« Les chèques n’étaient pas encaissés » : au bord de la faillite, Fisker perd la trace de plusieurs millions de dollars

Les voitures électriques Fisker vendues en France vont mal, très mal. Dernier épisode en date : le constructeur automobile aurait perdu la trace de plusieurs millions de dollars. En cause : des chèques de clients pas encaissés à temps ou tout simplement perdus. Un problème qui n'est que la face visible de l'iceberg.

Si vous suivez un peu l’actualité automobile, vous devez sûrement savoir que le constructeur automobile Fisker, qui vend sa voiture électrique, le Fisker Ocean, en France, est dans une posture très délicate. Le constructeur est au bord de la faillite et les mauvaises nouvelles s’enchaînent ses derniers jours.

Des millions de dollars introuvables

Une enquête réalisée par le média américain Techcrunch nous apprend que le constructeur automobile américain aurait perdu la trace de plusieurs millions de dollars. En cause : de nombreux clients seraient repartis avec la voiture flambant neuve, sans payer. Ou plutôt, en laissant un chèque qui n’a jamais été encaissé, ou avec un moyen de paiement expiré.

Des salariés de l’entreprise annoncent ainsi que « les chèques n’étaient pas encaissés à temps, ou tout simplement perdus » alors qu’un autre ajoute « on avait souvent du mal à trouver les chèques, les reçus de cartes bancaires et les informations de paiement plusieurs mois après qu’une voiture soit vendue ».

Selon des sources proches du dossier, le manque à gagner se compterait en plusieurs millions de dollars. Fisker a dû mettre en place une équipe dédiée pour retrouver la trace de ces paiements manquants, et relancer les clients le cas échéant. Une tâche ingrate, qui a nécessité la mise en place d’un audit. Démarré en décembre, celui-ci a duré plusieurs mois.

Des comptes impossibles à réaliser

En plus de cet audit interne, le constructeur américain a diligenté la firme PwC pour réaliser un audit externe dans le but d’élaborer les dossiers financiers légaux, comme les bilans. L’entreprise spécialisée dans cette tâche aurait, selon des sources préférant rester anonymes, eu du mal à mettre la main sur les bons documents. Parfois même, Fisker annonçait ne pas être en possession des informations fiscales et financières nécessaires.

En cause : des dossiers pas forcément complets lors des ventes et parfois envoyés à des endroits différents. Impossible, ensuite, de les centraliser au niveau du siège mondial de l’entreprise. Dit autrement, Fisker n’avait ni les compétences ni les process en interne pour réaliser les comptes de l’entreprise pour reprendre les termes des sources proches du dossier.

À tel point que l’entreprise ne saurait pas avec certitude combien d’argent, elle aurait dégagé en 2023 avec la vente de ses voitures électriques. Ce qui serait l’une des raisons pour lesquelles Fisker n’aurait pas encore publié son bilan financier 2023.

Des clients qui ne peuvent pas immatriculer leurs voitures

Mais les problèmes vont encore plus loin. Fisker aurait été dans l’impossibilité, pour certains clients, de réaliser les demandes d’immatriculation à temps. Ces clients ont donc roulé, pendant plusieurs mois, avec des plaques d’immatriculation temporaires. Et ils ont alors été obligés de demander à Fisker le renouvellement de celles-ci. D’autres clients ont dû attendre l’immatriculation de leur voiture alors que celle-ci était prête à être livrée.

Le constructeur a embauché des consultants en février 2024 pour mettre fin à ces problèmes d’immatriculation. Mais l’enquête précise que « le travail était immense, l’équipe a dû travailler sur certaines commandes qui dataient d’août 2023 ».

Pour le moment, Fisker a mis en pause la production de sa voiture électrique. Mais l’entreprise vend encore son SUV Ocean. Aux États-Unis, il est même possible de l’acheter avec une énorme remise de 24 000 dollars. Une affaire trop belle pour être vraie ? Sûrement.