« Nous n’abandonnons pas la lutte pour la protection de la vie privée » : L’exil de Proton face aux craintes de surveillance de masse

 
Ce n’est pas la première fois qu’un fournisseur de VPN menace de se retirer d’un marché pour contester une loi jugée liberticide, c’est toutefois rare que ces menaces soient mises à exécution. Ce que vient de faire Proton qui craint l’entrée en vigueur d’une loi autorisant une « surveillance de masse » en Suisse.

C’est un feuilleton qui agite le monde des VPN depuis quelques mois. En mai dernier, Andy Yen, PDG du groupe Proton, faisait déjà savoir que l’entreprise pourrait être contrainte de quitter la Suisse. La cause, une loi de surveillance des données que le chef d’entreprise juge « presque identique à celle en vigueur aujourd’hui en Russie » est débattue dans la chambre législative helvétique.

Nous serions moins confidentiels en tant qu’entreprise en Suisse que Google aux États-Unis.

Andy Yen, PDG du groupe Proton

Il y a quelques semaines, dans une interview exclusive accordée au Temps, Andy Yen annonçait geler ses investissements en Suisse et injecter 100 millions de francs suisses dans des centres de données en Allemagne et en Norvège. Le divorce est consommé entre la Suisse et Proton qui a récemment annoncé délocaliser la majorité de ses infrastructures dans une interview accordée à CyberInsider.

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Un départ forcé par les incertitudes juridiques

Le groupe Proton a ainsi confirmé déménagé la majeure partie de ses infrastructures et produits hors de Suisse face aux « incertitudes juridiques » qui pèsent sur la protection des données personnelles. « Lumo sera le premier produit à partir » a déclaré le groupe à notre confrère de CyberInsider. L’assistant IA mis au point par Proton pourrait prendre ses quartiers en Allemagne ou en Norvège, autres pays où le respect de la vie privée est un droit fondamental.

Le groupe n’a pour le moment pas encore communiqué la date de départ et la nouvelle destination des autres services du groupe.

Pour le moment, le siège social ainsi que les activités opérationnelles, d’investissements et de lobbying demeurent à Genève. Proton, qui faisait de son établissement en Suisse un argument marketing, est contraint de changer son fusil d’épaule maintenant que la Confédération rompt avec sa tradition du respect de la vie privée que l’on pensait jusqu’alors intangible.

Il est important de souligner que nous n’abandonnons pas la lutte pour la protection de la vie privée en Suisse et que nous continuerons à nous opposer aux propositions préjudiciables. […] Notre utilisation du chiffrement de bout en bout et notre politique de non-conservation des logs restent des garanties pour la protection de la vie privée des utilisateurs.

Proton

Une décision forte, et malheureusement inéluctable. Ce n’est pas la première fois que les VPN sont le bouc émissaire des institutions en Europe. En France, plusieurs fournisseurs de VPN ont été assignés en justice par Canal+ et la LFP afin de les intimer à bloquer l’accès aux sites de streaming illégal. Il y a presque deux ans, l’interdiction des VPN a même été débattue au sein de l’Assemblée Nationale.

En ce moment, c’est vers le Royaume-Uni que tous les regards sont dirigés. L’explosion de l’usage des VPN suite à l’entrée en vigueur du Online Safety Act (+1 400 %) pourrait mener à d’autres lois contraignantes pour les fournisseurs.

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