Pourquoi les voitures électriques vont devenir nos boucliers anti-blackout

 
Les voitures électriques ont un avantage indéniable sur les essence et diesel. En cas de coupure de courant massive (blackout), elles sont capables de rétablir le courant au niveau national. Une technologie encore méconnue, mais qui va révolutionner notre quotidien.
Les bornes HYC400 // Source : Ionity

La scène a de quoi faire frissonner : le 28 avril dernier, une panne massive d’électricité plongeait l’Espagne et le Portugal dans l’obscurité pendant près de 24h. Jusqu’à 55 millions de personnes ont été affectées par cet incident spectaculaire, attribué à une cascade de défaillances sur le réseau de transport d’électricité.

De nombreuses personnes ont raillé les voitures électriques : comment traverser le pays sans pouvoir recharger sa voiture ? Précisons qu’une station service ne peut pas délivrer du carburant sans électricité non plus. Étonnamment, les voitures électriques auraient pu limiter les effets de ce blackout géant.

L’avantage des voitures électriques

Plusieurs experts ont souligné qu’une flotte connectée et bien équipée aurait pu limiter les dégâts. Comment ? Grâce à une technologie que l’on connaît encore mal en France : le Vehicle-to-Grid, ou V2G.

Derrière cet acronyme se cache une idée toute simple de la recharge bidirectionnelle : permettre aux voitures électriques de restituer de l’énergie au réseau lorsqu’il en a besoin. Un concept déjà expérimenté à grande échelle à Canberra, en Australie, où les batteries roulantes ont aidé à stabiliser le réseau après des tempêtes destructrices.

Imaginez un instant : des milliers de voitures électriques branchées sur des bornes bidirectionnelles, capables de réinjecter du courant dans les foyers voisins pendant une coupure. Ce qui semble aujourd’hui relever de la science-fiction est en fait déjà une réalité très concrète.

Et Renault s’en mêle avec la R5

Cette technologie est déjà disponible en France depuis quelques mois, grâce à la nouvelle Renault 5 électrique. Une première dans l’Hexagone : c’est la première voiture électrique grand public vendue en France à être pleinement compatible V2G.

Renault ne s’est pas contenté d’un effet d’annonce. Grâce à une collaboration avec les gestionnaires de réseau et une infrastructure technique adaptée, la R5 peut déjà réellement réinjecter de l’énergie dans le réseau, contribuant à lisser les pics de consommation ou à limiter les coupures.

Renault 5 E-Tech Electric // Source : Renault

Mieux encore : le constructeur prévoit un service de pilotage intelligent de la recharge, capable de vous faire économiser sur votre facture d’électricité en optimisant les heures creuses… voire en vous rémunérant pour votre énergie restituée.

La Renault n’est pas la seule voiture compatible, on peut également citer la nouvelle Mercedes CLA.

Un potentiel sous-exploité en Europe

L’Europe, pourtant à la pointe de l’électrification automobile, accuse un certain retard sur le V2G. Les Pays-Bas avancent à petits pas – Utrecht teste déjà des bornes bidirectionnelles – mais l’Hexagone restait à la traîne. Jusqu’à maintenant. Car avec l’arrivée d’un modèle aussi emblématique et accessible que la R5 électrique, c’est tout un écosystème qui pourrait s’enclencher.

Cela dit, des défis demeurent : l’infrastructure bidirectionnelle coûte cher, les normes européennes restent hétérogènes, et les utilisateurs doivent être accompagnés dans ce changement de paradigme.

Transformer les bornes en boucliers énergétiques

Une borne bidirectionnelle n’est plus seulement un point de recharge, mais un relais de secours. Dans certains cas, elle pourrait même remplacer des groupes électrogènes polluants. À terme, les hubs de recharge – comme ceux que Tesla ou Ionity multiplient le long des autoroutes – pourraient fonctionner comme de véritables centrales décentralisées. C’est déjà ce qu’anticipent les Pays-Bas, avec un projet de bornes publiques intelligentes.

Associés à des batteries stationnaires ou à des panneaux solaires, ils deviendraient des nœuds stratégiques du réseau. Mieux encore : certains projets explorent déjà le Vehicle-to-Home (V2H), où votre voiture alimente directement votre maison en cas de coupure. C’est le cas de Tesla avec son Cybertruck par exemple.

Ce type de technologies arrive à point nommé, puisqu’elles seront capables de gommer le principal inconvénient des énergies renouvelables (panneaux solaires et éoliennes) : le manque de pilotage et de stockage.


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