrait ralentir encore la progression du marché de l’électrique ? Il s’agit tout simplement d’une volonté politique de la part de la Chine. Il s’agit en effet du principal pays exportateur de ces terres rares. Or, celui-ci a décidé de mettre en place des restrictions très sévères à l’exportation en représailles de la politique menée par Donald Trump et de ses droits de douane particulièrement punitifs. Problème : comme le précise Numerama, l’Empire du Milieu contrôle actuellement l’extraction de 90 % des terres rares dans le monde.

Et ce n’est pas tout, car le pays est aussi en charge de toutes les étapes de leur traitement, avant qu’elles n’arrivent dans nos voitures. Ainsi, en réponse aux mesures annoncées par le président des États-Unis, la Chine avait décidé de mettre de place des restrictions dès le mois d’avril sur sept matières premières indispensables. Parmi elles, le néodyme, utilisé dans la grande majorité des moteurs électriques synchrones. Désormais, il faut un permis pour avoir le droit d’importer ces matériaux, et ce dernier peut être bloqué du jour au lendemain.

Un impact dévastateur

Selon certains experts, les constructeurs n’auraient que quelques semaines de stock avant de manquer de ces matériaux. Et la conséquence est évidente : la production de voitures électriques pourrait être mise à l’arrêt. Ce qui aurait évidemment un impact dévastateur sur les marques, qui doivent se relever après une année 2024 difficile. Mais ce n’est pas tout. Car en suivant le système de l’offre et de la demande, les prix des terres rares vont fortement augmenter. À vrai dire, cela a même déjà commencé. Certaines ont vu leur tarif grimper de 40 à 50 % en seulement quelques mois.

Moteur à flux axial de Mercedes-Benz // Source : Mercedes-Benz

« La situation est encore plus grave que lors de la crise des semi-conducteurs de 2021. Il y a une pénurie extrême et aucune alternative n’est actuellement en vue », explique Christian Grimmelt, partenaire du cabinet de conseil en gestion Berylls by AlixPartners, tout en indiquant que, si rien ne change, « les derniers stocks seront probablement épuisés d’ici [mi-juin]. Il faudra alors arrêter une partie de la production ».

Et ce alors que les exportations depuis la Chine ont cessé depuis un mois déjà. Et les stocks pourraient être vides d’ici à six semaines maximum, puisque l’industrie automobile fonctionne constamment en flux tendu. Selon les spécialistes, la situation serait encore plus inquiétante que lors de la crise des semi-conducteurs. D’autant plus que cette pénurie ne concernerait pas uniquement les voitures électriques. Ces matières premières sont aussi utilisées dans les modèles thermiques, que ce soit pour la direction assistée, les capteurs, les systèmes de climatisation ou même de dépollution.

Renault 4 E-Tech // Source : Renault / DPPI

Ainsi, même si Renault équipe sa gamme électrique de moteurs sans terres rares, il pourrait aussi être impacté par cette décision de la Chine. Résultat, et comme pour tous les autres constructeurs, le prix des autos pourrait fortement augmenter au cours des prochains mois. Mais pour le moment, ces derniers restent mutiques et aucun ne s’est réellement exprimé sur la situation. Or, il n’existe actuellement aucune alternative, puisque la filière de l’extraction des terres rares n’est pas développée en Europe.


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