Nous avons vu les Astraux AL6 et AL7 à l’IFA : ces microvoitures veulent ringardiser la Citroën Ami

À l’IFA 2025, au milieu des aspirateurs robots et des vidéoprojecteurs, une petite voiture jaune attire l’attention. Astraux, nouvelle marque chinoise, financé par un fonds de Dubai, a choisi ce salon tech plutôt que le salon de l’automobile de Munich pour se lancer. Un positionnement qui en dit long sur leur approche : ces microvoitures se veulent avant tout des objets tech sur roues.

La stratégie d’Astraux cible un segment encore restreint mais en croissance : les quadricycles électriques légers. En Europe, ce marché représente environ 90 000 véhicules par an, dominé par la Citroën Ami, les Ligier, Fiat Topolino, Mobilize Duo ou encore la Microlino. Un secteur moins encombré que l’automobile traditionnelle, avec un potentiel d’expansion intéressant.

L’Astraux AL6, clairement inspirée par l’univers des Minions avec son design rond et ses couleurs pétillantes, se décline en jaune citron et gris titane.

Une dotation technique qui surpasse la concurrence

L’avantage principal d’Astraux face à la Citroën Ami est dans sa dotation technique supérieure pour un prix inférieur.

Toutes les versions embarquent de série la climatisation réversible (chauffage et rafraîchissement), ce qui est inexistant ou en option chez la concurrence.

L’autonomie est l’autre argument. Là où l’Ami plafonne à 75 km, l’AL6 annonce 95 km en version de base et 180 km sur les versions Pro et Ultra. Cette autonomie de 180 km place Astraux parmi les leaders du segment.

La gamme se structure en trois niveaux : AL6 standard (95 km d’autonomie), AL6 Pro et AL6 Ultra (180 km). Toutes bénéficient du toit panoramique, de la climatisation et de plus de 10 espaces de rangement astucieusement disposés. Les versions supérieures ajoutent CarPlay, écran central, recharge sans fil et connectivité avancée.

Caractéristiques techniques : du classique

Techniquement, l’AL6 respecte les contraintes réglementaires des quadricycles L6e : vitesse limitée à 45 km/h, moteur de 5 kW, dimensions compactes de 2322 × 1295 × 1705 mm. Ces mensurations permettent de garer deux AL6 sur une place de stationnement standard, argument pratique en ville.

La batterie lithium fer phosphate (LFP) promet plus de 3000 cycles de charge et résiste à la perforation. Le système de gestion batterie (BMS) surveille tension, courant et température avec trois niveaux de protection. On a une prise de type 2, et la marque annonce une recharge rapide (2h pour 100 %).

Côté sécurité, Astraux revendique une structure monocoque renforcée, rare dans cette catégorie dominée par les châssis tubulaires. La version Ultra ajoute des capteurs de recul, fonctionnalité souvent absente chez les concurrents. On a aussi un mode sentinelle qui surveille le véhicule 24h/24 avec enregistrement HD, façon Tesla.

Astraux pousse même le concept jusqu’aux accessoires avec un vidéoprojecteur portable en option. L’idée ? Transformer votre microvoiture en cinéma mobile grâce à une toile déployable. Stationnez-vous dans un joli coin, sortez l’écran, lancez le projecteur et voilà votre séance ciné privée.

L’approche commerciale est différente

Astraux a aussi changé les codes de distribution. Pas de concessions traditionnelles, mais des corners dans les centres commerciaux, des partenariats avec des chaînes d’électronique et même des agents indépendants.

Les prix s’avèrent attractifs : AL6 à partir de 5990 euros en tarif early bird (6990 euros ensuite), AL6 Pro à 6990 euros (7990 euros) et AL6 Ultra à 7990 euros (8990 euros). Ces tarifs sont en frontale avec la Citroën Ami vendue 8000 euros dans sa version la plus dépouillée.

La réservation ne coûte que 9,90 euros entièrement remboursables, avec 1000 euros de remise pour les 48 premières heures.

La crédibilité et la durabilité

Plusieurs interrogations me trottent dans la tête après cette présentation. D’abord, l’absence de voiture de série réelle à l’IFA 2025. Seuls des prototypes et supports marketing étaient visibles, avec des livraisons annoncées pour mars 2026. Un délai qui laisse largement le temps aux concurrents établis de réagir et ajuster leurs gammes.

La stratégie de distribution, séduisante sur le papier, devra faire ses preuves face aux réalités du service après-vente automobile. Réparer une microvoiture dans un corner de centre commercial, ça pose des questions pratiques légitimes. Où trouve-t-on les pièces détachées ? Qui forme les techniciens ?

Le positionnement prix, très agressif, soulève aussi des interrogations sur la rentabilité et la qualité finale. Proposer plus d’équipements que la concurrence pour moins cher, c’est l’éternel défi chinois. Mais attention aux compromis cachés sur la finition ou la durabilité.

Et une gamme AL7 plus ambitieuse

Astraux prépare également une gamme AL7 (quadricycles L7e) plus puissante : 90 km/h maximum, moteur 10 kW, autonomie 150 km. Ces versions nécessitent le permis B et intègrent airbag conducteur, ABS, EBD et direction assistée électrique. L’AL7 Ultra ajoute même un drone embarqué avec décollage automatique en option à plusieurs milliers d’euros.

Cette montée en gamme vise les modèles premium comme certains Ligier ou la Microlino, avec des prix de 7990 à 12990 euros. L’intégration d’un drone est une première mondiale sur ce segment, toujours dans l’esprit tech d’Astraux. Reste à voir l’utilité réelle de cette option en usage quotidien.

Bref, Astraux est une tentative intéressante de disruption du marché des microvoitures électriques. Leur approche tech, leurs prix agressifs et leur dotation généreuse pourraient bousculer un segment encore naissant. Reste à voir si cette offensive tiendra ses promesses face aux réalités industrielles et commerciales européennes. Les livraisons de 2026 nous le diront.

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