« RESourceEU » : face au risque de pénurie, l’Europe veut tourner le dos à la Chine (mais est-ce que ce sera suffisant ?)

 
Alors qu’un risque de pénurie de terres rares plane sur l’Europe et pourrait plomber le marché de la voiture électrique, la Commission veut agir. Elle prévoit la création d’un vaste plan, afin de réduire notre dépendance à la Chine.

Même si les choses changent tout doucement, l’industrie de la voiture électrique est encore très largement dominée par la Chine. C’est là-bas qu’une grande partie des autos sont produites, mais pas seulement. En effet, les batteries sont aussi pour l’écrasante majorité fabriquées dans l’Empire du Milieu.

Vers la fin de la dépendance ?

Et pour cause, ce sont deux entreprises chinoises, CATL et BYD qui dominent de très loin le secteur. Ce n’est pas tout, car Pékin a aussi la mainmise sur l’extraction, la transformation et les exportations de terres rares. Ces matériaux sont aujourd’hui indispensables pour la fabrication de la quasi-totalité des moteurs de voitures électriques. S’ils ne sont en fait pas si rares que cela, leur extraction est très complexe et surtout polluante. Et surtout, elle est entièrement assurée par la Chine, ce qui lui confère un pouvoir immense.

Problème ? Elle a mis en place des restrictions depuis le mois d’avril 2025 sur les exportations. Désormais, les pays doivent avoir un permis pour avoir le droit d’importer ces matériaux, et celui-ci peut être bloqué à tout moment. Ainsi, un important risque de pénurie plane depuis des mois sur l’Europe. Et cette situation commence sérieusement à agacer la Commission, qui a décidé d’agir. Le but ? Réduire notre dépendance à l’Empire du Milieu, notamment sur tout ce qui concerne la voiture électrique.

Cristal de bastnäsite-cérium. Crédit : ButtShark // Wikimedia Commons

Car même sans aller jusqu’à une pénurie complète, le prix des terres rares a fortement flambé depuis plusieurs mois, avec une hausse de 40 à 50 %. Ce qui se répercute évidemment dans le tarif payé par les clients. Mais comment veut procéder Bruxelles ? Et bien voilà que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, vient d’annoncer la création d’un nouveau plan. Baptisé « RESourceEU », ce dernier est en fait une déclinaison du plan « REPowerEU ».

Ce dernier avait été mis en place au début de la guerre en Ukraine, afin de réduire les importations de combustibles fossiles russes. Désormais, c’est contre la Chine que l’Europe a donc une dent. Mais pour le moment, Bruxelles ne donne pas beaucoup de détails sur la mise en œuvre de son nouveau plan pour les voitures électriques. Von der Leyen affirme cependant que ce dernier sera sur le même modèle que l’initiative REPowerEU. Cette dernière visait la réduction des importations de gaz et de pétrole.

Trois axes prévus

Chaque pays devait présenter des mesures concrètes pour agir. Et ce sera sans doute la même chose pour l’électrique, mais pas seulement. En fait, le plan de l’Union Européenne devrait s’articuler autour de trois axes distincts. Le premier concerne le développement du recyclage, qui s’accélère déjà au fil des années. En effet, Ursula Von der Leyen rappelle que « certaines entreprises peuvent recycler jusqu’à 95 % des matières premières critiques contenues dans les batteries ». En réutilisant les matériaux de packs hors service, il est moins nécessaire de dépendre des importations.

Et ce n’est pas tout, car Bruxelles souhaite aussi accélérer le développement de sites d’extractions sur son territoire. Mais elle veut aussi que les matières premières soient transformées directement sur place. La Présidente de la Commission souligne que « nous stimulerons les investissements dans des projets stratégiques pour la production et la transformation de matières premières critiques ici en Europe ». Enfin, elle souhaite développer ses partenariats avec d’autres pays riches en ressources, afin de se passer le plus possible de la Chine.

Des oxydes de terres rares. Crédit : Wikimedia Commons.

Pour mémoire, cette dernière assure actuellement pas moins de 90 % de la production mondiale de terres rares. Mais l’Europe veut désormais se tourner vers l’Australie, l’Indonésie ainsi que le Canada et le Kazakhstan, qui possèdent aussi des mines. C’est aussi le cas du Chili, de l’Ukraine et du Groenland.

Von der Leyen rappelle qu’« il s’agit d’un écart par rapport à la prudence traditionnelle de l’Europe, mais le monde auquel nous sommes confrontés aujourd’hui valorise la rapidité, et non l’hésitation ». Reste à savoir si cette initiative portera ses fruits, alors que la Chine prend de plus en plus de place en Europe


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